Antifascisme

Kill Erdogan : le procès du fascisme turc

Les personnes accusées ont utilisé le procès comme une tribune politique pour exposer les différentes facettes du fascisme d’Erdogan. Elles ont livré des plaidoyers éloquants qui ont manifestement destabilisés le juge. Elles ont réussi à faire observer une minute de silence en mémoire aux victimes du système d’Erdogan et ce celles et ceux tombé.es en y résistant.

Berne |

Traduction du communiqué de presse sur le déroulement du 2e jour du procès “KillErdogan”

Le deuxième jour du procès n’a pas donné lieu à un verdict dans l’affaire de la banderole “KillErdogan”.

Le procès a débuté par la décision de réprimander le collaborateur de l’agence de presse nationale turque Anadolu. Le tribunal a renoncé à l’exclure du procès, mais lui a donné un avertissement. Le tribunal a ainsi tout de même reconnu la violation de la présomption d’innocence par le collaborateur d’Anadolu. Par contre les personnes accusées n’ont pas été entendues dans leur crainte que des informations puissent être diffusées sur elles ou sur les témoins, rendant possible leur identification par le public ou l’Etat turc.

Les personnes accusées ont décidé de ne pas faire opposition pour le moment. “Il aurait été en notre pouvoir de décider si le procès pouvait se poursuivre. Mais nous voulions utiliser ce jour de procès en notre faveur et pour parler du contenu.” a déclaré l’une des personnes accusées en faisant référence au fait qu’une opposition immédiate à l’ordonnance aurait probablement entraîné une nouvelle interruption de la journée d’audience.

La première audition a donc pu avoir lieu. Une personne a décrit de manière très poignante comment elle a subit la violence d’Erdogan dans sa propre chair et comment elle a survécu à l’attentat perpétré par un islamiste à Suruc mais avec de lourdes séquelles. En 2015, un kamikaze avait attaqué un rassemblement de jeunes socialistes qui voulaient soutenir la reconstruction de la ville kurde de Kobane dans le nord de la Syrie. Son témoignage a souligné la complicité d’Erdogan dans l’attentat. Les ambulances ont été bloquées par la police turque et les survivant.es ont été attaqué.es par la police. Le fait que des proches de la personne interrogée aient été harcelés par la police en Turquie après la publication d’un tweet sur le procès KillErdogan souligne l’influence du régime d’Erdogan.

Le président du tribunal a voulu interrompre l’interrogatoire à plusieurs reprises car selon lui les déclarations n’apportaient rien concernant les délits reprochés. Un.e avocat.e est intervenu.e en se référant à la demande de témoignage de la part de la représentation accordée par le prédécesseur du président du tribunal. Le juge a donc dû s’avouer vaincu et autoriser la poursuite de l’interrogatoire, au cours duquel les atrocités commises par Erdogan ont été clairement exposées. Le procureur a fait preuve d’un manque de respect total en coloriant des carrés sur des feuilles quadrillées au lieu d’accorder l’attention nécessaire aux explications pertinentes.

Une des personnes prévenue précise : “Les agissements d’Erdogan en Turquie sont centraux pour comprendre les motifs de participation à la manifestation en question. Cela est d’autant plus pertinent que le gouvernement turc exerce manifestement une influence sur la justice en Suisse !”

Le deuxième témoin a pu, grâce à son expertise en matière de communication visuelle, réfuter le contenu de l’accusation.

La première personne accusée a profité de son interrogatoire pour attirer l’attention sur l’urgence des préoccupations politiques. Au début de l’interrogatoire, l’accusé.e a appelé à une minute de silence en mémoire de toutes les personnes tuées par le régime d’Erdogan et des résistant.es tombé.es au combat. La personne a également attiré l’attention sur les 100’000 prisonnièr.es politiques, la guerre d’agression au gaz chimique dans le nord-est de la Syrie qui viole le droit international, ainsi que sur la répression contre les artistes kurdes. L’ensemble de l’interrogatoire a été interrompu à plusieurs reprises par le président du tribunal, à nouveau parce qu’il était selon lui hors contexte.

La deuxième personne accusée a tenté de démontrer la destruction écologique de la Turquie par Erdogan. Le président du tribunal a brusquement interrompu la personne accusée, qui a alors renoncé à faire d’autres déclarations. Déjà auparavant, elle avait refusé de fournir des données sur sa propre personne. “Comme une personne d’un institut de propagande fasciste [en parlant de l’employé d’Anadolu] se trouve dans la pièce, je ne donnerai pas de détails sur ma personne”, a-t-elle déclaré. La troisième personne accusée a complètement renoncé à toute déclaration en raison de ces conditions d’interrogatoire inacceptables.

La dernière personne accusée s’est à nouveau référée à l’influence du DFAE et de la Turquie. Elle a ajouté que le DFAE et la sous-division “Direction du droit international public” courtisaient un État fasciste, répressif et brutal. Elle a poursuivi en expliquant que la collaboration avec la Turquie va fondamentalement à l’encontre des objectifs fondamentaux de cette division, qui incluent l’élimination de la torture et de la discrimination contre les femmes. “Erdogan voudrait permettre aux violeurs pédophiles de s’en tirer en toute impunité grâce à un mariage forcé. Cela n’empêche pas le DFAE de collaborer si étroitement avec la Turquie qu’il s’est senti obligé d’intervenir dans une procédure pénale suisse”. Relate la personne accusée.

La demande de la défense de faire comparaître les fonctionnaires du DFAE argumentant que les personnes accusés ainsi que les avocat.es sans ont démontré et thématisé leur implication dans cette affaire. La demande a été rejetée une fois de plus par le président du tribunal à la fin de la procédure d’administration des preuves.

Ainsi s’achève une journée de procès riche en événements, qui sera suivie de deux autres jours de procès. Le tribunal réserve une journée entière pour les plaidoiries des différentes parties ainsi qu’une demi-journée pour la lecture du jugement.

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