Depuis des années, la marque Montblanc sous-traite sa production de maroquinerie à Prato dans la banlieue de Florence. Derrière des accessoires de prestiges estampillés Made in Italy se cachent des conditions d’exploitation proche de l’esclavagisme. À deux pas de chez nous travail au noir, journée de travail de 12 heures 7 jours par semaine, intimidations antisyndicales sont le quotidien de milliers d’ouvriers. C’est ce business model honteux qui a permis au groupe genevois Richemont, propriétaire de la marque Montblanc, de terminer l’année 2023 avec 5 milliards d’euros de bénéfices.
Pendant une heure, les manifestant-e-s genevois réuni-e-s devant la boutique cossue des rue basses ont donc appelé les clients de Montblanc à boycotter la marque tant que des conditions de travail acceptables ne sont pas respectées et l’entreprise à prendre ses responsabilités. Outre des banderoles, les manifestants ont brandi des ballons en forme de 8 X 5 symbolisant les 8 heures de travail pour 5 jours par semaine qui représente la demande des travailleurs employés par les sous-traitants de Montblanc/Richemont.
Plusieurs prises de parole ont rythmé le rassemblement. Davide De Filippo, président de la CGAS (Communauté genevoise d’action syndicale), a dénoncé l’hypocrisie de Montblanc qui tente de se déresponsabiliser des conditions de travail dans les entreprises qui dépendent de ses commandes. Pire, lorsque les organisations syndicales italiennes arrivent à obtenir le respect de la convention collective du travail du secteur textile chez un de ses sous-traitants, Montblanc coupe les commandes, car cela réduit ses marges.
Elisabeth Schenk de l’association Public Eye a souligné que le cas de Montblanc rappelle une fois de plus l’importance de mettre les multinationales suisses réellement devant leurs responsabilités sociales : la richesse de Genève ne peut pas se bâtir sur la misère des travailleurs du reste de l’Europe.
Aude Martenot, du mouvement solidaritéS, a rappelé que le groupe Richemont, qui possède Montblanc, a été fondé par Johann Rupert, un magnat dont le portefeuille dépasse les 14 milliards. Cette fortune s’appuie sur l’exploitation des travailleur·ses, mais aussi le pillage de la colonisation et l’exploitation des énergies fossiles.
Matthieu Jotterand, du Parti socialiste genevois, a annoncé une interpellation au Grand Conseil pour questionner les relations qu’entretiennent les autorités cantonales avec le groupe Richemont, dont le siège est à Genève, que cela soit en termes de promotion économique ou d’avantages fiscaux, qu’il conviendrait de révoquer tant que le droit du travail et les droits syndicaux ne sont pas respectés par Montblanc dans toute la chaîne de production.
La section genevoise de l’ ANPI (Associazione Nazionale Partigiani d’Italia) a dénoncé les ratonnades dont ont été victimes les travailleurs dépendant de Montblanc, récemment attaqués à la barre de fer lors d’un piquet de grève. L’ANPI a rapproché cette attaque aux heures les plus sombres du fascisme en Italie alors que le gouvernement de Giorgia Meloni s’apprête à approuver un projet de loi qui réduit les droits syndicaux.
Le rassemblement s’est clos en rappelant les demandes adressées à Richemont :
- 8 heures de travail x 5 jours par semaine chez ses sous-traitants
- Fin des politiques antisyndicales
- Continuité de l’emploi pour tous-tes les travailleurs-euses de la chaine de production, même en cas de changement de contrat de sous-traitance