Iran/Egypte : Les luttes internationalistes
jeudi 30 mai à 18h30
Egypte : la cité des morts
Liban – 1977 – 35’ – VOstFR
Jocelyne Saab se rend en Égypte pour dresser un portrait du Caire, « mère du monde », dont elle cherche les racines. Alors que Beyrouth, sa ville, tombe en ruines, elle va chercher dans la Cité des Morts les traces d’une manière de vivre et de traditions sous les coups de la mondialisation. Elle va montrer et analyser l’écart qui se creuse entre la classe privilégiée en complicité avec les occidentaux et la politique de Sadate, et la couche populaire subissant les contre-coups de la modernité.
J’ai réalisé ce film en février 1977 à la suite des émeutes des 18 et 19 janvier de la même année. Plusieurs séquences ont été tournées sans autorisation. La gauche égyptienne ayant été sévèrement réprimée, deux des personnages apparaissant dans le film, d’ailleurs, sont actuellement en prison : Cheikh Imam, le chanteur aveugle, et Azza, la femme du poète égyptien Ahmad Fouad Nagm. C’est l’histoire d’un cimetière habité – « La Cité des Morts » – qui s’étend aux portes du Caire et en bordure des décharges publiques de la ville comme un vivant reproche et une mauvaise conscience. À partir de la Cité, le film montre les quartiers populeux du Caire qui s’hypertrophie, se ceinture de misère, chaque jour plus menacé de paralysie.
Jocelyne Saab
Iran, l’utopie en marche
Liban – 1980- 52’ – VOstFR
La Révolution iranienne a conduit à la chute du Shah et à l’installation d’une République Islamique. Ce film a pris le parti de s’écarter de l’actualité la plus brûlante pour tenter de cerner, à travers l’ensemble de la société, ce que représentait cette vague qui allait déferler sur le monde musulman.
Ce film, tourné au cours des premiers mois du « Printemps perse », est le témoin d’un moment historique où tous les possibles sont sur la table. Trente-cinq millions d’iranienxes cherchent dans l’utopie d’un Islam nouveau à reconquérir une identité culturelle. Et l’aspiration à la liberté d’un peuple, trop longtemps brimé par la dictature du Shah, s’exprime de façons contradictoires. La caméra suit alors dans le bazar d’Ispahan la campagne électorale d’un député de tendance libérale ; à l’université de Téhéran, les violentes diatribes entre partisanxes de Shariati et celleux de Khomeini. Dans les rues de la capitale, l’objectif enregistre les actions punitives des nouveaux nervis de la pureté Islamique : les Hezbollahis. Nous assistons aussi à l’entraînement des premiers Basijs et Pasdarans, bras armés de l’ordre en gestation dont la mission est de lutter contre les tentations autonomistes. Car l’Iran est un pays multiethnique. Dans les montagnes du Nord, la minorité kurde forme elle aussi ses brigades : les Peshmerga. A l’Est, les tribus du Baloutchistan renouent des contacts avec leurs frères d’Afghanistan, de l’autre côté des frontières.
Iran, l’utopie en marche donne au spectateur une grille de lecture qui l’aide à comprendre les enjeux actuels dans cette région.
Jocelyne Saab