Ou plutôt nous n’avons pas comparu. Car bien que nous ayant fait parvenir, avec presque 3 semaines de retard entre la date de la convocation et le timbre de la poste – la lenteur administrative a bon dos – une convocation non-nominative, la « Justice » nous a informé le matin même par mail que l’un·e·x d’entre nous devait être présent·e·x pour que notre avocat puisse nous représenter. La Juge a ensuite refusé de laisser comparaitre la personne désignée, car celle-ci se rechignait – pour des raisons évidentes – à donner son identité. La Juge a encore enfoncé le clou de son marteau pipé en lançant au seul propriétaire présent : « Vous par exemple vous avez montré votre pièce d’identité avant d’entrer ? ». Ce à quoi il a immédiatement répondu que non, aussi conscient de son bon droit qu’inconscient de ses privilèges. Le tout entrecoupé des piques de l’avocat des requérant·e·x·s, souvent plus proches du juron vaudois que de la citation d’articles de loi.
Heureusement, notre avocat, Me Frédéric Isler, a finalement pu faire entendre notre voix au milieu de cette cacophonie juridique à plus d’une vitesse et il a clairement démonté les arguments de l’avocat des propriétaires. Cette clique nous accuse de dangerosité, de retarder la vente de leurs biens immobiliers aux promoteur·e·x·s, tandis qu’en réalité il n’y a même pas encore de permis de construire. Par-dessus tout, elle prétend que nous empêchons les propriétaires de jouir de leurs biens, ce qui ne tient pas debout car les locaux loués le sont toujours et que nous n’occupons que des lieux vides. Dénonçons les coupables : les intérêts que les propriétaire·x·s ont porté en justice sont ceux des promoteur·e·x·s, De Necker Kipling & Cie, société anonyme basée à Nyon spécialisée dans l’achat et la vente de biens immobiliers propres ainsi que des politique·x·s yverdonnois·e·x·s qui imposent un nouveau Clendy mort et marchand. Ce sont elleux que nous combattons. Iels qui tiennent dans leur main l’épée de Damoclès de l’expropriation qui a dictée beaucoup des trajectoires individuelles des habitant·e·x·s de Clendy. Précisions d’ailleurs, le représentant des propriétaires n’est lui-même pas directement concerné par les occupations de terrain. Preuve ainsi que ceux qui ont de l’argent s’arrangent toujours pour envoyer les autres en première ligne. Nous avons donc patienté devant le Tribunal, bien entouré·e·x·s de voisin·e·x·s et ami·e·x·s venu·e·x·s nombreux·euses du quartier et de bien plus loin. Nous avons chanté, mangé des gâteaux délicieux, joué à cabiche-caboche, faisant fi de deux policiers qui observaient ce joyeux cheni, mal planqués dans une voiture banalisée. Mais le verdict n’est pas tombé ce jour-là.
Néanmoins, nous sommes maintenant assuré·e·x·s qu’un délai nous sera accordé si une évacuation devait être prononcée. Un répit bienvenu donc après cette éreintante et frustrante semaine de montée en intimidation de la part de la Justice et des propriétaires, forçant momentanément les énergies à se concentrer sur l’antirep’ plutôt que la poursuite de la création de communs. Ainsi, en attente du verdict qui sera prononcé dans quelques jours, nous sommes plus que déter à faire vivre le tiéquar. Nous invitons les propriétaires des parcelles concernées à reconsidérer notre proposition de contrat de prêt à usage datant du 17 octobre 2021 et à se retirer de la plainte. Les travaux ne devant pas débuter avant plusieurs mois, ce quartier pourrait donc vivre et faire vivre d’ici là. Il n’y pas lieu de laisser la place aux promoteur·e·x·s avant l’heure et d’éviter les débats sur les politiques urbaines.
Quoi qu’il advienne, la brèche que nous avons commencé à ouvrir à Clendy persiste et nous serons là aussi longtemps que possible ! Venez dire bonjour, visiter le freeshop de vêtements, la bibliothèque et l’infokiosque, partager un repas, tisser des liens d’adelphité, chanter et danser en aménagent la cuisine, cultiver la terre et la culture de résistance… Ensemble, nous persistons plus que jamais dans la rage et l’exigence de construire un monde où l’usage prime sur la propriété !
Trouver le Quartier Libre, ses jardins et son espace collectif “La Marmite”
Clendy-Dessous, 33
1400 Yverdon
Arrêt de train Yverdon-Les-Bains, gare ou Champ-Pittet.
Instagram : quartierlibre_clendy
Canal telegram : Quartier Libre, Clendy-Dessous
Mail : collectif_quartier_libre@riseup.net
Programme du week-end :
Vendredi 19 novembre :
15h : Discussion sur l’hétéro-normativité pour se déconstruire ensemble.
20h : Boom sans boomers et sans slows ci-hétéro mais avec max de fun.
Samedi 20 novembre
13h : Pimp ta cuisine. Chantier collectif d’aménagement intérieur.
18h : Atelier percu-danse. Bouge ton body en résistance.
19h : Repas offert.
Dimanche 21 novembre
Dès 11h : Friperie gratuite. Amène et prends ce que tu veux.
14h : Film sur la fast-fashion et discussion.
Lundi 22 novembre
18h : Assemblée populaire et bouffe pop’.
Vendredi 26 novembre
15h-19h : Black Free-Day. Epicerie gratuite, troc d’habits et d’objets, bouffe pop’ et concert !