Expulsion

Non à l’expulsion des habitant-e-s de la Petite-Boissière

À la suite de la résiliation de leur bail par la Ville de Genève, les habitant-e-s du 24 chemin de la Petite-Boissière dénoncent une expulsion sans raison.

Genève |

Historique

À la suite de l’occupation de la villa Freundler en 1992, les habitant-e-s ont fondé une association qui visait notamment à procurer à ses membres des espaces d’habitation collectifs et autogérés. Ses membres fondateur-trice-s ont ainsi expérimenté cette forme d’habitat pendant 20 ans. En février 2012, pour permettre les travaux de rénovation de la villa Freundler et avec la promesse d’y retourner, l’association a signé un bail associatif avec le Département des constructions et de l’aménagement de la Ville de Genève, et s’est déplacée dans une maison au chemin de la Petite-Boissière. Deux ans plus tard, le bail associatif a été reconduit à la Petite-Boissière, la Ville ayant finalement décidé d’une autre affectation pour la villa Freundler. Depuis, de nouveaux membres ont rejoint l’association, et le collectif d’habitation s’est renouvelé tout en continuant de promouvoir un habitat collectif et accessible.

Changement de CA

Pendant dix ans, les échanges avec la Ville ont été fluides et cordiaux. C’est pourquoi les membres de l’association ont été choqué-e-s de recevoir une résiliation de leur bail en janvier 2021. N’ayant jamais reçu aucune plainte, ni de la Ville ni du propriétaire, il est vite apparu évident que le changement de Conseil administratif de la Ville de Genève l’année précédente avait entraîné cette décision à la fois abrupte et absurde. En effet, le Plan localisé de quartier de « La Petite-Boissière » (situé entre la route de Malagnou, le chemin de la Boisserette, le chemin de la Petite-Boissière et la promenade Charles-Martin) n’est pas près d’aboutir. Par conséquent, la maison sise sur la parcelle ne sera pas démolie avant plusieurs années.

Résiliation – conciliation – procès

Depuis l’investiture du nouveau CA de la Ville en mai 2020, les habitant-e-s et les membres de
l’association ont tenté maintes fois de contacter individuellement les Conseiller-ère-s administratif-ive-s afin d’engager un dialogue, et ce avant même que le bail ne soit résilié. À la suite de la résiliation, ils et elles ont soumis un dossier présentant leurs membres ainsi que leur projet, mais la Ville a refusé toute rencontre, optant pour une procédure juridique couteuseet mandatant un cabinet d’avocat externe pour la mener. Cela alors que les habitant-e-s avaient proposé des garanties assurant leur départ à l’entrée en force des travaux. Lors des échanges avec les membres du CA, chaque Conseiller et Conseillère concerné-e renvoyait maladroitement la
responsabilité du dialogue à ses collègues - entre S. Kanaan (ancien maire), A. Gomez (à la tête de la GIM) et F. Perler (bail contracté avec son département).
Face à ces refus systématiques, les habitant-e-s de la villa ont demandé une conciliation au Tribunal des Baux et Loyers. Conciliation que les représentant-e-s de la Ville ont balayé une fois de plus avec mépris, arguant que le bail initial signé en 2012 avait pour unique but le relogement des ancien-ne-s habitant-e-s de la villa Freundler. Or, le bail en question avait bien pour but de permettre à l’association de continuer à promouvoir ce type d’habitation collective pour ses membres.
Ce n’est qu’à force d’insistance qu’en juin 2021, les habitant-e-s ont enfin obtenu une entrevue avec M. A. Gomez qui, bien qu’il soit un élu issu du monde associatif, a refusé de prendre quelque responsabilité, les renvoyant à la procédure juridique. Aucun dialogue n’a pu être initié, alors qu’un accord aurait facilement pu être trouvé, les habitant-e-s ne demandant pas la lune mais leur maintien dans la maison jusqu’à l’entrée en force des travaux.
Le verdict a été rendu en juin 2022 et l’évacuation est ordonnée pour le 31 décembre 2022. S’opposant à leur expulsion, les habitant-e-s prennent les devants en dénonçant cette situation et en appelant une nouvelle fois la Ville à la négociation.

Incompréhensible

Pourquoi le nouveau CA de la Ville préfère-t-il mettre 7 personnes à la rue et laisser une maison vide, plutôt que de renouveler leur bail ou de proposer un accord ? La Ville (majoritairement à gauche) va-t-elle vraiment expulser les habitant-e-s du 24 ch. de la Petite-Boissière, alors qu’il n’y a pas de projetsur la maison, que ces dernier-ère-s entretiennent de bonnes relations avec le voisinage et avec le propriétaire ; que, depuis dix ans, ils et elles payent un loyer conséquent et prennent soin des lieux.
Leur seul tort est manifestement d’avoir contracté un bail en 2012 avec le mauvais Département ; dès lors, pourquoi ne pas établir un nouveau bail avec le Département des finances, de l’environnement et du logement ?

Scandale

En pleine crise du logement et dans un contexte de précarité à cause de la crise covid, le nouveau CA de la Ville utilise des prétextes pour se délester d’un bail dont il ne veut plus la responsabilité et expulse des personnes qui appliquent un mode solidaire de logement associatif. Cette politique de la Ville s’inscrit dans une volonté globale d’éradication de ce type d’habitat depuis 20 ans à Genève. En effet, après la fermeture systématique des squats et des lieux de rencontre sociaux-culturels, l’habitation collective et autogérée ne trouve plus sa place dans une ville où le coût du logement est en hausse perpétuelle, et où la moindre pièce louée est pensée pour le modèle de la famille nucléaire.
Quelques mètres plus loin, on trouve un exemple attristant de ce qui pourrait advenir à la Petite-Boissière : la majorité des villas sur la promenade Charles-Martin, restées vides des années ou déjà démolies en vue d’un PLQ qui ne verra le jour que dix ans plus tard.

Les habitant-e-s resteront

Une fois encore, les solutions sont pourtant simples. Se rencontrer, dialoguer et renouveler le contrat de bail avec la GIM, plutôt que de mettre à la rue 7 personnes qu’il faudra reloger… à la GIM. Les habitant-e-s ne partiront pas avant l’entrée en force des travaux et se mobilisent aujourd’hui pour qu’un accord soit trouvé.

Laissez-nous payer notre loyer !

Les habitant-e-s du 24 chemin de la Petite-Boissière et l’association des habitant-e-s de la villa Freundler

Notes

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co