Genève | avril 2025 — Mardi 15 avril, la Ville de Genève a adopté une motion d’urgence pour Gaza et la Cisjordanie. Une motion née d’en bas, co-rédigée par le collectif Change for Palestine et le parti Solidarités, en réponse à l’appel lancé par plus de 10’000 personnes en seulement dix jours dans une pétition devenue virale. Ce texte engage la Ville à renforcer son soutien humanitaire, à soutenir la coordination entre ONG, institutions internationales et acteurs locaux, et à faire pression sur la Confédération pour un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire sans entraves.
Une victoire politique arrachée à la majorité (40 voix pour, 9 contre, 18 abstentions), dans un contexte tendu où une partie de la droite a tenté de freiner le vote en invoquant les limites des compétences internationales de la Ville. Certaines interventions ont même franchi les lignes de l’ignoble, comme cette déclaration raciste de l’élue MCG Danièle Magnin qui a évoqué l’usage de la « bombe atomique ». Une sortie glaçante, qui n’a donné lieu à aucune sanction en séance.
Face à cela, la solidarité s’est tenue debout. Des représentant·es de Change for Palestine et de Solidarités étaient présent·es dans les tribunes, rappelant par leur seule présence la force d’une mobilisation populaire qui ne faiblit pas.
"Ce soir-là, la politique a été ramenée à son devoir : écouter le peuple." - Change for Palestine
La pétition "Urgence : Genève doit agir pour Gaza et la Cisjordanie", lancée le 11 mars, a récolté 10’371 signatures en dix jours et touché près de 500’000 personnes sur les réseaux sociaux. Elle a aussi été portée par 57 soutiens officiels : partis de gauche, syndicats, collectifs antiracistes, associations culturelles et populaires, groupes féministes et mouvements écologistes. Un front large et uni, qui a permis de faire pression sur les élu·es jusqu’à l’hémicycle.
Les élu·es ont d’ailleurs rappelé en séance l’importance déterminante de cette mobilisation citoyenne : c’est aussi elle qui a permis, quelques jours plus tôt, le vote d’urgence de 5 millions de francs au Grand Conseil, dont 3 millions alloués à l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugié·es palestinien·nes.
Cette dynamique ne s’arrête pas là. La pétition sera déposée dans les jours à venir au Grand Conseil, avec pour objectif d’obtenir une position politique forte du canton - et d’aller plus loin. Pour Change for Palestine, l’étape suivante est claire : obtenir la reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Car la solidarité humanitaire ne saurait remplacer le droit à l’autodétermination.
Ce qu’il se passe ici est un signe des temps : la solidarité palestinienne est vivante, populaire, décoloniale, enracinée à Genève, et bien décidée à imposer son agenda. La motion du 15 avril est une première fissure dans les murs de l’indifférence institutionnelle. D’autres suivront.