UN Watch a accusé l’UNRWA d’être « infestée par le terrorisme », citant l’affirmation non-fondée du gouvernement israélien selon laquelle douze employé·e·s de l’UNRWA ont participé aux attaques du 7 octobre – une affirmation qui, selon plusieurs sources indépendantes, manque de preuves et que même le National Intelligence Council américain a évalué de « faible confiance ». UN Watch et son directeur exécutif, Hillel Neuer, affirment que la possible participation de douze des 30 000 employé·e·s de l’UNRWA, dont la plupart sont des réfugié·e·s, est équivalente à une « infiltration du Hamas » dans l’organisation. L’ONG a également accusé l’UNRWA d’employer « des milliers de partisans du terrorisme » dans ses écoles parce qu’une poignée de personnes auraient célébré les attentats du 7 octobre dans un groupe Telegram destiné aux enseignant·e·s de l’UNRWA.
L’accusation sans fondement que les enseignant·e·s de l’UNRWA « partagent régulièrement des vidéos, des photos et des messages incitant au terrorisme djihadiste » n’est pas nouvelle. L’ONG n’a cessé d’accuser le personnel de l’UNRWA de participer ou de soutenir le terrorisme à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, en amplifiant les accusations de l’État israélien selon lesquelles l’UNRWA devrait être fermée parce qu’il s’agit d’une agence corrompue et politisée qui représente une menace permanente pour Israël. Le plan actuel de l’Etat israélien est de remplacer l’UNRWA avec USAID, l’agence officielle humanitaire Américaine avec des liens profonds avec les agences sécuritaires. Cependant, le sommet de UN Watch intervient à un moment où l’UNRWA risque déjà de s’effondrer suite à la décision des États-Unis et de 17 autres pays (inclus l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, l’Estonie, l’Islande, le Japon, l’Autriche, la Lettonie, la Lituanie et la Roumanie) de couper le financement de l’UNRWA.
« Il est profondément choquant, inhumain à vrai dire, que plusieurs gouvernements aient pris des décisions qui vont aggraver les souffrances de deux millions de Palestinien·ne·s déjà confrontés au risque d’un génocide et d’une famine artificielle, quelques jours seulement après que l’arrêt rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) a conclu que la survie des Palestinien·ne·s de Gaza était menacée. Il est particulièrement consternant que de telles mesures aient été prises après des allégations concernant 12 employés sur les 30 000 que compte l’UNRWA », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
L’UNRWA fournit l’éducation, des services de santé, des secours et des services sociaux aux 6,4 millions de réfugié·e·s palestinien·ne·s à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie. Cette décision, qui a été annoncée juste après la décision de la CIJ qui a confirmé la plausibilité de l’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud contre Israël, a été prise alors que l’UNRWA luttait déjà pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza, où des millions de personnes sont déplacées dans des camps et des abris et n’ont accès ni à la nourriture, ni à l’eau ou encore à des soins. L’Institut Lemkin pour la prévention du génocide a déclaré que la décision de suspendre le financement « représente un passage de plusieurs pays d’une complicité potentielle dans le génocide à une implication directe dans une famine artificielle ». Josep Borrell, le chef des Affaires étrangères de l’Union européenne, a également affirmé que l’effondrement de l’agence entraînerait la mort de « centaines de milliers de personnes ».
La Suisse a quant à elle mis en attente le versement de sa contribution à l’UNRWA pour l’année en cours. Le Conseil fédéral prendra une décision au printemps.
En organisant un événement dont le but explicite est de plaider en faveur de la fermeture de l’UNRWA, UN Watch s’aligne activement sur la punition collective des Palestinien·ne·s de Gaza. À la lumière du fait que l’existence continue de l’UNRWA est le résultat direct du refus d’Israël de garantir aux réfugiés palestiniens le droit au retour, un élément essentiel du mandat de l’UNRWA, l’appel de UN Watch à « imaginer un avenir sans l’UNRWA » équivaut à appeler a l’expulsion permanente des Palestinien·ne·s de leurs terres, acte final d’un processus de nettoyage ethnique de 75 ans qui a commencé avec la Nakba.
BDS Genève