Logement - Squat

Pas plus de propriété privée mais bien des logements pour touxtes !

Il y a dix jours, deux projets de loi défendus par la droite au sujet de l’aménagement du territoire pour le secteur du Praille-Acacias-Vernets (PAV) ont été rejetés par la population votante genevoise. Ces deux projets concernent le régime et la part de propriétés par étage (PPE, une forme de copropriété, plusieurs personnes détenant une partie d’un immeuble p.ex) prévus sur le périmètre du PAV appartenant à l’Etat. Il s’agit bien de décider du profil des futures personnes qui auront les moyens d’habiter dans ces quartiers, les PPE étant un type de logement en propriété attractif pour les populations les plus aisées, au détriment des populations plus précaires qui sont évidemment locataires.

Genève |

Ce dont cette ville a besoin, ce sont des logements abordables et de qualité pour touxtes !

Sur la base de précédentes votations et accords privés, seuls 12% des logements à construire sur les terrains publics du PAV devaient être des PPE en droit de superficie, contre 88% de locatif. Ces PPE “en droit de superficie” signifient que les appartements de ces nouveaux immeubles appartiennent à plusieurs propriétaires, mais que le sol sur lequel ils sont construits demeure propriété de l’Etat. Ce dernier le loue à ces futurs propriétaires pour un faible prix et une longue durée (99 ans) et si au bout de 99 ans l’Etat décide de ne pas renouveler le contrat, il doit indemniser les propriétaires au prix du marché ; ce qui crée déjà une marge très attractive pour les proprios. Malgré ces conditions favorables aux bourgeois, l’avidité de la droite n’était manifestement pas satisfaite.

  • Dans le premier projet de loi, la droite comptait faire passer une partie des PPE à construire d’un régime en droit de superficie à un régime “classique” en pleine propriété. Si la loi avait passé la rampe, le sol aurait lui-aussi fait l’objet d’une vente par l’Etat et la propriété privée aurait été renforcée aux dépens de la collectivité.
  • Dans le deuxième projet de loi, il s’agissait d’augmenter le nombre de PPE de 12% à 24%. Autrement dit, le projet favorisait l’offre de logements pour les classes aisées au détriment des classes populaires.

Il ne s’agissait donc absolument pas de répondre à la demande de la population genevoise, dont plus de 80% est locataire ! La droite assurait défendre les intérêts de la classe moyenne, mais ses projets dépossédaient la collectivité pour l’usage des classes les plus riches, et pour le profit des promoteurs. Cet échec de la droite illustre la défaite de sa tentative de berner la population genevoise sur les questions de logement.
Par un retournement grotesque, les riches invoquaient une “diversité de logements accessibles à tous”. La minorité dominante qui prétend que ses intérêts sont ceux de la majorité en déformant des valeurs progressistes, c’est un des fondements sur lesquels repose notre démocratie libérale capitaliste. Démanteler l’Etat social en invoquant la liberté individuelle, combattre le droit à l’avortement en affirmant défendre les droits humains ou dénoncer la prétendue censure wokiste des mouvements d’émancipation relèvent du même principe.
Les projets de lois de la droite n’avaient rien d’accessibles ni de divers. Ils défendaient froidement les intérêts de la classe bourgeoise. La crise du logement aurait été aggravée par ces propositions antisociales.

Alors à l’heure où Hodgers affirme qu’“il est temps de dépolitiser le PAV”, nous assénons au contraire qu’il n’a jamais été plus pertinent de repolitiser la question de se loger à Genève. C’est-à-dire que celles et ceux qui y habitent puissent avoir leur mot à dire et qu’on puisse, collectivement, reprendre du pouvoir sur la façon dont cette ville est produite et la manière dont y vit. Nous ne voulons pas d’une “culture du dialogue” avec la bougeoisie immobilière qui cherche à se faire du profit sur notre dos, comme le voudraient les plus moux de nos politicien.ne.s, mais bien que toustes puisse se loger à Genève.

Nous ne sommes pas dupes des proposotions de la droite, complice de la minorité capitaliste, mais nous ne pensons pas non plus que notre système politique permette de réellement prendre en compte les intérêts de la majorité de la population. Malgré un taux de participation aux votations plus fort que d’habitude, soulignant l’intérêt de la population sur les questions sociales (retraites et logement), la réalité demeure qu’il ne se monte pas à plus de 52,7% de la population votante genevoise. Une maigre expression démocratique, si l’on compare ce chiffre au nombre de personne vivant (légalement ou non !) sur le territoire..

Ce système ne va pas changer à coup de référendums et d’initiatives. Seule la lutte menée dans la rue et les quartiers pourra inverser la tendance à la confiscation de la ville pour loger les riches au profit des promoteurs.

RENDEZ-VOUS le 23 mars à 16h pour combattre ensemble les spéculateurs véreux et revendiquer des logements abordables pour touxtes !

Collectif Silure, Genève le 15 mars 2024
Contact : silure@riseup.net

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