Les murs autour de l’Europe s’élèvent. Les clôtures sont encore renforcées, des drones sont utilisés pour surveiller les frontières, des pushbacks sont effectués - par Frontex ou également par des milices fascistes. En Europe aussi, les conditions pour les personnes migrantes se durcissent. La structure et les lois de la politique migratoire suisse, mais pas seulement, sont conçues pour dissuader et expulser. La violence, sous forme psychique et physique, en est un élément de base. Derrière les murs des camps d’asile fédéraux, les personnes demandant l’asile sont isolées du reste de la société et soumises à l’intimidation, au harcèlement, à la surveillance et à la pression. Cette violence raciste massive coûte la vie à des dizaines de milliers de personnes et plonge des millions d’autres dans la précarité. Mais la solidarité sociale reste largement absente. Au contraire, les discours racistes et déshumanisants se normalisent, alors que, selon les chiffres de l’ONU, le nombre de personnes fuyant la guerre et la violence n’a jamais été aussi élevé.
Dans le sillage des protestations contre les mesures de Corona prises par l’État, les réseaux de droite ont gagné en force. Des néonazis ont pris la tête de plusieurs manifestations. Il existe un lien dangereux entre les récits de conspiration diffus et les structures de droite existantes. Dans ce contexte, une critique de la gestion de la crise par l’Etat ne doit en aucun cas s’accompagner de mythes de conspiration, de la négation de la Corona ou du nationalisme. Mais les voix de gauche étaient bien trop discrètes à ce moment-là.
Et ce à une période où l’insécurité économique s’est accrue pour la plupart des salarié.e.x.s, tandis que les grands groupes engrangent des milliards de bénéfices en pleine crise. Le même Etat qui nous exhorte en permanence à la “solidarité” impose des mesures d’austérité néolibérales au secteur de la santé et bloque l’abrogation des brevets afin de protéger les profits des groupes pharmaceutiques. La vaccination reste ainsi peu accessible à de nombreuses régions du monde.
Comme il n’y a pas de solutions aux contradictions sociales dans les conditions capitalistes, on renforce tout simplement la répression. Pendant la pandémie, les lois sur la police et la surveillance ont été étendues et les poursuites pénales contre les protestations intensifiées. Après avoir échoué à atteindre un taux de vaccination élevé par l’information et des offres simples et accessibles, on a tenté d’augmenter la pression par le biais du certificat. Le problème, c’est que nous nous habituons à nous contrôler mutuellement et à nous identifier partout.
Mais nous n’attendons pas non plus de cet État qu’il nous aide dans les crises actuelles et futures. Nous devons développer nos propres forces sociales. C’est d’ailleurs ce qui se passe déjà en de nombreux endroits : le mouvement féministe mondial qui s’organise contre l’État et ses structures patriarcales ; l’organisation et la résistance des personnes migrantes en Europe ou les manifestations croissantes contre la destruction du climat, pour n’en citer que quelques-unes.
Le glissement actuel vers la droite est réel et nous devons le prendre au sérieux. Mais nous ne devons pas nous laisser décourager ! Au contraire, prenons les nombreuses crises comme une occasion de faire avancer notre organisation et notre mise en réseau et de mettre une perspective solidaire à l’ordre du jour !
Descendons ensemble dans la rue le 12.02.2022 et donnons un signal antifasciste fort !