Derrière “l’accélération des procédures” de la nouvelle politique d’asile suisse censée être mise en oeuvre dès le 1er janvier 2019, se cache en réalité la volonté de criminaliser, d’incarcérer, de faire taire, pour finalement renvoyer des personnes dont le seul délit est d’avoir fui les guerres ou la pauvreté.
Ce Centre fédéral de renvoi est le symbole même d’une politique raciste de non-hospitalité qui se durcit de plus en plus, montrant bien l’injustice et la violence du système d’asile suisse.
CENTRE FÉDÉRAL : UN ACCUEIL CARCÉRAL
Le centre est conçu comme un gigantesque centre de renvoi : une seule entrée, des cellules d’isolement et un accès direct au tarmac. L’emplacement choisi par les autorités ne ment pas.
Genève deviendra la plaque tournante des expulsions en Suisse romande, perpétuant ainsi des pratiques inhumaines déjà critiquées par la Commission fédérale contre le racisme.
Comment en effet mieux “accueillir” des personnes requérantEs d’asile déboutéEs que dans un univers carcéral ? Une discipline infantilisante et arbitraire : annonce obligatoire en entrant et en sortant, fouilles, punitions, prise d’empreintes digitales, impossibilité de conserver des denrées alimentaires et de cuisiner. Une “aide” d’urgence dérisoire qui ne sert qu’à maintenir les personnes requérantEs à disposition de la police en vue de leur renvoi. Et comme pour les détenuEs, des travaux d’intérêts généraux payés 3.75 CHF de l’heure.
Tout est également prévu pour que les requérantEs ne se mélangent pas au reste de la population. Des horaires restrictifs (9h-17h en semaine) empêchent le travail et la vie sociale à l’extérieur. Enfin, les enfants seront scolarisés à l’intérieur même du centre, les coupant des autres enfants et les privant d’une vie normale.
DETENTENTION ADMINISTRATIVE : SILENCE, ON ENFERME, ON EXPULSE
La détention administrative permet aux autorités d’enfermer jusqu’à 18 mois des personnes étrangères au seul motif qu’elles n’ont pas les bons papiers. Pas besoin d’avoir commis un délit pour se retrouver derrière les barreaux.
A Genève, il existe aujourd’hui trois prisons dédiées à cette pratique : La Favra, Frambois et le Service asile et rapatriement à l’aéroport (SARA). Ces prisons de détention administrative devraient être remplacées dans les prochaines années par La Brenaz (168 places) et par la prison jouxtant le Centre fédéral du Grand-Saconnex (50 places).
Alors qu’à Genève cette pratique n’existait quasiment pas il y a 20 ans, le canton comptera bientôt plus de 218 places d’enfermement pour personnes migrantes. Une augmentation exponentielle, signe d’une politique migratoire raciste de plus en plus violente et décomplexée.
UN PROJET SYMBOLE D’UNE POLITIQUE RACISTE
Cette politique d’exclusion violente, qui vise clairement les personnes originaires de pays extra-européens, ne peut être qualifiée d’autre chose que d’une politique raciste. Les autorités fédérales, le canton de Genève et la commune du Grand-Saconnex, en prenant part à cette infamie, ne laisse d’autre choix à la population que de s’organiser pour faire front et résister avec les personnes concernées.
LEXIQUE
“RequérantEs d’asile déboutéEs” : Personnes dont la demande d’asile a été refusée (décision négative ou non-entrée en matière). Elles sont dès lors condisérées comme “illégales” sur le territoire par les autorités et les lois racistes suisses. Personne ne devrait être illégale.
“Détention administrative” : Enfermement d’une personne pendant que les autorités a) vérifient son identité ou b) organisent son renvoi du territoire suisse. La personne détenue est ainsi considérée comme un sujet criminel et traitée de la sorte.
QUE FAIRE ?
Ne pas soutenir les politiques étatiques racistes c’est notamment :
- S’informer sur asile.ch et renverse.co
- Etre solidaire et soutenir les personnes en exil par un maximum d’initiatives et d’actions.
- En parler autour de vous et soutenir les actions de Perce-Frontières. Envoyez-votre un mail à perce-frontières@noborders.ch pour être tenu au courant des prochains évènements.
NO PRISONS FOR MIGRANTS