Espaces
Lorsque nous parlons des espaces, il est essentiel de se demander qui occupe les espaces publiques, qui a la légitimité de les occuper et qui se sent à l’aise de le faire ?
Déjà historiquement, cela a toujours été uniquement les hommes cis qui avaient le droit de prendre l’espace. Eux-seuls pouvaient posséder une propriété et eux-seuls occupaient l’espace public. En 1976, une étude a montré par exemple que les hommes cis étaient les seuls à pouvoir posséder un espace privé dans les maisons habitées par un couple. Nous avons tou.te.x.s l’image du bureau ou de l’atelier du patriarche qui en a besoin pour soi-disant s’occuper de l’administration familiale mais il est ainsi le seul à posséder un espace intime.
Les personnes dominantes prennent plus d’espaces. Le patron a un grand bureau alors que les secrétaires sont retranchées dans de petits open-space (alors même qu’ils et elles passent plus de temps à leur bureau). Les riches possèdent de grandes maisons, de grosses voitures comme un signe de leur domination. Mais plus encore, bien souvent, les personnes minorisées se plient en 4 pour laisser l’espace aux dominant.e.x.s. Peut-être avons nous tou.te.x.s en tête l’image de l’homme cis qui s’étale dans le métro et les femmes aux jambes croisées pour ne pas prendre trop de place ?
Genève, ville genrée
L’espace public est destiné et occupé par les hommes cis-genre. La ville est à leur image, alors comment se sentir légitime de prendre l’espace si nous ne nous y reconnaissons pas ?
A Genève, il y a actuellement 589 rues qui portent des noms de personnes et sur ces 589 noms, 548 portent des noms d’hommes cis. Je vous laisse faire le calcul pour les autres genres. Nous en profitons pour saluer admirativement le travail de nos camarades de l’escouade qui ont monté un projet appelé les 100elles. Elles ont renommé 100 rues genevoises avec des noms de femmes ou de personnes ayant une identité de genre minorisée. Je vous invite vivement à aller voir leur travail !
Il y a actuellement 589 rues qui portent des noms de personnes et sur ces 589 noms, 548 portent des noms d'hommes cis
Mais le manque de visibilité ne s’arrête pas là. Les statues et monuments à Genève représentent presque exclusivement des hommes cis.
Le mur des réformateurs, avec Calvin comme grande figure de la répression des moeurs sexuelles représentent exclusivemnt des hommes cis.
Tous les bustes des bastions, sont des hommes cis et la seule femme représentée aux Bastions est un nom gravé sur la pierre : Marie Dentière, qui a été ajouté seulement en 2002 et qui a longtemps été caché derrière des buissons jusqu’à ce qu’on se batte pour sa visibilité.
Alors quelles représentations des femmes* dans les monuments à Genève ? La statue de
Il ne nous reste alors peut-être seulement une des trois silhouettes du rond point de Plainpalais, qui soit encore habillée...
l’impératrice d’Autriche, Sissi, au bord du lac commémore son assassinat (et certainement cherche à bien nous rappeler que l’anarchisme est violent et mauvais). Une statue dans le parc mon repos, nous présente une femme, d’une extrême maigreur et entièrement nue. Des femmes nues se retrouvent aussi au parc Beaulieu par exemple et dans bien d’autres endroits à Genève. Il ne nous reste alors peut-être seulement une des trois silhouettes du rond point de Plainpalais, qui soit encore habillée. Alors quelle image nous renvoie Genève ? Assassinéexs ou nuexs, fragiles ou salopes telles sont les seules conditions auxquelles Genève acceptent les femmes* ? Les hommes au contraire sont conquérants, intellectuels, drapés, à cheval, etc...
Notons encore la pollution visuelle que nous subissons touxtes. Là encore, clichés de genre et modèles de beauté nous sont imposés. Le corps des femmes est ainsi objectifié et utilisé pour vendre tout et n’importe quoi. Cela nous rappel aussi violemment tous les jours que nous ne ressemblons pas assez à ces modèles, étonnement souvent presque nues (on peut souvent se demander quel rapport avec une voiture, du dentifrice ou un voyage en avion).
Mais ce n’est pas tout.
Pour qui les villes sont-elles construites ?
Premièrement, l’espace public est pensé PAR les hommes. Les architectes, les députés, les ingénieurs sont majoritairement des hommes cis et ce sont eux qui pensent nos villes.
L’espace public est pensé POUR les hommes. Une étude a été faite à Bordeau en 2010 montrant que les espaces publics sont en moyenne deux fois plus destinés aux hommes. Les skate-parcs, les terrains de foot, sont tous des lieux de sociabilité masculine et bien souvent, les personnes qui ne répondraient pas aux critères de virilité en sont exclues. On ne cesse d’en construire d’avantage avec un soi-disant objectif de canaliser la violence des jeunes. Par exemple, la plaine de Plainpalais comporte un skate parc et est utilisée pour les mondiaux de foot, sport considéré comme masculin. A quand une répétition collective de danse classique envahissant la plaine ? Ce serait certainement considéré comme ridicule, destiné à un public restreint, etc... Simplement par le fait que la danse classique est considérée comme féminine.
Mais ne venez ainsi pas vous plaindre de la mixité choisie que nous utilisons comme arme politique, alors que la non-mixité est l’outil de domination masculine. Exemple simple, les équipes de foot sont majoritairement non-mixte et historiquement exclusivement masculines. Toutes les personnes qui n’étaient pas des hommes cis-genres en étaient exclues. D’ailleurs, n’oublions pas que les premières équipes féminines en suisse ont été créées soit disant pour remettre les lesbiennes sur le droit chemin et surtout pour que « l’homosexualité ne se propage pas » . Oh.. la plus grande peur de la classe dominante : et si on avait pas besoin d’eux ?
Dernières chose peut-être, notre éducation nous apprend dès le plus jeune âge quelle place notre genre doit prendre dans l’espace. Les petits garçons sont poussés à sortir jouer, à s’approprier l’espace. Les petites filles sont poussées à jouer à des jeux à l’intérieur ou en tout cas qui prennent moins de place.
Les petites filles apprennent à partager l'espace, les petits garçons apprennent à le prendre pour eux.
Si dès notre plus jeune âge, on nous apprend à ne pas prendre l’espace, comment se sentir légitime dans une ville qui ne veut pas de nous ? Car en effet, la culture mise en place actuellement ne cesse de nous rappeler de ne pas s’attarder, de ne pas prendre trop de places. Toutes les femmes, les personnes trans*, les personnes non-binaires se sont déjà dit ou ont déjà eu les comportements suivants au moins une fois :
- Aller je fais un petit détour pour passer seulement à des endroits éclairés ou bien par des lieux qui ne sont pas déserts.
- Dis, on rentre ensemble comme ça je rentre pas seule ? Tu peux dormir à la maison.
- Okay alors mes clés sont prêtes dans mon poing pour au cas ou et mon téléphone est déjà prêt pour appeler une personne de confiance.
- Bon alors je vais prendre de quoi me changer après la soirée pour pouvoir rentrer seule la nuit.
Parce que oui, il faut répondre aux critères d’hypersexualisation dûs à la culture du viol pour être acceptée comme « femme » en soirée mais il ne faut pas être trop vulgaire pour ne pas se faire violer quand on rentre seule après.
On nous répète dès 11 ans de faire gaffe, de ne pas s’habiller trop "provocante", de ne pas rentrer seul.e.x.s ou trop tard, de ne pas trop boire.
On nous répète que c’est à nous de nous imposer si on veut prendre l’espace ou faire des activités dites masculines. Qu’on aille seulement faire du skate dans les skate-parcs, qu’on aille seulement s’imposer sur les terrains de foot. Oui mais est-ce vraiment de notre faute si on nous apprend à ne pas trop déranger, à ne pas trop prendre d’espace, que certains endroits ne sont pas faits pour nous, etc…
Evidemment, aucune remise en question du système, de la culture ou simplement des comportements de la "classe" des mec-cis.
Ce n’est pas à nous de faire des efforts pour nous imposer ! C’est aux hommes cis de faire des efforts pour ne pas prendre tout l’espace, ne pas prendre toute la place, ne pas nous moquer si on se met à une activité dite masculine, ne pas insulter les hommes ne correspondant pas aux critères de virilté de « femelette » les humiliant eux mais nous humiliant nous aussi car nous sommes simplement considéré.e.x.s comme une insulte. C’est à eux de ne pas violer, pas harceler, pas à nous de faire attention à nos vêtements ou nos comportements.
Le viol apparait cependant encore comme une punition pour cellexs d’entre nous qui auraient bravé l’interdit, celui d’utiliser librement l’espace public.
Qu’en est-il dans nos lieux de formation ?
Actuellement, les étudiant.e.x.s n’ont que très peu d’espaces à disposition. Nos lieux de formations ne semblent pas vraiment tenir compte de nos besoins. A l’université, par exemple, nous avons deux lieux auto-gérés pour tou.te.x.s les étudiant.e.x.s : le Nadir, à Uni-mail et la Datcha, entre Sciences 2 et 3. Ces deux lieux sont agréables, nous permettent de nous reposer, de cuisiner gratuitement et de nous rencontrer dans un lieux qui nous ressemble car géré par nous. Mais n’allez pas croire que ces deux lieux on été généreusement offert par l’Université. Ils ont pu être obtenus grâce à des occupations étudiantes. Ces bâtiments n’ont pu être obtenus que par l’implication et la force de la collectivité étudiante. Mais ils ne sont absolument pas suffisants, sachant que nous sommes environ 17’000 étudiant.e.x.s.
Le Groupe de Travail sur les espaces de la CUAE travail depuis 2015 sur les questions des espaces étudiants. La demande d’avoir plus d’espaces en auto-gestion a été formulée en 2016 avec une pétition qui a récolté environ 10’000 signatures étudiantes. Mais depuis, l’Université nous fait poireauter avec pour excuse un manque d’espace. Oui, en effet, l’université manque d’espace, mais l’utilisation que cette dernière en fait reste douteuse. Notons par exemple le récent magasin Unige et les « goodies » qu’il expose dans un grand espace ouvert seulement 2 heures par jour.
Mais l’Université n’est pas le seul lieu avec un manque d’espace.
Notons l’exemple flagrant de la Haute Ecole de Santé qui en manque cruellement. En effet, les étudiant.e.x.s ne peuvent pas manger de pic-nic dans la cafétéria et sont restreint.e.x.s à quelques tables dans un coin pour les repas maisons. Et c’est bien un des seul endroit libre pour pouvoir manger car quasiment aucune table se trouve dans les couloirs et qu’il est interdit de manger dessus alors un espace auto-géré serait inimaginable. Il n’existe aucun espace dédié aux étudiant.e.x.s à part le bureau de la sonde qui est bien trop petit pour accueillir des personnes qui souhaiteraient s’y reposer.
Les espaces des hautes écoles sont eux aussi genrés. A l’université par exemple, tout comme les noms de rues genevoises, tous les noms de nos salles sont des noms d’hommes cis, et les bustes que l’on peut trouver aux Bastions aussi. Comme si aucune femme* n’avait pu apporter quoi que ce soit à l’université. Difficile d’estimer que nous aussi, nous sommes capables si nous n’avons aucune représentation.
Qu’en est-il de notre sentiment de sécurité à l’université ? Une grande majorité d’entre nous a certainement déjà fait attention à l’endroit ou ielle s’asseyait dans la bibliothèque ou en cours pour éviter un mec-cis relou.
Pour des toilettes inclusives
Il existe une large quantité d’identité de genre. Ces identités ont comme point commun de renverser la norme de genre binaire : il n’y a plus que des Hommes ou des Femmes.
Nous avons pu voir l’importance d’inclure dans notre langage les minorités de genre, mais le langage n’est pas le seul enjeu pour personnes dont le genre n’entre pas dans les 2 catégories binaires dominantes.
Qu’est-ce que la non binarité ?
Vous l’avez compris, les personnes non-binaires sont des personnes qui ne se sentent pas en accord avec les catégories « homme OU femme », et qui préfèrent ainsi une autre identité de genre qui sera donc non binaire.
La non-binarité des toilettes est également importante pour les hommes et les femmes trans qui ne se sentent accueilli.e.x.s dans aucune des 2 toilettes.
Les toilettes binaires engendrent de nombreux dégâts.
En effet, la binarité dans les toilettes renforce cette dichotomie des genres, et ainsi néglige toutes les autres identités.
Les toilettes binaires de l’université renforcent les stéréotypes de genre en assignant aux toilettes dites pour femmes une robe, et en laissant l’homme comme étant un personnage universel. Nous nous opposons à la binarité de genre et ainsi à la hiérarchisation des genres et la perpétuation du patriarcat.
Afin de rendre l’Université plus inclusive, les toilettes binaires doivent être abolies.
Il est important de rappeler les violences faites aux personnes trans* (inclut les personnes non-binaires). Par exemple, le récent sondage réalisé par l’association Think Out, qui cherchait à questionner les étudiant.e.x.s sur la nécessité de l’abolition des toilettes binaires à l’Université a fait l’objet de violentes attaques homophobes, transphobes, discriminantes. Le questionnaire a dû être bloqué pendant quelques jours.
Certaines personnes soulignent que les toilettes pour personnes en situation d’handicap ont un genre neutre et que les personnes non incluses dans homme ou femme n’auraient qu’à les utiliser. Cependant, le fait de séparer les toilettes des personnes en situation de handicap des autres participe à la désexualisation dont leur corps fait l’objet dans les sociétés occidentales.
L’université se doit d’être inclusive !
Le texte qui va suivre est un témoignage de personnes concernées par la domination des toilettes binaires.
"Parfois je me retiens de pisser une journée entière car je ne sais pas quelle toilette choisir. J’ai peur de me faire éjecter ou agresser de celle des femmes et de celle des hommes. Je fais tous les étages pour en trouver une vide. Si le courage (ou la nécessité) me pousse à enfin y entrer, une angoisse m’envahi par peur qu’une personne y entre et je ne peux plus sortir de la cabine."
"Souvent, j’attends de ne plus pouvoir me retenir pour aller aux toilettes car c’est un espace dans lequel je ne me sens pas à l’aise. Pourquoi cette binarité des toilettes ? Elle nous force à utiliser un espace qui peut être source d’angoisse et qui exclut des personnes qui ne se reconnaissent pas dans votre idéal ignorant de société ?"
Es-tu une madame ou un monsieur, ceci nous force à nous définir dans des catégories trop
Les toilettes non-binaires permettent d’inclure tous les genres. Elles ne sont qu’un pas en avant vers un comportement respectueux et plus inclusif au sein de notre Université.
étroite et cela n’est plus possible. Ces logiques perpétuent un système d’oppression hétéro-cis-patriarcal sur des personnes déjà marginalisées dans notre société. Les toilettes binaires en sont un exemple concret et sont un facteur d’angoisse pour de nombreuses personnes.
C’est pourquoi il est temps de se réapproprier cet espace public, censé être pour tout le monde, mais qui participe à l’exclusion de nombreuses personnes.
Nous voulons plus de variétés dans les genres des toilettes, ainsi que des toilettes accessibles à tous les genres afin de refléter la réelle société, qui est aussi composée de nombreux genres. Nous demandons :
- des toilettes en mixité choisie sans homme cis-genre (6/10)
- des toilettes inclusives pour tous les genres (4/10)
Pour des produits hygiéniques en libre distribution et gratuits
Nos toilettes non binaires seront accompagnées de produits hygiéniques gratuits. En préambule, il est important de rappeler que les règles ne concernent pas uniquement les femmes, elles touchent cependant un nombre très élevé de personnes au sein de nos lieux de formations. Toutes le femmes n’ont pas leurs règles et toutes les personnes qui ont leurs règles ne sont pas des femmes. Selon les statistiques de l’UNIGE (elles sont non inclusives mais c’est les seuls que nous avons trouvées). Il y a 61% des étudiant.e.x.s à l’université de Genève qui sont des femmes et peuvent donc potentiellement avoir leurs règles. Cette statistiques est encore un exemple frappant : Nous sommes en majorité mais nos besoins spécifiques ne sont pas pris compte.
Il y a plein de raisons à cela :
- Tout d’abord, Le fait même d’avoir des règles reste un concept totalement tabou et rempli de mythes dans nos sociétés occidentales. Et si on ne peut pas en parler, on peut être sûres que rien ne va bouger.
- Ensuite, il y a la question des sous. Quand on demande d’avoir des toilettes adaptés à nos besoins primaires, c’est la croix et la bannière : parce qu’on le sait, l’argument qu’on va nous opposer est bien celui du fric. L’argent public finance pourtant si facilement les infrastructures dans les villes. Nos impôts à nous tou.te.x.s, personne non hommes cis financent sans problème les lieux qui seront dédiés exclusivement ou presque aux hommes cis. Et nous, quand nous réclamons quelque chose, il n’y a pas d’argent, austérité oblige.
- En outre, les conséquences liées à nos règles ont de plus grandes retombées que de trouver un tampon/serviette en vitesse pour éviter de se balader avec une flaque de sang aux fesses. Les règles peuvent être synonyme de douleurs extrêmes, qui paralysent, empêchent d’étudier, clouent au lit. Or, sachant que bien plus de la moitié des étudiant.e.x.s est touché par ce phénomène, pas la moindre trace de quelque choses pour nous aider. Une bouilloire pour faire chauffer de l’eau et détendre ses muscles ? Tu peux aller à la caf, ça coute 1.90CHF par tasse d’eau chaude. Un lieu pour s’allonger ? En haut des marches d’uni-mail, c’est sympa, il y a une super vue, détente garantie. Et si t’as choisi de mettre une coupe menstruelle, bonne chance pour aller la vider à l’autre bout des toilettes, le pantalon aux chevilles.
Quand on dit que ces espaces ne nous appartiennent pas, c’est que les politiques publiques oublient nos spécificités. Il faut investir dans les lieux publics comme on investirait pour les hommes cis. C’est donc des lieux de formation qui sont féministes jusque dans chaque recoin que l’on exige.
Et puis les règles nourrissent aussi nos réflexions sur le classisme. Les produis hygiéniques
C'est donc des lieux de formation qui sont féministes jusque dans chaque recoin que l'on exige.
nous coutent une fortune. En effet, ceux-ci sont greffés d’une taxe de consommation, la TVA. Pour les produits de consommation de base, cette taxe s’élève à 2.5%. Pour les autres, produits, dits de luxe, à 7.7% et les produits hygiéniques en font partie. Ce sont des produits dont on ne peut faire l’impasse et nous refusons que le simple fait d’avoir nos règles diminue nos conditions de vie !
En Ecosse, le gouvernement à investit l’équivalent de 6 millions d’euros pour mettre à disposition des produits hygiéniques pour toutes personnes en formation. Alors oui c’est de l’argent, mais c’est possible et franchement pas si compliqué !
Nous refusons que nos règles nous empêchent d’étudier et de vivre dignement.
Pour des espaces en mixité choisie
Nos sociétés sont de facto en non mixité. Les sphères de pouvoir sont investies par les hommes cis. Que ce soit en politique, dans les conseils d’administration des grandes entreprises, dans les universités et autres lieux de formation. Ce sont donc systématiquement les hommes cis qui décident de nos futurs et nos modèles de sociétés car ils sont en majorité dans les instances décisionnaires du pays. Nous utilisons le terme “mixité choisie” et non pas “non-mixité” car cela permet de visibiliser toutes les pluralités de genre.
La mixité choisie est un outil politique qui ne se veut pas être une fin en soi.
Les espaces en mixité choisie nous permettent de mettre en lumière les oppressions vécues, les combattre sans être questionnée.x.s sur la légitimité de nos ressentis.
La mixité choisie se pratique justement en parallèle avec des moments en mixité. C’est un outil qui a été utilisé dans plusieurs luttes et coule de sources dans certains contextes. Par exemple, on n’attendrait pas des ouvrier.ère.x.s de collaborer avec les patrons pour améliorer leurs conditions de travail. En effet, les dominé.e.x.s se créent des espaces, hors des oppressions systématiques de la société, pour s’organiser et lutter mais aussi pour se retrouver et se ressourcer.
Les espaces en mixité choisie permettent d’aborder des sujets difficiles, qui nous concernent directement.
Les espaces en mixité choisie permettent de se poser au calme quand on est indisposé.e.x.s.
Les espaces en mixité choisie laissent des espaces non binaires se créer.
Les espaces en mixité choisie sont là pour qu’on puisse s’organiser sans devoir expliquer notre lutte à tou.te.x.s celleux qui refusent de la comprendre pour maintenir leurs privilèges.
Les espaces en mixité choisie nous permettent de créer tout autre chose. Ils permettent d’inclure toutes les identités de genre dominées par les hommes cis.
Les espaces en mixité choisie nous permettent d’allaiter.
Les espaces en mixité choisie nous permettent de mettre en lumière les oppressions vécues, les combattre sans être questionnée.x.s sur la légitimité de nos ressentis.
Pour toutes ces raisons et celles de nos propres expériences individuelles et collectives, nous revendiquons cette mixité choisie comme outil politique et demandons de tels espaces, en plus de tous les espaces étudiants qui nous sont nécessaires et mixtes.