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Un convoi depuis Genève pour la manif No TAV en Maurienne
Organisé conjointement par les Soulèvements de la Terre et le mouvement No TAV, un grand rassemblement se déroulera cette fois-ci côté français en Maurienne (Savoie). Alors que le mouvement a su rassembler 75’000 personnes en 2012 dans le Val Susa, une lutte internationale est nécessaire pour l’abandon d’un projet stupide et destructeur.
Du côté italien, les trente années de mobilisation ont su rassembler et construire une lutte d’ampleur, intergénérationnelle et combative. Ce 17 juin, nous espérons être nombreux.ses pour enfin obtenir l’abandon des 160 kilomètres de tunnels entre l’Italie et la France.
Pour s’y rendre, nous organisons un convoi au départ de Genève afin de permettre à toutes les personnes souhaitant y aller de s’y rendre avec nous !
Vous pouvez nous écrire sur geneve-convoi-notav@riseup.net pour indiquer votre nombre de places disponibles/le nombre de places recherchées.
Elles seront relayées sur le canal Telegram suivant : https://t.me/geneve_convoi_notav
Barrons-leur la route !
Et comme disent les No TAV, "a sarà dura !
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Événement de présentation à Genève
Une présentation sur le mouvement No TAV et la manif du 17 juin aura lieu le mardi 6 juin à 18h30 à l’Écurie, 14 rue de Montbrillant, 1201 Genève (org : Silure).
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Groupe Telegram d’infos pour le 17 juin
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Vidéo d’appel à manif 17.06 (Soulèvements de la terre)
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Appel issu du site des Soulèvements de la terre :
Pour que ce projet ne voit jamais la lumière au bout du Tunnel !
Depuis plus de 30 ans, un projet de chantier ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les Massifs Alpins, anime l’imaginaire mégalo et détraqué du consortium TELT, « Tunnel Euralpin Lyon Turin » allié de décisionnaires politiques « visionnaires » et de groupes tels que Vinci Bouygues ou Eiffage. Bien que le transport de marchandises stagne depuis 1994, que la ligne existante ne soit utilisée qu’à 20% de sa capacité de fret, TELT envisage de creuser 11 tunnels, dont le plus grand d’Europe, le « Tunnel de Base » de 57km. Et tout cela pour faire gagner aux voyageur.se.s et aux marchandises seulement 1h25 entre Paris et Milan. Une façon simple de s’assurer des décennies de chantiers juteux, propulsés par plus de 30 milliards d’argent public.
Un programme de destruction massif (Alpin)
Aujourd’hui, dans la vallée de la Maurienne et en Val di Susa, les travaux préparatoires du tunnel de base ont débuté. Déjà, des dizaines de sources drainées par les machines ont tari ou perdu du débit, des nappes phréatiques ont été percées, 1500 hectares de terres agricoles seront artificialisées. Tout ça pour mettre en place les zones de chantiers, entreposer les millions de mètres cubes de gravats arrachés à la montagne, ouvrir les centrales à béton et les carrières nécessaires à l’extraction des matériaux et à la construction des tunnels.
Contre le Lyon-Turin, une mobilisation franco-italienne
Depuis une dizaine d’années, en France, collectifs et associations se mobilisent pour montrer le non sens absolu de ce projet. Mais cette lutte dépasse les frontières ! En Italie, le mouvement populaire NO TAV se bat depuis 30 ans pour préserver sa vallée, ses montagnes et la vie qui y foisonne et ce malgré une violente répression et une drastique militarisation des territoires. Mobilisations à 70 000 personnes, blocages de chantiers, construction de lieux de vie communs sur ou à proximité des chantiers le mouvement italien a réussi à ralentir la course effrénée de ce projet archaïque ! Avant le début du forage du tunnel de base, mettons un coup d’arrêt à ce projet, avant que travaux et dégâts engendrés ne soient irrémédiables !
Retrouvons-nous en masse le week end du 17/18 juin dans la vallée de la Maurienne, pour une manifestation internationale déterminée !
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Courte chronologie de la lutte No TAV
(repris de Collectif Mauvaise troupe, Contrées. Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa, Paris : Ed. de l’Eclat, 2016).
À l’aube des années 90, les habitants de la val Susa apprennent qu’ils sont un « maillon manquant » sur le « corridor 5 », un projet de liaison TGV entre Lisbonne et Kiev. Sur le tronçon Lyon-Turin, le projet implique le percement d’un tunnel de 57 km reliant la vallée de Susa à celle de la Maurienne.
1990 / 2002 – Les prémices de la lutte
À partir de 1991, un important travail d’information sur les méfaits du TAV est réalisé dans la vallée. Grâce à celui-ci et à la forte implication des maires, dès 1996 les manifestants NO TAV se comptent par milliers. En 1996-1997, une première série de sabotages est menée contre du matériel lié au TAV, contre l’autoroute et des antennes relais. Au printemps 1998, trois personnes sont arrêtées sous régime antiterroriste pour ces actes, deux d’entre elles, Sole et Baleno, se suicident. Les accusations à leur encontre s’écrouleront par la suite. À la fin des années 90, les premiers comités No TAV sont créés et les campings estivaux commencent dans la vallée, et se poursuivent jusqu’à nos jours.
2003 / 2005 – Premières batailles populaires
Dès 2003 des initiatives No TAV prennent pour cible les premiers forages qui commencent dans la vallée. C’est à cette occasion que les emblématiques presidi, ces cabanes occupant et défendant les lieux des forages, commencent à fleurir dans la vallée.
La bataille de Seghino : Le 31 octobre 2005, de l’aube à la tombée du jour, les No TAV empêchent les forces de l’ordre de s’emparer d’un site de forage. Durant la nuit, ceux-ci rompent leur promesse de se retirer si les No TAV en faisaient autant et escortent la foreuse jusqu’au lieu des travaux. En réaction, le lendemain matin, les routes et les gares de la basse vallée sont bloquées. L’État italien place le versant de la montagne où travaille la foreuse sous occupation militaire.
La libre république de Venaus : Un mois plus tard, un presidio permanent est bâti à Venaus où doit commencer le chantier du tunnel d’exploration. Le lendemain matin, la police s’installe sur des terrains voisins et contrôle les routes alentour. Le presidio reste cependant occupé. Mais le 6 décembre, les forces de l’ordre mènent un raid nocturne causant de très nombreux blessés chez les No TAV. À nouveau dès le lendemain matin, les habitants bloquent l’autoroute, les nationales, la voie ferrée. Des barricades sont érigées partout jusque dans les plus petites rues des villages, et une grève générale est déclenchée. Le 8 décembre, un cortège de 70.000 personnes conflue sur les terrains de Venaus d’où elles chassent les troupes d’occupation.
2006 / 2010 – L’entracte
Suite à cette incroyable victoire, le statu-quo sur le terrain va durer 5 ans, durant lesquels le mouvement va continuer un travail de fond. En face, des tractations politiques sont entamées avec les élus de la vallée pour les éloigner du mouvement. « L’observatoire » est créé pour aménager le projet et proposer des compensations. Le projet est remanié, puis relancé en 2010.
2010 / 2011 – L’empire contre-attaque
Une nouvelle campagne de sondages commence : 96 devaient être réalisés dont 36 dans la vallée ; en réalité, seuls 5 seront menés à bien. La multiplication des lieux à défendre entraîne la multiplication des presidi. Le 22 mai 2011, les NO TAV s’installent à la Maddalena, le site où doivent commencer les travaux du nouveau tunnel exploratoire. Derrière les barricades, la « Libre république de la Maddalena » voit le jour : campement, territoire autonome, espace de fêtes et de débat. Le 27 juin, 2500 policiers viennent mettre fin à ces 35 journées inoubliables. Ils construisent rapidement un fortin dans lequel ils se barricadent. Le 3 juillet, 70.000 personnes tentent de reproduire l’exploit de Venaus et de reprendre la place, en vain. Jusqu’à la fin de l’année, un nombre incalculable de marches, attaques, et initiatives diverses maintiendront la pression sur ce qui n’est encore qu’un « non-chantier ».
2012 – La vallée est partout
L’année commence avec la rafle, le 26 janvier, d’une quarantaine de No TAV dans toute l’Italie ; l’opération policière concerne les affrontements du 27 juin et du 3 juillet. La solidarité est immédiate et massive. Le 25 février, une manifestation de 75.000 personnes marche de Bussoleno à Susa et affirme : « Nous sommes tous des black blocks ! »
Deux jours plus tard, à l’aube, pour étendre le périmètre du chantier, la police attaque la Baïta, une maisonnette construite par le mouvement. C’est au cours des affrontements que Luca est grièvement blessé, foudroyé en tentant d’échapper à un policier qui voulait le déloger du pylône électrique où il s’était réfugié. Immédiatement, l’autoroute est occupée et de nombreuses barricades bloquent les axes de circulation de la vallée durant trois jours. De nombreuses actions de solidarité sont menées partout en Italie. Quelques jours plus tard, Luca sort du coma.
2013 / 2015 – Sabotages et procès
Les procédures judiciaires se multiplient, 1000 procès sont en cours contre des habitants du val Susa. Le 13 mai 2013, lors d’une attaque nocturne, un groupe parvient à pénétrer dans l’enceinte du chantier et à incendier une génératrice. Jusqu’à l’automne 2013, de nombreux sabotages sont menés dans le Val Susa contre des entreprises participant au chantier du TAV. En décembre 2013, puis en juillet 2014, sept personnes sont arrêtées sous procédure anti-terroriste pour le sabotage de la nuit du 13 mai. L’assemblée No TAV revendique la pratique du sabotage, et plus particulièrement celui-ci, au travers le slogan « cette nuit là nous y étions tous ! » Une grande campagne de solidarité est menée dans toute l’Italie.
Les sept sont condamnés à des peines fluctuant entre 34 et 42 mois de prison. Les accusations de terrorisme sont abandonnées et ils sont placés en arrestation domiciliaire. Courant décembre 2014, des sabotages frappent les voies ferrées italiennes à Bologne et Florence. Un mois plus tard, au cours du maxi-procès pour les journées de 2011, 47 inculpés No TAV sont condamnés à plus de 140 années de prison et des centaines de milliers d’euros de dommages et intérêts. La question de comment faire face à cette pluie d’amendes et de condamnations devient un enjeu majeur du mouvement.