Samedi 30 septembre, les voisin.exs, les habitué.exs du lieu et les personnes en soutien ont passé la journée à jouer à la pétanque et à discuter au soleil du processus de gentrification de la Valencienne. David Payot, en charge du dossier, avait jusqu’au 29 septembre pour répondre aux revendications de l’association qui prend soin des lieux depuis plusieurs années maintenant. Celles-ci comprenaient entre autre un contrat de prêt à usage pour une année minimum, le retour des clés pour accéder aux bâtiments et l’abandon de tout appel à projet ou reprise marchande de la buvette. À quoi David Payot a répondu un long mail qui se synthétise par un non général bien que, selon ces dires, il partage “pour l’essentiel les principes énoncés dans votre prise de position sur le site renverse”. Pourquoi, se demande t’on alors, la Ville tient elle absolument à déposséder des habitant.exs qui prennent soin dans leur temps libre d’un des lieux les plus accessible de Lausanne ? La réponse officielle serait que l’association ne respecte soit disant pas le cadre et comme on le sait touxtes très bien, la Ville ne discute pas avec celleux qui la conteste, ne serait-ce que du bout des lèvres. Ce qui se cache sous cet argument bancal au vue des tentatives innombrables faites par l’association pour entrer en discussion avec la Ville sur tout ce qui a pu poser problème, c’est sans aucun doute un gentil joli petit processus de gentrification. Mais de quoi parle t’on, qu’est ce que ça signifie dans les faits et quelle est l’histoire derrière ? Petit article pour répondre à toutes vos interrogations, ou presque !
Une brève histoire du lieu
La Valencienne, c’est un morceau du parc de Valency, coté Lausanne. Un petit espace à part, avec des terrains de pétanque, des jardins partagés, anciennement des grills, un poulailler et un four à pain mais aussi une buvette, des toilettes, des tables et un couvert pour se protéger des intempéries. Là-bas, vont et viennent mais surtout s’y arrête tout un tas de personne. Pas besoin de consommer quoi que se soit pour y passer la journée, un peu de terre à cultiver, du matériel collectif pour jouer aux boules, un accès à l’eau, à des toilettes et à une sociabilité joyeuse, sans prise de tête. Il y a quelques années de ça, une petit équipe organisée en association prenait soin du lieu avant de se dissoudre. Puis vient le confinement pendant lequel beaucoup de voisin.exs trouvèrent à la Valencienne un peu d’air et de soleil. De cette nouvelle constellation d’habitué.exs, naquit une seconde association qui depuis fait de ce lieu une terre d’acceuil dans l’océan hostile de la ville.
Les événements de l’été
En juillet de cette année, la Ville intervient brusquement sur place, annonçant qu’elle allait changer les serrures de la buvette et des toilettes mais que surtout, il ne fallait pas s’inquiéter, les usager.exs pourraient les récupérer en cas de besoin en faisant des demandes d’autorisation. Pratique pour des personnes qui viennent jardiner presque quotidiennement et qui avaient jusque là la possibilité d’aller aux toilettes et de se faire un café ! Pas besoin de plus explications pour se rendre compte que ce genre de procédure entrave directement l’utilisation que les voisin.exs et membres de l’association ont de lieu. Et puis demander, c’est non seulement devoir conformer ses activités à des petites cases à cocher dans des formulaires mais c’est surtout attendre... Début août, l’association de la Valencienne a déposé une demande d’autorisation pour faire un événement festif le 30 septembre. Aucune réponse de la part de la Ville, et ce malgré le respect des délais et les incalculables relances. En parralèlle, l’association Mon Lausanne qui se trouve aussi être une boîte de production à pu organiser une myrriade d’événements sur place, introduisant à la Valencienne la vente de spritz à 10.- et autres normes gentrifiantes.
Gentri... quoi ?
Pas besoin de faire un dessin pour comprendre que la dynamique actuelle dépossède les usager.exs du coin. La Ville de Lausanne grapille du terrain depuis plusieurs années en demandant la deconstruction du poulailler, le retrait des grilles et maintenant en confisquant les clés pour ne les remettre qu’à celleux qui non seulement remplissent les formulaires mais, surtout, font avancer le processus de gentrification du quartier. Demandez autour de vous aux personnes qui habitent Lausanne depuis plusieurs années combien de coins populaires ont été transformés en espaces proprets pour les riches, combien de toilettes publiques sont devenues des bars branchés, combien de tables où s’assoir gratuitement entre ami.exs ont été remplacées par des terrasses de restaurant. Sans s’en rendre compte, en quelques années, le profil de la ville est alors complétement transformé : les populations privilégiées ont gagné du terrain sur les autres qui se retrouvent reléguées aux zones périphériques.
Tout ça se fait bien sûr par étapes : d’abord l’administration crée des problèmes aux personnes qui font vivre les rares espaces populaires de nos villes, ensuite elle les accuse de mauvaise volonté et de non respect des règles, puis, souvent même sans prétexte un tant soi peu crédible, elle chasse les populations qui sont là depuis bien longtemps pour faire venir des consommateur.icexs rentables et chics. Souvent, quelque part dans le processus, des événements artistiques supposément alternatifs sont organisés pour attirer une population intermédiaire. Malgé elleux, les agent.exs des différentes étapes participent à la transformation d’espaces accessible pour touxtes en club de riches. Parce que ça paraît un peu gros dit comme ça, les autorités sont obilgées de mille et une pincettes. Dans le cas de la Valencienne, on en est théoriquement au moment où la Ville de Lausanne repense l’avenir du lieu. En prétendant ne rien avoir décider et en niant les affets gentrifiants des mesures qu’elle prend depuis des années, elle joue sur le flou. On est sensé.exs attendre fin 2023 pour avoir des nouvelles, et, ensuite peut-être seulement, s’opposer à un projet qui est dans les faits déjà tracé : déposséder la Valencienne des habitant.exs du quartier qui ne pourront ou ne voudront pas payer leur café à 5.-
Que faire alors ?
Ce que la Ville aimerait qu’on fasse, c’est attendre gentiment qu’iels fasse passer la pillule une fois que les habitant.exs du coin seront épuisé.exs par la lutte et que les soutiens auront d’autres choses à penser. Si David Payot promet de se prononcer sur l’avenir de la Valencienne fin 2023 c’est d’ailleurs pas un hasard ; d’ici là il fera trop froid pour se rassembler une fois par mois sur les terrains de pétanque et organiser la résitance. Peut-être même, si la Ville a de la chance, une partie des habitué.exs seront en vacances ...
Nous devons lutter maintenant. Nous devons nous rassembler en soutien le 21 octobre et chaque fois que des événements seront organisés. Tant que les clés ne seront pas à nouveau entre les mains de l’association, tant que la Ville n’aura pas enterré l’idée de régner en maître sur ce petit coin de parc, nous devons nous mobiliser. Toutes les initiatives sont bienvenues ! Écrivez à comite_soutien_valencienne@proton.me pour coordoner les textes, prises de paroles, événements et actions qui s’inscriront dans la lutte pour les espaces autogérés et non-marchands !