Hello ! On est le GT genre, groupe féministe de la CUAE qui est le syndicat étudiant de l’uni de genève. On a écrit un fanzine qui part d’un mélange entre une volonté de thématiser autour des questions d’agressions sexuelles et d’un questionnement sur le système pénal et ses logiques punitives.
On organise une soirée pour son lancement le 28 novembre au spoutnik ! On parlera un peu du zine et ce sera suivi de la projection du film “Women Talking”. Le film parle d’une communauté religieuse qui se rassemble pour lutter et concilier leur foi avec une série d’agressions sexuelles commises par les hommes de la communauté.
C’est gratuit et y’aura aussi un super apéro après !
On se réjouit de vous voir !!!
Le fanzine sera dispo sur place mais vous pouvez aussi le lire ici !
On vous met l’intro du fanzine ici pour vous faire une idée de ce qu’il y a dedans.
Pourquoi ce fanzine ??
On est pour l’abolition du système pénal (prisons, police, tribunaux) et on trouve que c’est difficile d’imaginer la gestion des agressions sexuelles (dans le reste du texte, on note « AS » pour simplifier) en dehors du système pénal, de remettre en question sa légitimité et de trouver des alternatives à ses réponses punitives. La plupart des mouvements féministes contemporains qui thématise ces questions visent à "mettre les violeurs en prison", en pensant que les hommes agresseraient moins s’ils avaient peur des répercussions pénales. Pourtant, dès les années 1970, des mouvements féministes avaient déjà des façons de répondre aux AS en étant anti-carcéraux. Par exemple en france, la ligue du droit des femmes et les femmes du comité d’action des prisonniers revendiquaient des procès sans condamnation pénale. Les militantes portaient plainte contre leurs agresseurs (pour que l’acte soit reconnu) puis allaient dans les tribunaux pour revendiquer leur libération, en disant que la répression individuelle des violeurs ne mettrait pas fin aux AS en général. La production sociale des "crimes” est souvent mise en avant, comme pour les vols qui sont produits par la pauvreté (elle-même produite par le système capitaliste), mais on montre rarement que les AS sont aussi produites socialement. On a donc eu envie d’écrire ce fanzine pour pouvoir approfondir ces sujets et réfléchir à comment envisager et surtout répondre aux AS dans une perspective abolitionniste du système pénal.
Ce fanzine est séparé en trois parties :
(1) Pourquoi le système pénal est à abolir ? où on montre que le système pénal crée de la domination et de l’inégalité plus qu’il ne règle des problèmes.
(2) Pourquoi et comment les AS sont produites socialement ? où on montre pourquoi les AS ne sont pas un problème individuel mais sont produites par le système patriarcal, puis comment les réponses institutionnelles aux agressions sexuelles reproduisent les systèmes d’oppression (tout particulièrement raciste et classiste).
(3) Quelles sont les réponses possibles ? où on plonge dans les outils concrets de réponse aux AS, qu’ils soient pénaux (qu’est-ce que ça veut dire concrètement de porter plainte pour agression sexuelle ?) ou extrapénaux (vengeance, gestion dans un groupe d’amiexs, etc.) et on essaye de voir leurs points positifs et négatifs.
Pour finir, on voulait revenir en quelques phrases sur le processus de réflexion et d’écriture de ce fanzine. On a commencé à écrire sur ce sujet car on s’est fait agresséex, qu’on soutient des potes dans leur AS mais aussi parce qu’on connait des gens qui ont agressé, parce que parfois on est resté potes avec eux, parfois on s’est demandé comment intervenir ou pas/comment interagir avec eux. Il nous a manqué des outils pour prendre plus collectivement en charge les AS. Dans l’écriture de cette brochure, on est passé par un tas d’étapes, on a partagé des avis différents, nos réflexions ont bougé, on a parfois changé d’avis. On a donc eu envie de mettre ensemble des choses chouettes qu’on a lues, qui ont mené à des discussions. On écrit ce fanzine pour pouvoir continuer de discuter de ces sujets, gérer collectivement ces agressions, s’organiser, se soutenir. On a trouvé dur parfois, on a manqué d’exemples, on a tenté des choses. Pendant l’écriture de ce fanzine, on a décidé de faire une journée de discussion plus large que juste entre les gens qui ont travaillé sur ce fanzine, et on a proposé notamment à des mecs cis ou à des groupes où il y en avait.
On se disait que ça pouvait être cool d’avoir plus de points de vue concrets sur le fait de gérer des AS dans les groupes d’amiexs / collectifs (et donc c’était utile d’avoir des gens qui ont vécu ça, peut importe si c’était des mecs cis ou non). On voulait aussi que les mecs cis participent à la gestion des AS et mettent la main à la pâte. A un autre moment, on a présenté le fanzine (pas encore fini) dans une cantine politique organisée par un collectif autonome. Dans ces deux événements, aucun mec cis (ou presque) n’étaient présents. ça nous a fait réfléchir autant que ça nous a saouléexs, et on voulait juste le partager ici. Les mecs cis autonomes et gauchistes en ont qqch à foutre des luttes féministes ? Pourquoi ils viennent pas quand on leur propose de nous rejoindre ? Pourquoi ils font pas de taff sur des questions qui les concernent (c’est des mecs cis donc des potentiels agresseurs) ?
On vous invite à lire ce fanzine, y porter un regard critique, en discuter en groupe, etc. Comme on l’a dit, nos avis ont évolué en l’écrivant donc tout n’est pas ancré dans le marbre. C’est avec beaucoup de plaisir que vous pouvez nous envoyer tous vos commentaires / questions / ralages à l’adresse genre@cuae.ch ou sur instagram @gt.genrecuae ! Bonne lecture !