« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Antonio Gramsci
Il y a quelque chose de pourri dans ce début de siècle. La campagne électorale qui s’ouvre en France fait déjà sauter les digues qui semblaient encadrer le débat public.
Partout, sur les plateaux, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, on ne parle presque plus que d’un homme, Éric Zemmour, trop heureux de trouver autant de tribunes pour exprimer son racisme désinhibé, son obsession islamophobe, sa misogynie écoeurante et sa réhabilitation systématique de la collaboration et des guerres coloniales. Que sa candidature rencontre autant de succès, dans les sondages et les médias, en dit plus sur l’état de la France et de sa classe dirigeante que sur les mérites de ce médiocre chroniqueur télé. Au fond, Zemmour est autant le symptôme que la courroie de transmission de la fascisation des esprits.
Son succès tient à la droitisation du champ politique français et mondial en marche depuis plusieurs décennies, qui a fait de l’extrême droite un acteur incontournable des seconds tours électoraux, pendant que politiciens de gauche et de droite reprenaient ses propositions et ses mots d’ordre. Rappelons-le, la possibilité de l’élection de Zemmour ou Le Pen (qui signerait sans doute une accélération inédite dans le chemin vers le fascisme) ne tombe pas du ciel : elle tient à la progression de ce vaste consensus islamophobe et anti-social, qui voit dans la fuite en avant raciste le meilleur moyen de faire progresser l’agenda néolibéral et la précarisation massive qu’il promet.
On ne parlerait pas aujourd’hui avec tant de légèreté de « grand remplacement », de « tyrannie des minorités », d’interdiction des voiles et des kippas, et ainsi de suite, s’il n’y avait pas eu Sarkozy, Valls, Darmanin, Freysinger et Blocher... La parole raciste s’est hissée jusqu’au plus haut sommet de l’État français, accompagnant lois et pratiques scélérates : interdiction du foulard en 2003, contrôles au faciès et crimes policiers, états d’urgences à répétition et perquisitions de milliers de musulman.e.s, dissolution d’associations luttant contre l’islamophobie sous des prétextes ahurissants. La Suisse n’est pas épargnée par ce racisme institutionnel qui se matérialise par des lois islamophobes, la chasse aux migrant.e.s, les meurtres policiers et le profilage racial.
Face à la fuite en avant raciste d’un capitalisme sauvage, une vaste riposte sociale est nécessaire. Il n’est pas question de remettre à l’après-élection la contestation des tendances fascistes qui se déploient actuellement, ni de placer son espoir en de vagues fronts électoraux aux côtés de ceux qui ont contribué au désastre. On n’arrêtera pas la marche des Zemmour et des Le Pen sans défaire le monde qui les rend possible.
Il est donc pour nous inconcevable de demander à l’Etat d’interdire la venue de Zemmour. Notre antifascisme ne se fait pas par décrets, il se fait dans la rue. Cette rue ou les jeunes peignent des slogans à la peinture car contrairement à Zemmour on ne les invite pas sur les plateaux pour s’exprimer.
Contrairement a ce qu’on a pu entendre, Zemmour ne vient pas à Genève pour « débattre » mais pour faire un meeting et récolter de l’argent. Certains parlent de liberté d’expression menacée alors que les médias lui déroulent le tapis rouge et banalisent ses discours haineux. Ces mêmes discours qui provoquent des passages à l’acte : agressions racistes, intimidations et attentats terroristes d’extrême-droite.
Face au néolibéralisme et à l’extrême-droite, pratiquons l’autodéfense populaire !
À l’appel de l’assemblée antifasciste de Genève, qui compte plus de soixante organisations, une manifestation contre la venue de Zemmour se tiendra à Genève le 24 novembre. Nous appelons à y constituer un cortège antifasciste populaire et combatif.
Rassemblement à 18h sur la Place Lise-Girardin (anciennement 22 Cantons).
Restez connecté.e..x.s !
Action Antifasciste Genève