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Fribourg et région : des panneaux-horaires tactiles CFF sabotés

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, de nombreux écrans tactiles déployés par les CFF dans les gares de la campagne fribourgeoise ont été endommagés et tagués.

Fribourg |

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, de nombreux écrans tactiles déployés par les CFF dans les gares de la campagne fribourgeoise ont été endommagés et tagués. “On a assez pissé sous la douche”, “STOP Écran Partout”, “Technologies de l’information : délocalisation de la misère et de la destruction” ou encore “Ceci est une critique” : voici quelques-unes de nos traces dans la nuit. N’y voyez pas des actes de vandalisme isolés ou la simple éclaboussure de notre colère, mais l’expression d’une critique politique.

Le progrès selon les CFF : scanner les horaires papier et les afficher sur un écran

Critique d’abord de l’aberration écologique, énergétique et économique que représentent ces écrans transpirant l’inutilité et qui restent allumés toute la nuit. Critique aussi de l’hypocrisie de nos gouvernements qui, d’une main, soutiennent ce genre de projets néfastes et continuent de scier la branche sur laquelle tient notre société, et de l’autre déroule ses injonctions à réduire à la marge notre consommation énergétique individuelle. Soyons certain·es que, pendant que nous pissons sous la douche pour économiser des chasses d’eau et que nous éteignons notre wifi la nuit, les multinationales continuent leur saccage extractiviste aux quatre coins du globe et les plus riches maintiennent leur style de vie extrêmement énergivore. Critique, enfin, de la numérisation constante de nos vies, de la gadgetisation à outrance de nos existences, qui altèrent notre puissance et brûlent nos tissus sociaux.

Du haut de leurs bureaux urbains, les cravatés pensent que la modernisation des zones délaissées du réseau ferroviaire passe forcément par la multiplication des joujoux numériques. Ils sont complètement hors sol. Les populations périphériques et rurales ont surtout besoin d’une augmentation des cadences pour lâcher enfin leurs bagnoles et non pas de panneaux lumineux qui attestent tristement de leur rareté. Nous ne sommes pas contre les transports publics, mais contre la gestion peu démocratique de ces mêmes transports, ainsi que le manque d’encouragement à les utiliser. Nous dénonçons les freins institutionnels mis dans les initiatives sociales et écologiques, notamment celles pour les transports publics gratuits. Nous sommes contre la technologisation à outrance. La fuite en avant du soi-disant progrès, sans réfléchir à ses ravages, doit cesser.

Estimé à 50 millions par une entreprise qui n’hésite pas en parallèle à saper les offres encourageantes à opter pour les transports publics (augmentation régulière du prix des billets, suppression de l’AG étudiant·es, détérioration de l’offre pour la Voie 7, enlisement de la politique pro-vélo...), ce projet saute aux yeux par son inutilité. Le maquillage de ces machines par une poudre d’inclusivité n’est qu’écran de fumée. Écrans de deux mètres de haut bourrés de métaux lourds et de terres rares, extraits par des travailleur·euses exploité·es à l’autre bout de la planète. Nous sommes sensibles aux conditions d’existence des personnes en situation d’handicap, mais ne voyons pas l’apport concret de ces appareils installés dans plus de 500 gares. Parler d’inclusivité alors qu’une partie importante de la population ne peut toujours pas se permettre de prendre les transports publics pour des raisons financières n’est pas sérieux et foncièrement hypocrite.

Ce projet met également le doigt sur les limites de notre démocratie pseudo directe. Nous ne voulons plus des cols blancs, qui déambulent dans les conseils d’administration comme dans un buffet et décident à notre place. Englués dans le mépris des enjeux écologiques et dans des conflits d’intérêt flagrants, ils nous poussent vers le ravin.

Cette action s’inscrit dans une critique plus large que les horaires tactiles des CFF. Elle souhaite attirer l’attention sur ces écrans avec lesquels nous nous sommes tellement familiarisés que nous ne les voyons même plus. En miettes et tagués, nous espérons que tous les yeux les perçoivent et y réfléchissent enfin.

Notre résolution pour 2023, après avoir sagement suivi les conseils creux et infantilisants du gouvernement en 2022, est de passer à l’action. Nous ne supportons ni la brutalité de ce monde ni le fait que les conditions d’habitabilité de la planète soient sapées par le capitalisme. Nous sommes partout et nous n’abandonnerons pas.

Alors que certains médias se demandent jusqu’où les militant·es écolo vont aller, nous nous demandons jusqu’à quand nous continuerons à défendre un système qui dérègle le climat, marchandise et massacre le vivant et son environnement.

Certains de ces écrans sont équipés d’un QR Code nous demandant un feedback. Voici le nôtre.

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