Ce matin un immeuble de la Rue Royaume dans le quartier des Pâquis a été occupé. Symbole de ce que la bourgeoisie genevoise peut faire de pire, cet immeuble, possédés par une société en liquidation, était laissé à l’abandon depuis de nombreuses années et servait de logement à des victimes d’un marchand de sommeil, précarisées par les infâmes restrictions qu’impose la politique migratoire à la liberté des personnes.
Une partie de l’immeuble a été la proie des flammes, il y a un peu plus de deux ans. Après l’incendie, les ancien·nes habitant·es ont été livré·es à de nouveaux marchands de sommeil.
Qu’a entrepris le propriétaire depuis l’incendie ? Rien. Qu’ont entrepris les autorités depuis l’incendie ? Rien.
Le Silure apporte son soutien enthousiaste à l’action entreprise aujourd’hui. L’action directe et la réappropriation sont toujours des outils légitimes. Ils le sont en particulier quand la bourgeoisie s’affranchit de toute décence pour ne plus rechercher que le profit maximum.
Cette occupation nous montre une voie à suivre. Nous espérons qu’elle dure et qu’elle soit le début d’une longue série. Nous voulons aussi avancer sur d’autres terrains : plafonnement des loyers, primat des droits d’usage sur le droit de propriété, répartition équitable des surfaces à l’échelle de la région, protection des locataires en cas de non-paiement du loyer, etc. Comment mettre ces questions à l’agenda politique ?
La soi-disant « paix du logement » signée sur les décombres encore fumants des maisons occupées en 2007 a eu pour seul effet d’augmenter la répression des occupations de logements. Pour le reste, elle n’a apporté qu’une dépolitisation de la question. La gauche institutionnelle se complait dans la production de logement coopératifs : une solution très partielle qui n’attaque en rien les rentes colossales dont bénéficient les propriétaires immobiliers et fonciers. Les bénéficiaires de la rente foncière doivent se sentir attaqués sur tous les plans.
À l’occasion de cette occupation, nous voulons affirmer notre solidarité avec les occupant·es et les mal-logé·es de France que la majorité présidentielle vient de criminaliser avec des dispositions ultra-répressives en cas de non-paiement du loyer ou d’incitation à l’occupation. Cette loi dite Kasparian a suscité, en France, une grande indignation. En Suisse, ces dispositions sont en vigueur depuis longtemps et tout le monde les trouve normales.
Nous voulons également affirmer notre solidarité avec les camarades zurichois de Kochareal qui sont menacés d’expulsion.
Plus largement, nous disons notre solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent pour que la terre appartienne à qui la cultive et les logements à qui les habite.
Enfin, nous rappelons que le Silure va lui-même devoir quitter ses locaux à la fin du mois de mars et qu’aucune solution de relogement temporaire n’est en vue pour le moment.
Le Silure, 9 février 2023