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Drame d‘Essert-sous-Champvent Réaction des collectifs Kiboko et Outrage

Quelques jours après la prise d’otages qui s’est déroulée jeudi jusque tard dans la nuit à bord d’une rame de l’Yverdon-Sainte-Croix, le retour des collectifs antiracistes Kiboko et Outrage sur l’issue de l’opération de police. Malgré la lbération des otages et leur prise en charge, l’intervenion a coûté la vie d’une personne requérante d’asile et atteinte psychiquement

 D’abord, nos pensées vont vers toutes les personnes touchées par les événements terribles qui ont pris place dans le train entre Yverdon et Sainte-Croix. L’épisode épouvantable vécu par les quinze passagers et passagères est un traumatisme que personne ne devrait devoir vivre.
La solidarité avec les victimes auxquelles nous adressons notre soutien ne doit toutefois pas nous empêcher d’interroger les multiples violences en jeu dans ce drame. Nous invitons à penser hors de la binarité du bien et du mal, des gentils contre les malfaiteurs. Une analyse plus matérielle des causes de cette violence est nécessaire pour sortir de cet imaginaire manichéen et éviter que ce genre de drame ne se reproduise. Puisque nous estimons que la vie est un droit, il est important de questionner l’usage de la force et de la violence au détriment d’autres stratégies. Il est nécessaire d’appréhender les informations médiatiques récentes avec une certaine distance. En effet, les médias semblent vouloir noyer l’issue tragique de la situation en usant de sensationnalisme, un ton donné par les communiqués de police qui défendent leur vision des faits.

Alors qu’aucune enquête n’a encore été menée, on assiste déjà à un discours qui place la police en situation de légitime défense. Quand bien même, dans ce contexte, une défense aurait été légitime du côté des forces de l’ordre, à aucun moment ne devrait-elle s’incarner dans un tir létal. Pourquoi la police n’est-elle pas capable de maîtriser un homme ? D’autant plus lorsqu’il ne possède pas d’arme à feu ? Quatre heures pour un assaut massif, des tireurs d’élite et un dispositif impressionnant… nous refusons de croire qu’une perte humaine s’avérait être la seule issue possible.
La violence du drame ne doit pas non plus nous empêcher de considérer l’auteur de cette prise d’otage comme victime lui aussi, puisque sa vie lui a été enlevée. Victime d’une double peine à l’issue fatale. Tout ce qui transparait dans les médias à son sujet pointe son statut de personne étrangère et dangereuse. Ni la souffrance de ses proches ni la situation qui l’a poussé à en arriver là n’est mise en lumière. Et pourtant. La violence produite par le système de l’asile bien que dissimulée, n’est de loin pas sans conséquences. Les procédures d’asile et la gestion des centres d’hébergement déshumanisent et isolent les personnes qui demandent l’asile. Forcées de fuir leur pays pour un semblant d’avenir, elles se aux prises d’une violence institutionnelle quotidienne. Les procédures d’asile sont accélérées et se déroulent trop souvent en l’absence totale d’accompagnement social et psychologique, au profit d’une gestion assurée majoritairement par des agent·es de sécurité. C’est le contexte d’un système qu’il est grand temps de repenser.
 

À la lumière des histoires affligeantes de violences policières dans le canton de Vaud qui rendent tristement connus les noms de Mike, Nzoy, Lamin et Hervé, nous soutenons que des personnes issues de la migration [...] sont réduites à des corps abattables alors qu’elles étaient déjà aux yeux de notre État et de son système raciste, des corps enfermables et négligeables.

Malheureusement, cela évoque encore une affaire où la police vaudoise nie le droit à la vie des personnes qui ne sont pas blanches. Et s’il avait parlé français ou fait valoir une nationalité européenne, est-ce que le dénouement aurait été le même ? Malgré la situation et les actes graves commis par cet homme, nous sommes en droit de penser que non. À la lumière des histoires affligeantes de violences policières dans le canton de Vaud qui rendent tristement connus les noms de Mike, Nzoy, Lamin et Hervé, nous soutenons que des personnes issues de la migration - qui portent avec elles leur lot de traumatismes - sont réduites à des corps abattables alors qu’elles étaient déjà aux yeux de notre État et de son système raciste, des corps enfermables et négligeables.
 
L’enquête est apparemment en cours et nous espérons qu’elle amènera des explications sur les raisons du choix de la police - alors que la négociation était en cours et que l’homme était isolé du reste des otages – ainsi que sur les responsabilités des différents agents lors de celle-ci.

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