"La modernité occidentale se définissait par le projet d’apporter la liberté à toutes et tous, au contraire des civilisations qui en avaient fait le privilège d’une minorité. Mais le fiasco manifeste de ce projet, à l’heure où les inégalités explosent aussi vite que les dispositifs liberticides se multiplient, invite à questionner l’idée de liberté sous-jacente.
Sous l’idéal d’émancipation comme arrachement à la nature, Aurélien Berlan décèle la vieille aspiration aristocratique à la délivrance : le désir de mener une vie déchargée des tâches pénibles de la vie quotidienne. Injustice sociale et désastre écologique apparaissent ainsi indissociables, puisque se délivrer des nécessités vitales implique à la fois l’exploitation des autres et celle de la nature.
Contre ce désir nihiliste, il est temps de renouer avec la quête d’autonomie matérielle et politique : prendre nous-mêmes en charge notre subsistance, de manière collective et égalitaire, comme nous y invitent le mouvement des ZAD ou le combat des zapatistes au Chiapas."