Antiracisme - Luttes décoloniales

Ils respectent même pas notre dignité

Les meurtres et les violences policières racistes perpétrés au niveau international ont provoqué en réponse des mobilisations importantes au niveau international, notamment à Genève et ailleurs en Suisse. En Suisse, les noms d’Hervé Mandundu, Lamine Fatty et Mike Ben Peter résonnent aujourd’hui dans nos têtes, ils ont été tués par la police au cours de ces dernières années. Les meurtres policiers et les violences policières ont comme fondement leur caractère raciste. C’est dans ce contexte que le Collectif Lutte des MNA rejoint les autres collectifs mobilisés [1] et appelle à venir nombreu.x.ses à manifester le vendredi 3 juillet à 18h30.

Genève |

Il y a de ça maintenant une année, des Mineurs Non-Accompagnés (MNA) adressaient une lettre ouverte à la Conseillère en charge, Anne EMERY-TORRACINTA, dans laquelle ils exposaient déjà l’arbitraire des violences policières : "Madame la Conseillère d’État, nous sommes régulièrement la cible d’arrestations racistes de la police. De ces contrôles intimidants et violents s’ensuivent souvent des gardes à vue de plusieurs heures avant que nous soyons finalement relâchés.". Plus loin, ils demandaient donc "une carte attestant de leur identité accompagnée d’une photo qui témoignerait de leur droit d’être ici" ainsi que "la fin de l’incarcération pour le simple fait qu’ils n’ont pas les « bons papiers », soit l’abolition de la détention pour « séjour illégal »."

Un an plus tard, la situation des Mineur.e.s et jeunes adultes Non-Accompagné.e.s n’a pas évolué. Sur ces points, elle s’est même aggravée. La seule réponse politique qui leur a été donnée est toujours d’avantage de répression.

De plus en plus, ces jeunes sont criminalisés et non pas traités comme des jeunes envers lesquels l’Etat a pourtant un devoir de prise en charge et de protection. Ils sont parfois associés à des potentiels terroristes par l’extrême droite mais également par de hauts-fonctionnaires du Service censé les protéger (le service de protection des mineur.e.s) qui se permettent ces amalgames racistes et islamophobes. Les autorités en charge, le SPMI et la police notamment, considèrent qu’être un jeune homme Arabe (et sans papier légal sur le territoire), c’est être un criminel. En témoigne notamment la nouvelle brigade que la police est en train de créer à Genève qui se concentre non pas sur un délit (comme c’est généralement le cas) mais sur des identités de personnes racisées, en l’occurrence ces jeunes Arabes. On se rappelle que la police Genevoise a déjà procédé à cette stigmatisation violente raciste lorsque fut créée la brigade spécial roms. Considérer de manière homogène ces jeunes comme des délinquants est contraire à la Convention des Droits de l’enfant et constitutif d’un État raciste et islamophobe.

Cette construction raciste et islamophobe des jeunes hommes Arabes (ou identifiés comme tel) et musulmans (ou identifiés comme tel) comme étant "par essence" des criminels n’est pas nouvelle et s’inscrit dans la continuité d’une politique impérialiste et coloniale. Sur quelles identités l’Etat a-t-il construit sa légitimité de violenter ? Sur les personnes non-blanches et construites comme étant des délinquantes. Il s’agit d’un réel processus de déshumanisation servant à légitimer dans un même temps toutes formes de violences à l’encontre de ces personnes.

Cela fait des mois voire des années que ces jeunes sont sur le sol du Canton de Genève. Ils sont censés être pris en charge par les autorités dites compétentes qui devraient leur permettre d’avoir accès à un logement digne, à une formation, à un service de santé, à une prise en charge sociale et éducative. Pourtant l’Etat, loin d’avoir laissé tomber ces jeunes non-accompagnés, consacre une énergie immense à les réprimer par tous les moyens possibles. L’État mène une politique ni sociale ni même d’ignorance mais une politique de répression.

Parce que l’Etat, le SPMI et la police sont racistes, ces jeunes sont la cible de profilage racial dans la rue, dans les endroits où ils se trouvent seuls ou avec leurs ami.e.s, dans les parcs, dans les transports et devant leurs lieux d’hébergement (foyer ou hôtel). Des contrôles qui se poursuivent souvent par des humiliations, des fouilles en pleine rue, des arrestations violentes, des violences verbales, physiques et psychologiques, ainsi que la menace systématique de la prison et de tabassages.

La police est par essence raciste et les corps racisés sont des témoins quotidiens de la violence exercée, lorsqu’elle ne les tue pas. Lutter contre ces violences implique un changement structurel ; la fin de la police, du système judiciaire, du système pénal et la destruction et l’abolition de toutes les prisons.

P.S.

Black Lives Matter, Outrage Collectif, le Collectif Afro-Swiss et le Collectif Faites des Vagues

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