Le sport, définition (imaginez une mélodie au violon) :
Activité physique où il faut suivre des règles précises et être en compétition les un.e.s contre les autres ou contre d’autres équipes. Domaine où le fait d’écraser les autres est valorisé (on en connaît d’autres). Arène que certain.e.s qualifient d’exempte de discrimination mais où les femmes jouent contre les femmes, les hommes contre les hommes, les vieux contre les vieux et les handicapés contre les handicapés. Où il ne faut surtout pas essayer de faire péter ces catégories et où le capitalisme qui a pourri le foot de l’intérieur fait naître des comportements et réactions toxiques dans les tribunes. Mais encore : lieu de création de champions dans toutes les disciplines, de marchandisation du corps performant, de salaires mirobolants, de multinationales ultra-éthiques comme sponsors des compétitions, de patriotisme exacerbé, de forêts rasées pour créer des pistes de luge…
Pour le Mondial au Qatar, ajoutez-y : des stades cimetières, des violations à la pelle des droits humains, une insulte à la planète, de la corruption, « la caricature même de ce que l’homme est capable de porter en lui comme saloperie extrême » selon Cantona… Alors vous imaginez bien qu’au vu de ces considérations, nos plumes de colvert frisent. Et pas seulement les nôtres.
Cette étrange divinité qu’est le sport a vacillé ces derniers temps. Son masque d’intouchable, d’incritiquable s’est quelque peu détricoté, effiloché. Bon, en même temps, organiser une coupe du monde au Qatar après celle de Russie et après des JO d’été à Pékin et d’hiver en Russie en pleine période de crise écologique, climatique, géopolitique, sociale et j’en passe, c’est pas idéal pour l’image. Et les les prochains jeux asiatiques d’hiver viennent tout juste d’être annoncés : ils auront lieu en Arabie Saoudite. Oui, des jeux d’hiver au milieu du désert, voua avez bien entendu. Quelle prouesse quand même. La popularité de ces événements en ont fait une cible de choix pour les éléments les plus pourris de l’ultra libéralisme. Et nous, on assiste en spectateur.ice.s impuissant.e.s à la grande magie de ce monde : avec du fric, tout est possible, tout est à vendre.
Nous ne voulons pas nous arrêter aux boycotts individuels, reclu.e.s dans nos appartements à fermer les yeux sur cette horreur. Nous voulons nous unir, faire corps, pouvoir crier d’une seule voix que cette fête du football n’est pour nous, ni une fête, ni du football.
Mais à un peu plus d’un mois du lancement de cette coupe du monde, aucun vouvouzela ne peut couvrir les contestations de plus en plus fortes qui s’élèvent contre cette compétition, paroxysme d’un capitalisme décomplexé et sans scrupule pour la vie humaine. Et nous voulons en être, apporter notre pierre à l’édifice. Ce de manière indignée mais joyeuse. C’est pourquoi nous vous invitons à un tournoi populaire et militant le premier jour de cette grande mascarade, soit le dimanche 20 novembre (même si dans les faits, le désastre a commencé il y a plus de 10 ans). Nous voulons jouer un foot débarrassé des mauvais gestes et comportements, solidaire, non compétitif, autogéré et exempt de toutes formes de discrimination et oppression. Nous ne voulons pas nous arrêter aux boycotts individuels, reclu.e.s dans nos appartements à fermer les yeux sur cette horreur. Nous voulons nous unir, faire corps, pouvoir crier d’une seule voix que cette fête du football n’est pour nous, ni une fête, ni du football. Nous voulons opposer à cette coupe du monde désastreuse un rassemblement joyeux et militant, un espace bienveillant dans lequel nous pouvons collectivement vomir ce que le capitalisme a fait du sport. Bien sûr, l’un n’empêche pas l’autre. Et dimanche soir, après avoir rangé nos baskets dans nos placards, point de Qatar-Equateur sur nos écrans. Simplement la satisfaction, sur nos visages lumineux, d’avoir placé le football hors de ce système marchand, le temps d’une journée.
Donc si toi et ton collectif, tes potes, ta famille, tes colocs vous vibrez de cette envie de collectivement montrer votre désarroi,
Si vous portez aussi le deuil de ces 6550 ouvriers migrants morts sur les chantiers des stades du Qatar et que vous vomissez l’idée que des millions d’autres y soient encore réduits à l’esclavage,
Si vous avez arrêté de croire depuis longtemps que le foot qui passe à la télé est un sport populaire qui appartient au peuple, et que vous considérez ce Mondial comme une insulte aux vraies valeurs du sport,
Si vous trouvez monstrueux l’idée de construire des stades climatisés à usage unique et de faire voler 160 avion-navettes par jour pour les spectateur.ice.s des pays voisins,
En bref, si vous vous dites que là, franchement, les limites ont été dépassées, pulvérisées même.
Inscrivez une équipe et rejoignez-nous pour une journée autant décomplexée que la leur pour rire et s’unir en criant « plus jamais ça ». Plus jamais on ne vous laissera vous foutre à ce point de la gueule du monde sans rien dire. En espérant que toutes les critiques et appels à boycott cristallisés autour de cette compétition fassent appel d’air concernant de futurs événements sportifs tout autant déconnectés.
Infos :
Lieu et date : à Fribourg le 20 novembre (terrain du Graabensal, horaire à définir)
Tournoi gratuit, non-compétitif et auto-géré (donc notamment auto-arbitré)
Équipes mixtes et déguisées de minimum 6 personnes (si vous n’êtes pas assez, inscrivez-vous quand même, on reconstituera des équipes le jour J avec les présent.e.s)
Bouffe pop’ à prix libre
Mail d’inscription : colvertfoot@protonmail.com (dites-nous combien environ vous serez et trouvez un petit nom pour votre équipe)
Inscription possible jusqu’au 30 octobre
Attention, le terrain ne sera ni couvert, ni climatisé, ni chauffé. Donc venez avec vos cols roulés.
Le reste des infos seront transmises par mail aux équipes inscrites
