Communiqué post-expulsion de la ZAD
🥁Ce mardi 30 mars, aux aurores, c’est en dansant au rythme des tambours que la ZAD de la Colline s’est réveillée. Haute en couleurs, la résistance se voulait festive et ce malgré les tensions. Pancakes chauds entre les mains des militant.e.x.s, les premiers blocages se mettaient en place tranquillement devant le cimetière de La Sarraz et dans la carrière d’Holcim. Grâce aux nombreux soutiens de la Grève du climat et d’Extinction Rébellion, la police a mis plusieurs heures à arriver jusqu’au premières barricades érigées. Nous sommes incroyablement reconnaissant.e.x.s de l’aide apportée par ces groupes qui ont rendu cette résistance bien plus forte.
🧯Derrière les blocages, une foule de statuettes en terre cuite bloquait la route qui monte sur la colline, formant une image boule-versante au fur et à mesure que les engins de destructions les écrasaient. Plus loin, la barricade d’entrée de la ZAD a vu arriver une centaine de policier.e.x.s suréquipé.e.x.s face à des militant.e.x.s bien déterminé.e.x.s à protéger tant leurs maisons que le vivant. A l’intérieur de la ZAD, certain.e.x.s étaient suspendu.e.x.s dans les airs, dans des tripodes, des skypodes, des cabanes et des arbres, prêt.e.x.s à faire des aller-retours sur des traverses pour perturber les interventions. D’autres étaient accroché.e.x.s avec des armlocks sur le toit de la maison au centre de la ZAD. Nous étions là, avec notre radio pirate logée à plus de dix mètres dans les arbres qui boostait nos forces, organisé.e.x.s face aux troupes de police qui arrivaient en masse. Chacun.e.x à notre manière, en liant offensive, action symbolique et tactiques de ralentissement des forces de l’ordre, nous défendions à la fois notre avenir et un autre monde.
🚔En face de cette résistance diverse et colorée, se déployaient les uniformes ternes de la police. Ce qui nous a frappé, c’est l’asymétrie des moyens mis en place. Ce 30 mars, c’est une armée qui s’est abattue sur la ZAD : des blindés, des dizaines de camionnettes, de nombreuses motos, des canons à eau, deux hélicoptères, des pelles mécaniques ... Le dispositif policier était gigantesque et sans commune mesure avec les boules de peintures, les quelques pierres et les barricades en bois de la ZAD. Leurs armures renforcées, leurs boucliers anti-émeutes et leurs armes sublétales incarnaient, dans le murmure de nos poèmes, l’absurdité la plus totale.
💔Les images des pelles mécaniques et des monstres motorisés d’Holcim détruisant en quelques secondes des cabanes en bois construites en plusieurs mois nous déchirent le cœur. Nous sommes dégouté.e.x.s par la froideur métallique d’une entreprise et d’une justice qui démolissent sans état d’âme une expérimentation en acte d’une vision d’avenir vivable.
💣Pourquoi une telle armada devait tomber sur la ZAD ? De quoi est-ce que l’État a peur pour mobiliser un nombre si disproportionné de policier.e.x.s ? Selon un rapport du canton de Vaud, plus de 600 d’entre elleux ont été mobilisé.e.x.s. La décision de justice d’expulser la ZAD est du mauvais côté de l’Histoire. Elle se met du côté des intérêts des grandes multinationales mortifères, prêtant leurs machines à la police pour, ensemble, anéantir notre lutte. Contre cette justice soumise à la toute-puissance d’Holcim, nous savons que notre combat pour défendre le vivant et sa diversité est juste et nécessaire pour que nous puissions connaître un avenir souhaitable pour tou.te.x.s.
⚒La police peut évacuer une ZAD, mais elle ne peut éteindre un mouvement. Au contraire, elle attise notre détermination et confirme la nécessité de porter notre lutte sur deux fronts. Le premier en nuisant à la normalité économique - celle de l’exploitation et de la destruction des êtres vivants - par des manifestations, des grèves, des blocages, des appropriations et occupations de terres, etc. Le second en s’attachant à des lieux qui nous tiennent et auxquels on tient, en y inventant d’autres manières d’être, de nouvelles sensibilités, de nouveaux rapports à soi et aux autres. Apprendre à les défendre surtout, et depuis cette position nouvelle, nuire inévitablement et fièrement au système mortifère. Le débat que nous avons amené autour de la protection de ce lieu emblématique ainsi que sur la production de béton est une victoire certes. Mais notre intention n’est nullement de se contenter du discours politique institutionnel qui nous promet de nous avoir entendu tout en rasant notre lieu de vie. Nous revendiquons une écologie radicale bien loin de l’immobilisme de ces mêmes institutions qui nous mènent tout droit à la catastrophe. Notre détermination, à l’image des dernier.e.x.s zadistes encore perché.e.x.s dans les arbres après plus de 3 jours, mènera sans aucun doute à d’autres actions. Notre mouvement peut recevoir des coups, courber l’échine sous la douleur mais il ne faiblit pas pour autant. Nous nous relevons et grandissons. Ami.e.x.s, soutien.x.s, restez à nos cotés, avançons ensemble à l’image du monde que nous avons bâti pendant cinq mois.
💥Pour finir, nous voulons redire un grand merci à tout le travail dans l’ombre qui à permis de résister. La ZAD a déjà apporté tant à tant de personnes. Elle portera et apportera encore. L’Histoire nous donnera raison.
LaFargeHolcim, autres multinationales écocidaires et États complices on ne vous laissera plus agir. Le soutien ne suffit plus, nous appelons à l’action.