La mort de Michael vient raviver une peine déjà si forte. Le milieu antiraciste uni dans la rage, demande justice. Tous les groupes militants présentent leurs plus profondes condoléances à la famille et aux proches. Les communiqués arrivent de toutes part :
- déclaration du Collectif Jean Dutoit
- déclaration du Collectif Afro-Swiss
- déclaration de l’Association Sleep-in
- déclaration de La Demeure
- déclaration de La Commission indépendante chargée de faire la lumière sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm
- déclaration du Collectif 43m2
- déclaration du Silure à Genève
- Communiqué de Presse - La police lausannoise a encore tué
- Les signataires de l’appel à manifester
Comme en 2018, le collectif demande la justice et la vérité pour Michael.
Nous appelons la Suisse et ses habitants à regarder en face la montée du racisme, de la diffamation et des violences inacceptables dont les Noir-e-s sont les cibles. Nous appelons la population à manifester, afin de briser la loi du silence et faire respecter les droits fondamentaux de chaque être humain à Lausanne, dans le Canton de Vaud et en Suisse.
Le Collectif Jean Dutoit
Encore un Homme noir arraché à la vie par la violence raciste de la police vaudoise. Il s’agit là encore d’un noiricide. Oui le noiricide c’est ce projet dont le but est d’annuler nos existances.
À sa famille, à ses proches, à toutes celles et ceux qui l’ont aimé : nous vous envoyons notre amour le plus profond, notre rage partagée, notre promesse de ne jamais laisser son nom sombrer dans le silence. Aucun mot ne comblera l’absence. Mais que notre douleur, notre tendresse, et notre engagement vous parviennent. Vous n’êtes pas seul·es.
La mort de Micheal Kenechukwu Ekemezie n’est pas un fait isolé. Elle fait écho à celles de tant d’autres hommes noirs tués par la police vaudoise : Hervé Mandundu, Lamine Fatty, Mike Ben Peter, Roger “Nzoy” Wilheilm.
Et tant d’autres encore, anonymisés, oubliés, effacés.
Leurs morts ne sont ni des bavures, ni des anomalies. Elles sont le produit d’un système : un système policier, carcéral, colonial, raciste, patriarcal, qui normalise le noiricide. Ce système, nous le refusons en bloc. Et nous le nommons sans détour : la violence d’État. La violence blanche.
Le Collectif Afro-Swiss
Depuis ce drame survenu dimanche, notre maison est en deuil. Ses amis, ceux qui ont partagé la rue, les repas, les nuits, sont sous le choc. Beaucoup nous disent : « ça aurait pu être moi ». Cette mort ne peut être dissociée du contexte dans lequel vivent nombre des personnes que nous accueillons : profilage racial, contrôles incessants, peur permanente, violences d’État, exclusion institutionnalisée.
Ce ne sont pas des accidents. Ce sont les conséquences prévisibles et évitables d’un système qui refuse l’humanité à celles et ceux qui n’ont pas les bons papiers.
Comment supporter cela ?
Ce qui s’est passé est insupportable.
Nous, travailleureuses sociales, ne pouvons que témoigner de ce que nous voyons, de ce que nous entendons, et de ce que nous partageons jour après jour. Nous ne pouvons pas – et nous ne voulons pas – nous habituer à ces homicides. Nous refusons d’assister passivement à la déshumanisation des personnes racisées et précarisées.
Combien de temps encore faudra-t-il supporter ça - et l’impunité qui y est associée ?
Combien de vies faudra-t-il encore perdre avant que l’on écoute enfin ceux que notre société laisse dehors ?
Association Sleep-in
Michael faisait parti de la communauté large de la Demeure / Canopy.
Il était père de deux jeunes enfants. Mari. Frère. Enfant. Ami.
Il était avec nous dimanche, en pleine forme, en pleine santé.
Il nous montrait les photos de son bébé qu’il n’avait pas encore pu voir.
Et le soir, après une interpellation musclée, il serait soi-disant mort d’un malaise.
L’heure est au recueillement
L’heure est aussi à la rage et au combat pour obtenir la vérité et la justice
Michael nous ne t’oublions pas
No justice No peace
Rest in Power
La Demeure
La Commission indépendante chargée de faire la lumière sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm
Bras armé de l’État, la police continue de tuer en toute impunité. Il ne s’agit pas d’un accident ou d’un hasard, la mort de Michael illustre la guerre permanente qui est menée contre les pauvres et plus spécifiquement contre les personnes racisées administrativement et économiquement fragilisées.
Relégués à l’écart de la société, les plus précarisés sont considérés comme des indésirables, des gens à écarter, à supprimer.
Exposé aux risques et à la violence de la rue, Michael avait des solutions de logement transitoire et fréquentait les hébergements d’urgence quand cela lui était nécessaire et qu’il avait la chance de se voir attribuer une réservation.
Les politiques sociales à destination des personnes en situation de sans-abrisme s’appuyent sur la nationalité et le staut de séjour pour exclure celleux qu’elles ne se donnent pas les moyens d’accueillir. Aussi, les personnes qui dorment dehors à cause du manque de places dans les hébergements d’urgence, les personnes à qui on dit « non » sont, pour l’écrasante majorité, des hommes racisés sans statut de séjour régulier.
Tous les droits étaient refusés à Michael : droit à un logement digne, droit de travailler, droit de construire un avenir, droit d’être avec sa famille, droit à son humanité pleine, droit à la sécurité … Ce dimanche 25 mai, la police lui a retiré son droit de vivre.
Ce système raciste continuera de semer souffrance et mort tant que nous ne l’aurons pas fait tomber.
Collectif 43m2
Le Silure à Genève




Communiqué de Presse - La police lausannoise a encore tué
Il s’appelait Michael Kenechukwu Ekemezie.
Il était père d’un garçon de deux ans et d’une petite fille de deux mois. Sa femme et lui venaient de se marier. Il est né le 23 avril 1986 au Nigeria. La police de Lausanne l’a tué le dimanche 25 mai 2025.
Michael faisait partie de Canopy - un groupe luttant sur les thématiques du droit au logement et au travail, et pour la régularisation des sans-papiers - qui a entre autre rédigé le Manifeste pour habiter, travailler et participer 1. Ce document a été adressé aux politiques de Lausanne, Prilly, Renens et du Canton de Vaud et a été présenté à la Haute École de Travail Social de Lausanne.
Les quatres policiers impliqués dans sa mort, bien qu’ils soient prévenus pour homicide par négligence par le Ministère Public sont toujours en service. Ils patrouillent dans la ville, alors qu’ils viennent de tuer sur la base d’un contrôle au faciès.
Les témoignages du voisinage s’accumulent, et rapportent l’extrême violence de l’intervention de la police : alors qu’il était maintenu à terre, le visage écrasé contre le sol, Michael appelait à l’aide, il disait très explicitement qu’il avait mal et qu’il se sentait mal. Le communiqué du Ministère public ne mentionne ni l’arrestion violente, ni le placage au sol, mais parle d’une "situation revenue au calme". Moins d’une heure s’est déroulée entre l’interpellation de Michael et sa mort. Or dans leur communiqué, les autorités se sont empressées de parler d’un « malaise », insinuant que sa mort est un événement totalement isolé de l’intervention elle-même. Ces tactiques narratives sont systématiquement mises en place puis reprises massivement par les médias- en Suisse ou ailleurs - lorsqu’un homme noir meurt entre les mains de la police. L’histoire se répète, et avec elle l’impunité d’une institution policière raciste et coloniale. Les similitudes entre les différentes affaires parlent d’elles-même. Le drame s’est déroulé à quelques mètres de l’endroit où a été tué Mike Ben Peter, dans des circonstances quasiment identiques.
Les investigations sont confiées au Détachement d’investigations spéciales policières (DISPO) et menées par les inspecteurs de la police de sûreté de la police cantonale vaudoise. Une décision incompréhensible : après le procès Mike Ben Peter, les avocats de tous les partis s’étaient accordés sur le fait qu’ils n’avaient jamais vu une enquête aussi bâclée. La police ne peut structurellement pas enquêter sur elle-même, ni efficacement, ni de manière impartiale. C’est pour ces raisons que nous demandons que la Municipalité de Lausanne et le Canton de Vaud garantissent :
- La suspension immédiate des agents impliqués
- La saisie et l’archivage de l’ensemble des documents (caméras de surveillance publique,
cameras du poste de police, bodycams, discussions radios des agents, PVs...) - Le transfert de l’enquête au Ministère Public d’un autre Canton pour réduire les risques
de collusion - La nomination d’un•e expert•e médico-légal•e sans lien avec la police ou la justice
vaudoise - La conduite d’une enquête de voisinage rigoureuse et la publication d’un appel à témoins
garantissant la protection des sources
Les heures et les jours à venir sont déterminants et cruciaux pour mettre la lumière sur ce crime
raciste. Un appel à témoins invite toutes personnes ayant des informations sur cette affaire à
contacter : coalitioncontrelescrimespoliciersCH@proton.me
Justice et vérité pour Michael Kenechukwu Ekemezie. Stop aux violences policières
Communiqué en version pdf
- Kiboko - Justice pour Mike
- Justice pour Nzoy
- Outrage collectif
- 43M2
- Colectif sud global
- Colectif afro-swiss
- Collectif contre-attaque et autonomie
- Association SLEEP-IN
- la demeure
- Jean Du Toit
- Dynamic Wisdom
- A Qui Le Tour
- le Silure
- les Médusales
- Grondements des terres
- Bibliothèque autogérée queer feministe de la Molène
- Al manba Marseille
- Collectif RDR Briançon
- Strix Calais
- Help4Dunkerque
- Revue Z
- Tous migrants
- Observatoire citoyen des morts dans les prisons suisses
- Parlons prison Vaud
- La Prison Tue
- Jupiter Collectiv
- Grève féministe Vaud
- Solitarités