CONTEXTE
La première plainte a été déposée par une personne occupant le rôle de Street Medic ayant subi de graves manquements de la part de la police : insolation et déshydratation comme conditions d’arrestation, refus d’accès à de l’eau et à de l’ombre malgré plusieurs demandes, moqueries, dédain et refus de soins médicaux.
La deuxième avait un rôle de Ground Support (médiation au sol entre la police et les personnes en hauteur) et a été brutalement arrêtée alors qu’elle était la seule témoin d’une situation dangereuse. La police a ainsi violé l’accord conclu préalablement avec la conseillère d’État Mme Métraux et confirmé le matin-même par le commandant de police M. Sauterel devant les médias, qui autorisait leur présence tant qu’il y aurait des personnes dans les hauteurs. Une fois emprisonnée, elle s’est découverte faussement accusée de violence contre agents. Cette fausse accusation a finalement été classée sans suite quelques semaines plus tard, car le rapport d’investigation a confirmé que cette personne n’avait pas commis de violences. Aucune excuse n’a pourtant été présentée par la police, alors que cette fausse accusation avait été immédiatement diffusée dans la presse, criminalisant le mouvement aux yeux de l’opinion publique.
Pour éviter qu’une fois de plus la police profite de son pouvoir en toute impunité, elles ont porté plainte le 30 juin 2021.
Où en sont ces plaintes aujourd’hui, alors même que les recours de certainexs zadistes en sont déjà au Tribunal fédéral, toujours privéexs d’accès à un juge ? Alors que pour d’autres, les premiers jugements ont déjà étés rendus en janvier ? C’est même déjà la deuxième instance qui approche pour cinq d’entre elleux, les procureurs maintenant leur acharnement. Et tout l’appareil judiciaire tente d’y imposer une discretion maximale en poussant à une procédure écrite. D’autres premiers procès sont aussi déjà annoncés pour septembre, pour l’instant séparés les uns des autres par deux semaines de décalage... On nous divise, nous individualise, on nous cache de l’opinion publique, on nous cause des traumas, des peurs. C’est ça aussi la répression.
DÉROULEMENT DES PREMIÈRES AUDIENCES
En comparaison avec la fougue répressive, les plaintes contre la police stagnent. Les concernéexs par les violences policière se retrouvent face à des mensonges, à des tentative d’intimidation, au fichage, à l’apparition et à la disparition subites des accusations, des informations pertinentes, des responsables.
Mi-janvier a eu lieu la première audition concernant la plainte de la personne Street Medic dans le cadre de l’enquête préliminaire du procureur. Puis une première audition d’une personne de la police. Pour entendre la Ground Support, le procureur a attendu jusqu’au début mai 2022.
Lors de l’audience de la personne Street Medic, le procureur a tenté de l’intimider de façon mensongère en soutenant que les frais de justice seront à sa charge si elle choisit de maintenir sa plainte. Quelques mois plus tard, pendant l’audience d’une personne de la police concernant cette plainte, des documents médicaux - soi-disant inexistants - sont magiquement apparus en pleine audience dans le dossier de police.
Tout du long de son audience, la Ground Support a senti qu’elle était vue comme une ennemie et non comme une victime. Le procureur s’était déjà rangé aux côtés de la police. Il s’est même permis de la traiter de ”mouton“ en pleine audience, une insulte clairement destinée à la provoquer pour tenter de lui soutirer des informations, notamment quant au choix de certainexs militantexs de ne pas décliner leur identité. Elle attend la suite de l’enquête, mais il lui semble que sa plainte a été classée d’avance. Le policier l’ayant faussement accusée d’avoir lancé des pierres semble avoir disparu et serait introuvable, selon le procureur. Par contre, elle, elle se retrouve fichée chez l’Office fédéral de la police (Fedpol) et le Service de Renseignement de la Confédération.
UNE JUSTICE À DEUX VITESSES… VOIR FRANCHEMENT ENNEMIE
La justice montre ses priorités en condamnant instantanément une cinquantaine de zadistes à des amendes et à des peines de prison, en ouvrant des enquêtes à tout va, en autorisant du profilage ADN politique et en complexifiant gravement son effacement. Alors que pour les plaintes contre la police, il aura fallu attendre près d’un an après les faits simplement pour l’ouverture de l’enquête et les premières audiences.
Il est important de rappeler que les actes de ces policiers, ainsi que la réponse du système juridique, ne sont pas des incidents isolés. La violence de l’État et de ses fonctionnaires n’est pas nouvelle et elle est bien présente en toute impunité. Grâce à nos privilèges et notre chance de posséder des preuves, nous avons eu la possibilité de le dénoncer pour ces cas précis. L’appareil judiciaire remplit parfaitement son rôle, celui de défendre les intérêts d’une classe blanche, patriarcale et bourgeoise, entre autres grâce à la légitimation des violences perpétuées par la police. Ceci en particulier au coût des personnes racisées, des femmeXs et des minorités.
La criminalisation des mouvements d’écologie radicale et l’intimidation violente de ses activistes permise par l’impunité de la police profite aux industries et aux actionnaires. Alors que plusieurs limites ont déjà été dépassées, jour après jour, les réserves planétaires continuent d’être saccagées sans l’ombre d’un ralentissement significatif. Nous fonçons droit dans le mur et il est temps d’arrêter ceux qui appuient sur l’accélérateur.