Tout de suite, l’ensemble de la machine médiatique et/ou policière se met en place pour défendre la nécropolitique helvétique. La fabrique de l’impunité se déploie dès le premier instant. Moins d’une heure après la publication du premier article, la TDG le met à jour et reprend la thèse du suicide. Cette hypothèse est avancée alors qu’on nous dit que le jeune homme est décédé le matin-même et que le Ministère public vient tout juste d’ouvrir une enquête. Le journaliste rajoute dans la même mise à jour qu’il avait été interpellé car il “n’avait pas le droit de séjourner dans le pays”. La version policière est ainsi lancée sur les rails, avant toute enquête.
Comment ne pas voir, là sous nos yeux, se déployer une énième fois la logique obscène qui prône et perpétue l’impunité policière ? D’une part, la mort d’une personne détenue est tout de suite présentée comme si elle n’avait rien à voir avec les agissements policiers : un accident,de la “légitime défense policière” (sic) ou ici, un suicide. D’autre part, on suggère immédiatement que la victime était “coupable” et que sa mort, finalement, est quand même de sa faute. Ici, on souligne qu’il était “en situation irrégulière”. Être mis “en situation irrégulière” en Suisse c’est être condamné à n’avoir aucun droit, c’est être condamné à subir les frontières, les prisons, les titres de séjour invivables, les douaniers et les flics et la mort. Être mis “en situation irrégulière” ne devrait pas enlever le droit à l’humanité et à la dignité.
Quoi qu’il en soit, un suicide en prison ou dans un commissariat (ou tout centre d’enfermement) ne peut pas être considéré comme une mort volontaire. On ne peut pas enfermer quelqu’un dans des conditions indignes et prétendre n’avoir aucune responsabilité quant aux conséquences sur la vie de cette même personne. Or les autorités ne prennent aucune responsabilité à la hauteur des conséquences de leurs politique racistes, menant à la mort de très jeunes hommes racisés, pauvres et en lutte constante pour survivre.
Cet évènement s’inscrit dans une continuité de violences que subissent les personnes victimes du système capitaliste, raciste, xénophobe et colonial de la Suisse. À Genève, au mois de décembre dernier, on a appris la mort d’Ali P. qui s’est suicidé en sautant d’un pont dans le Rhone à cause des conditions inhumaines et dégradantes des foyers pour jeunes non-accompagnéexs. On a aussi appris en décembre que le Ministère public vaudois avait classé l’affaire de Lamin Fatty, mort en cellule suite à une arrestation erronée.
On connaît les conséquences mortifères des brutalités policières en Suisse, et leur manière “d’interpeller” les personnes. Que s’est-il passé avant l’arrestation, puis à l’intérieur du poste de police ce mercredi 3 janvier ?
On sait que pour contredire les logiques racistes des violences policières on a besoin d’une mobilisation collective. Ils ont déjà commencé à nous vendre leur pommade, nous devons nous mobiliser pour trouver et raconter la vérité. Sans enquête indépendante, comment garantir que ce qu’on nous raconte ne sert pas juste à défendre le pouvoir et les structures en place ?
Afin de pouvoir mettre de la lumière sur cette mort entre les murs de la police genevoise, nous appellons toute personne ayant été témoin ou possédant des informations sur les circonstances de cette mort à nous contacter sur instagram ou par mail.
@outrage-collectif
outrage-collectif@riseup.net
https://outragecollectif.noblogs.org/