C’est avec génie et force inépuisable que ce grand cinéaste prolifique et indomptable réalise une soixantaine de films entre les années 70 et 90, fauché dans son élan par une mort accidentelle. Un des militants les plus connus contre la dictature de Ferdinand Marcos, il voit son pays sombrer dans la corruption, être pillé, subissant les abus de la loi martiale, et les dérives d’une société nécrosée par une politique viciée. Son arme pour lutter est irrévocablement le cinéma.
C’est avec un regard aiguisé et critique, qu’il sonde les différentes classes de sa société contemporaine, des bidonvilles aux grandes familles des haciendas, des ouvrier.ères à la classe moyenne, il n’hésite pas à descendre dans les entrailles des structures sociales comme il mettra au jour les vicissitudes des “macho dancers” gays des méandres nocturnes de la capitale interlope.
Lino Brocka brode avec brio les entrelacs du mélodrame pour éveiller les âmes de son peuple qui voit dans les sentiments mis à nus des personnages, un tremplin pour leurs revendications politiques. Ses scénarios et sa mise en scène dissèquent les émotions tourmentées et révoltées qui touchent toutes les strates de la société.
Dans le grouillement de Manille, Lino Brocka transforme la cruelle réalité socio-économique du peuple en héros.héroïnes cinématographiques réagissant face à l’oppression et à l’exploitation.
Ses images aux couleurs vivifiantes et ses intrigues captivantes brûlent alors dans les ténèbres sociales de son époque. Nous voulons dans cette sélection rendre hommage à ce cinéaste trop peu connu du grand public européen pour que le feu ardent de Lino Brocka ne s’éteigne jamais et qu’il nous embrase.
Manille, Insiang, Bona, Cain et Abel, Bayan Ko et Macho Dancer feront pénétrer l’oeuvre de ce grand cinéaste.