Migrations - Frontières

Réflexions sur le rôle du personnel de santé dans les déportations

Dans le texte suivant, nous partageons nos réflexions sur une récente déportation ainsi que sur le rôle joué dans ce cadre par le personnel de santé.
Nous écrivons du point de vue de femmes-cis, blanches, travaillant dans le secteur de la santé, sans expérience de migration ou de fuite.

++ ENGLISH BELOW ++ DEUTSCH UNTEN ++

Le 27.01.2021, 7 personnes ont été déportée de Suisse vers l’Éthiopie. Un rapport de l’une de ces personnes peut être consulté ici : https://barrikade.info/article/4176 (la version française se trouve en bas du texte)

Trois jours avant l’expulsion, deux personnes ont entamé une grève de la faim et de la soif. Cela signifie qu’ils n’ont ni bu ni mangé pendant ces journées en guise de protestation. Une personne a été conduite aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) avant d’être expulsée. Nous n’avons pas connaissance de ce qui a été fait là-bas, qui a pris soin de la personne et quelles mesures ont été prises. Nous ne savons pas non plus si la personne en grève de la faim a consenti à ces mesures.

Cependant, nous savons qu’après plusieurs heures, cette personne est sortie de l’hôpital et a été expulsée vers l’Éthiopie quelques heures plus tard sur un vol Frontex. Sous le lien suivant se trouvent de plus amples informations sur la situation actuelle en Éthiopie : https://migrant-solidarity-network.ch/en/2021/01/25/sonderflug-stoppen-stellungnahmen-aus-der-aethiopischen-community/#more-2129.

Une personne entame une grève de la faim en signe de protestation politique pour empêcher son expulsion et est ensuite conduite à l’hôpital. Quelques heures plus tard, elle est expulsée.

Cette enchaînement d’événements nous amène à penser que la défense des intérêts de l’État suisse a été placé au premier plan, au lieu de la santé et les intérêts de la personne hospitalisée. Dans cette situation, les intérêts de l’État ont directement été mis en œuvre par un hôpital ainsi que par son personnel de santé. Ces derniers font donc partie d’un système correctionnel judiciaire et répressif de l’État et y jouent un rôle actif.

Les déportations en général, les actions du personnel médical dans ce contexte-ci, ainsi que l’ensemble de l’appareil répressif suisse sont inhumains. Ceux-ci, ainsi que l’ensemble de l’appareil répressif suisse, sont en contradiction avec les valeurs fondamentales des institutions de santé.

Nous tous et toutes qui travaillons dans le secteur de la santé devons être conscients et conscientes de cette contradiction et y apporter une réponse. Refuser de le faire signifie faire partie de ce système et dans ce cas spécifique, revient à prendre une part active à une expulsion.

La neutralité n’existe pas, nous devons développer une critique et prendre position. Cela inclut de mener des réflexions et les actions qui en découlent.


We write from the perspective of white cis women in the health sector, without any experience of migration or fleeing from a home.

On 27.01.2021 7. people were deported from Switzerland to Ethiopia. A report from one of these people can be found at this link : https://barrikade.info/article/4176
Two people went on a hunger and thirst strike three days before the deportation. This means that they did not drink or eat during these days as a form of protest. One of these people was taken to the University Hospital in Geneva (HUG) before deportation. We do not know what was done there, who took care of the person and what measures were taken. Nor do we know about the consent of the person to these measures. It is known that this person was released from the hospital after several hours and was deported to Ethiopia on a Frontex flight after another few hours. In the following link more information about the current situation in Ethiopia can be found : https://migrant-solidarity-network.ch/en/2021/01/25/sonderflug-stoppen-stellungnahmen-aus-der-aethiopischen-community/#more-2129

A person goes on a hunger strike as a political protest to prevent deportation and is taken to hospital as a result. Only hours later, they are deported.
This course of events leads us to believe that the enforcement of the interests of the Swiss state were in the foreground and not the health and interests of a person to be treated. In such a situation, these interests are directly implemented by a hospital and also its health personnel. They are thus part of a state correctional and repressive system and take an active role in it. Deportations in general, and the actions of medical personnel in this context, are inhumane. These, as well as the entire Swiss repressive apparatus, are contrary to the basic values of health institutions. All of us who work in the health sector must be aware of this contradiction and develop an attitude towards it. To refuse this confrontation means to be part of this system and here specifically also part of a deportation.
Neutrality does not exist, we must develop attitudes and take a stand. This includes reflection and resulting actions.

We, as part of the health care system, would like to see us talking about this issue, developing our ideas and resisting guidelines when necessary.

Please share these thoughts with people, associations and healthcare institutions.


Wir schreiben aus der perspektive von weissen Cis-Frauen aus dem Gesundheitsbereich, ohne Migrations- oder Fluchterfahrungen.

Am 27.01.2021 wurden 7 Personen von der Schweiz nach Äthiopien ausgeschafft. Ein Bericht von einer dieser Personen ist unter diesem Link zu finden : https://barrikade.info/article/4176
Zwei Menschen traten drei Tage vor der Ausschaffung in einen Hunger- und Durststreik. Dies bedeutet, dass sie während diesen Tagen als Form des Protestes weder Trinken noch Essen zu sich genommen haben. Eine dieser Personen wurde vor der Ausschaffung ins Universitätsspital in Genf (HUG) gebracht. Uns ist nicht bekannt, was dort gemacht wurde, wer die Person betreut hat und welche Massnahmen eingeleitet wurden. Ebensowenig wissen wir über die Einwilligung der Person zu diesen Massnahmen.
Bekannt ist, dass diese Person nach mehreren Stunden aus dem Spital entlassen wurde und nach weiteren Stunden mit einem Frontex Flug nach Äthiopien ausgeschafft wurde. Im folgenden Link sind mehr Informationen zur aktuellen Situation in Äthiopien zu finden : https://migrant-solidarity-network.ch/en/2021/01/25/sonderflug-stoppen-stellungnahmen-aus-der-aethiopischen-community/#more-2129

Eine Person geht aus politischem Protest in einen Hungerstreik, um eine Ausschaffung zu verhindern, und wird deswegen ins Spital gebracht. Nur Stunden später wird sie ausgeschafft.
Dieser Ablauf lässt uns vermuten, dass die Durchsetzung der Interessen des Schweizer Staates im Vordergrund standen und nicht die Gesundheit und Interessen einer zu behandelnden Person. Diese Interessen werden in einer solchen Situation direkt von einem Spital und auch dessen Gesundheitspersonal umgesetzt. Sie sind somit Teil eines staatlichen Justizvollzugs und Repressionssystems und nehmen eine aktive Rolle darin ein.
Ausschaffungen im Allgemeinen, und die Handlungen des medizinischen Personals in diesem Kontext, sind menschenverachtend. Diese, sowie der gesamte schweizerische Repressionsapparat, stehen im Widerspruch zu den Grundwerten von Gesundheitsinstitutionen.
Diesem Widerspruch müssen wir uns alle, die im Gesundheitsbereich tätig sind, bewusst sein und eine Haltung dazu entwickeln. Diese Auseinandersetzung zu verweigern, heisst Teil dieses Systems und hier spezifisch auch Teil einer Ausschaffung zu sein.
Neutralität existiert nicht, wir müssen Haltungen entwickeln und Stellung beziehen. Dies beinhaltet Reflexion und daraus resultierende Handlungen.

Wir wünschen uns, dass wir, als Teil des Gesundheitssystems, uns über diese Thematik austauschen, unsere Ideen weiterentwickeln und wenns nötig ist, uns Richtlinien widersetzen.

Bitte Teilt diese Gedanken mit Menschen, Verbänden und Institutionen des Gesundheitswesens.

Notes

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co