Écologie - Antiindustriel

Dix ans de lutte contre le fracking en Haute-Sorne

Des nouvelles sur la situation actuelle du chantier de géothermie pétrothermale profonde et de la lutte contre le fracking au Jura, avec un résumé des principaux arguments de l’opposition.

Haute-Sorne |

L’été dernier avait lieu un camping pour protester contre la construction d’une centrale électrique à géothermie profonde à Glovelier au Jura. Le camping s’est terminé sur une action lors de laquelle une cinquantaine d’opposant·e·s au projet ont abbatu les clotures et planté un arbre sur le site concerné. Deux manifestations, importantes à l’échelle du canton, ont eu lieu cette année. Les travaux en vue de réaliser les premiers forages ont pourtant commencé en octobre. Que l’on ne s’y trompe pas ! Ce projet s’inscrit dans la lignée des grands projets inutiles, nocifs pour l’environnement et dangereux pour les habitant.e.s de la région.

Qu’est-ce que la géothermie profonde pétrothermale (GPP) ? L’entreprise Geo-Energie Suisse prévoit d’utiliser la méthode de la fracturation hydraulique (fracking) pour créer des espaces dans le sous-sol. De l’eau pourra alors être injectée via le puits foré, chauffée dans l’espace souterrain (où la température est élevée grâce à la chaleur venant du centre de la terre), puis remontée par un autre puits et utilisée pour produire de l’électricité.
Ce projet s’inscrit donc dans une logique plus « extractiviste » que la géothermie à laquelle on pense en premier, où l’eau chaude remonte jusqu’à la surface. La promesse d’une énergie « illimitée » est mise en avant, soi-disant parce qu’ainsi on pourrait extraire de l’énergie du sous-sol partout, même là où les roches profondes sont sèches. Ceci passerait par une transformation du milieu afin qu’il soit exploitable, en d’autres termes il s’agit de géo-ingénierie. La dénomination de renouvelable est d’ailleurs questionnable, car au bout d’une vingtaine d’années la roche sera trop refroidie pour pouvoir encore produire de l’électricité. Il faudra alors fracturer ailleurs et construire de nouvelles centrales.

En effet, pour arriver en 2050 à produire 7 % de l’électricité nationale grâce à la géothermie, comme le projette la confédération, il faudra construire au moins une centaine de centrales comme celle de Haute-Sorne. Et les habitant·e·s de la Haute Sorne sont très inquiet·e·s des dégâts potentiels sur les habitations, les outils de travail et les infrastructures. Ce projet – dit expérimental – prévoit de fracturer la roche à une profondeur de cinq kilomètres sous terre, selon des méthodes similaires au fracking utilisé pour l’extraction du pétrole et du gaz de schiste. Ce qui risque fort de déclencher des séismes, comme ça a été le cas lors de la plupart des expériences précédentes, notamment à Bâle en 2009 et à Pohang (Corée du Sud) en 2018, deux cas où Géo-Energie Suisse était impliqué. Pour mieux faire passer la pilule, les promoteur·ices parlent dans leurs documents de “stimulation hydraulique” plutôt que de fracking !

Les agriculteur·ices de la région s’inquiètent également. Les ressources en eau sont menacées par le projet. Lors de la fracturation initiale, la consommation en eau sera telle que les autorités sont en train de remodeler le réseau de distribution d’eau et de détourner des sources de leur usage actuel : un bon exemple d’accaparement de l’eau. De plus, les forages et la gestion des boues de forage ne sont pas sans risque de contamination dans cette région karstique où le sous-sol comporte de nombreuses fissures et des circulations d’eau souterraine complexes. Enfin, les puits seront étanchéifiés avec des joints de béton injecté, qui à long terme (après la fin de l’exploitation) vont vraisemblablement se dégrader sous l’effet du temps et des conditions extrêmes à ces profondeurs. Les composés chimiques toxiques naturellement présents dans certaines couches géologiques risquent ainsi de contaminer les aquifères dont dépendent l’agriculture et les écosystèmes de la région.

La lutte contre cette centrale de géothermie dure depuis 10 ans, via des recours et des procédures légales. Cependant, les habitant·e·s du canton ont été empêché·e·s de voter sur une initiative populaire mettant en question la géothermie profonde, et même l’opposition du parlement cantonal a été balayée. On observe ainsi un déni de démocratie, une tendance autoritaire que l’état et le capital estiment nécessaire pour mettre en œuvre la « transition énergétique » sans renoncer à la croissance économique.

Voulons-nous ainsi d’un tel projet ? Une centrale de géothermie profonde qui ouvre la voie à d’autres projets basés sur la fracturation (bientôt le gaz de schiste ?) ; qui perpétue une consommation énergétique prétendument verte ; qui mettra en danger d’autres populations, en Suisse et ailleurs, par des dangers de séisme et de dégradation des ressources en eau, sans les consulter. La lutte contre le projet de géothermie profonde au Jura continue car la population locale est déterminée. Les soutiens extérieurs sont extrêmement bienvenus, notamment à la fête des 10 ans de la lutte, qui aura lieu le 20 janvier sur le terrain à côté des travaux, celui où s’est tenu le camping de l’été dernier (à la croisée entre Glovelier, Bassecourt et Berlincourt). Rendez-vous dès 13 heures, soupe à partir de 17 heures. Pour entrer en contact, on peut aussi écrire à campingsurfracking@immerda.ch .

Agenda

Dix ans de lutte contre le fracking en Haute-Sorne

 samedi 20 janvier 2024  13h00 - 20h00
 samedi 20 janvier 2024
13h00 - 20h00
 Glovelier, Jura,

 

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