Les manifestations spectaculaire auxquelles on a assisté ces derniers mois en Allemagne, en Pologne et en France, mais aussi, dès 2019, aux Pays-Bas font l’objet de divergences interprétatives au sein de la gauche.
Pour certains, il n’y a « rien d’émancipateur à trouver dans ces mouvements » portés par un petit patronat agricole qui se rapproche de plus en plus dangereusement de l’extrême-droite.
Pour d’autres, « plutôt que de focaliser sur les divergences autour de l’écologie, qui doit avant tout être reconquise par la base et dans la lutte, il est désormais temps de s’investir en soutien à ce mouvement et de prêter nos mégaphones aux paysan·nes. »
Nous pensons qu’il faut se donner les moyens d’interpréter correctement ces mouvements, car ils interviennent dans un contexte qui ne ressemble pas à celui des mouvements agricoles du milieu des années 1990 contre l’Uruguay Round ou du début des années 2000 après la fin des quotas laitiers. La reconfiguration politique provoquée, partout en Europe, par une montée en puissance de l’extrême-droite ne peut pas être balayée d’un revers de main. Une partie de la bourgeoisie semble désormais prête à justifier ses alliances politiques avec l’extrême-droite autour d’un souverainisme paysan.
La Suisse est d’ailleurs à la pointe de cette dynamique, puisque l’Union démocratique du centre joue adroitement de son passé agrarien pour renouveler l’alliance séculaire entre la bourgeoisie industrielle et la bourgeoisie paysanne autour de figures comme celles du conseiller fédéral Guy Parmelin.
Nous proposons quatre présentations qui ont pour objectifs de situer les forces en présence, d’apporter des éléments de compréhension politique et d’indiquer les ressources disponibles pour réfléchir au-delà de l’opposition caricaturale entre « agro-business » et « agriculture familiale ».
Des observateurs du monde agricole.