Antifascisme - Extrême-droite UDC Manifestation

UDC - Parti anti-féministe

l’UDC tiendra son congrès national à Genève les 17 et 18 mars 2023. Une manifestation aura lieu le deuxième jour du congrès pour s’opposer à la tenue de cet événement. Nous avons souhaité à cette occasion proposer cinq textes pour montrer l’UDC pour ce qu’elle est et combattre le mythe d’un parti proche du peuple et de ses intérêts. Alors qu’on s’inquiète des scores des candidats d’extrême-droite voire fascistes ailleurs dans le monde, nous proposons de regarder de plus près à quoi s’affaire le “premier parti de Suisse” et à quoi ressemble le projet de société il défend.

Genève |

A relire partie 1 - UDC Parti du Capital


FENSE DE LA FAMILLE BOURGEOISE

L’UDC défend une vision traditionaliste, bourgeoise et sexiste de la famille reposant sur une vision complémentariste des femmes et des hommes et sur la division sexuelle du travail. La famille est dirigée par un père qui travaille, les femmes sont assignées au foyer pour élever les enfants. En promouvant des lois contre la prise en charge des enfants par l’État, les femmes sont maintenues à la maison car ce sont le plus souvent elles qui assument les tâches de garde des enfants. En effet, 78% des femmes actives qui élèvent des enfants de moins de 25 ans travaillent à temps partiel [1]. Ces tâches, ainsi que le travail ménager, ne sont pas reconnus comme du travail mais comme des “aptitudes naturelles”. L’UDC s’élève contre l’ouverture de places de crêche donc, mais aussi contre le congé paternité et contre l’arrangement des horaires de travail pour les personnes en charge d’enfants. Le parti relègue la question de la famille à l’espace privé et à la charge des femmes.

L'UDC s'élève contre l'ouverture de places de crêche donc, mais aussi contre le congé paternité et contre l'arrangement des horaires de travail pour les personnes en charge d'enfants

CONTRE L’ASSURANCE MATERNITÉ

La Suisse a tardé à mettre en oeuvre des politiques de compensation économique pour la maternité. Jusqu’en 2005, aucune loi fédérale ne régissait cette question et les femmes ne recevaient pas d’indemnisation pour l’interruption de travail. Pourtant, les féministes et les partis de gauche ont soutenus plusieurs projets d’initiatives (1984, 1987, 1999, 2003) pour combler cette grave lacune du système de sécurité sociale. Ceux-ci ont systèmatiquement été attaqués par l’UDC, qui soutient coûte que coûte les entreprises qui seraient pénalisées par les coûts engendrés par l’assurance maternité. De même, le parti défend l’idée qu’une absence de 4 mois est trop lourde à gérer pour les employeurs. De telles politiques ont comme conséquence que seuls des couples aisés peuvent assumer le choix de la parentalité. Les mères célibataires sont particulièrement précarisées, ne pouvant compter ni sur un autre revenu ni sur une aide pour qu’elles retournent travailler. [2]

FENSE DE LAFORME DE L’AVS ET INSTRUMENTALISATION DE LA CRITIQUE DU PATRIARCAT

L’UDC a soutenu la réforme de l’AVS qui repousse d’un an le passage à la retraite pour les femmes (de 64 à 65 ans). Céline Amaudruz (conseillère nationale UDC genevoise) signe un communiqué sur le site de l’UDC au sujet de la réforme. Elle accuse “les féministes” et la gauche de défendre le patriarcat en “refusant” que les femmes deviennt “égales” aux hommes en travaillant le même nombre d’année. Elle les accuse également de délaisser leurs valeurs de solidarité vis à vis de “l’homme blanc [...] qui cotise une année de plus qu’elles”, fonctionnant ainsi “à sens unique”. Aveugle au travail supplémentaire que les femmes effectuent au sein du foyer et qui permet au système capitaliste de se maintenir, l’UDC a soutenu une réforme qui perpétue les inégalités de genre. L’instrumentalisation d’un argumentaire féministe semble être une petite spécialité de Céline, qui connaissait il y a quelques semaines son heure de gloire médiatique grâce à un entartage raté à l’Université de Genève. Cette action politique, qu’elle tente de transformer en agression sexiste, lui a permis de s’étaler dans les médias en instrumentalisant la cause des violences faites aux femmes.

L’UDC CONTRE LES FEMMES MUSULMANES

L’UDC est contre les femmes et les minorités de genre, mais encore plus lorsqu’elles ne sont pas blanches ou riches. Ainsi, la position de l’UDC envers les femmes musulmanes est bien illustrée par son initiative “oui à l’interdiction de se dissimuler le visage”, aussi connue sous le nom d’initiative “anti-burka” [3]. Celle-ci vise spécifiquement les femmes musulmanes et crée de toute pièce une question qui n’existe pas ; en effet, très peu de femmes en Suisse portent une burka ou un niqab. Pendant sa campagne, l’UDC infantilise les femmes musulmanes en prétendant que porter la burka - et par extension tout type de foulard - leur est imposé par leur entourage masculin. Les libérer de ce joug patriarcal serait alors la mission de la société suisse démocratique et égalitaire. Ainsi,une élue UDC déclare que “le port du voile intégral vole toute individualité à la femme” et que “c’est un mépris de l’être humain.” Cette instrumentalisation d’une rhétorique féministe à des fins racistes a un nom : le fémonationalisme. En remettant constamment en doute la capacité des femmes musulmanes de choisir pour elles-mêmes, l’UDC les dépouille de leur qualité de sujet. Il s’agit de discours néo-coloniaux qui prétendent vouloir “civiliser” une partie de la population qui n’est pas capable de se débrouiller toute seule. Cette posture n’est pas seulement déshumanisante pour les femmes musulmanes. Elle diabolise également les hommes musulmans. Car selon l’UDC, ce sont bien eux qui oppriment les femmes de leur famille en leur imposant un vêtement jugé dégradant. Alors qu’on sait que l’UDC est loin d’être l’allié des luttes féministes. La focalisation de l’UDC sur des questions telles que le foulard ou la burka permet d’ailleurs de détourner l’attention de réels enjeux qui permetteraient de se rapprocher un peu de l’égalité de genre. Au lieu de cela, centrer le débat sur la menace fantasmée de l’islam permet de faire avancer leur agenda raciste et nationaliste. En faisant mine de défendre la dignité et la liberté des femmes, l’UDC antagonise les hommes musulmans (en évitant soigneusement de parler de la violence des hommes suisses blancs) et justifie des mesures racistes, comme le renvoi des criminels étrangers par exemple. Ces mesures font donc plus que propager une idéologie haineuse : elles ont des conséquences bien concrètes sur les femmes musulmanes qui sont d’avantage stigmatisées, marginalisées et précarisées. Elles sont reléguées à un statut de “citoyenne de seconde zone” et leur accès à certains emplois (par exemple le statut de fonctionnaire), à certains espaces (notamment l’espace public) ou à certaines activités (par exemple sportives) est de plus en plus restreint.

En remettant constamment en doute la capacité des femmes musulmanes de choisir pour elles-mêmes, l'UDC les dépouille de leur qualité de sujet.

L’UDC CONTRE LE DROIT À L’AVORTEMENT

Ces dernières années les avancées concernant le droit à l’autodétermination sont en péril dans plusieurs pays comme la Pologne et les Etats-Unis qui ont vu récemment le droit à l’avortement reculer drastiquement suite aux attaques de la droite conservatrice.
En Suisse c’est l’UDC qui incarne cette offensive en proposant notamment une double initiative contre l’avortement pour laquelle la récolte de signature doit finir en juin 2023. Les deux initatives paraissent tempérées face aux reculs des droits qu’on observe dans d’autres pays, la première vise à introduire un délai de reflexion d’un jour avant un IVG et la deuxième vise à interdire l’avortement à partir de la 22e semaine. Pourtant ces deux initiatives s’inscrivent dans un débat sur le droit à l’avortement totalement dépossédé de sa racine historique la plus importante : le droit aux personnes pouvant tomber enceintes de disposer de leur corps. Par ailleurs, le recul du droit à l’avortement a été accompagné dans tous les pays où il a eu lieu de grosses offensives contre les droits à l’autodetermination d’autres minoritées de genre, comme les personnes trans qui ont vu la possibilité d’accéder à une transition rendue difficile voire impossible dans certains états des Etats-Unis. Et la Suisse n’est pas étrangère aux discours anti-trans qui ont confortablement fait leur place dans les discours réactionnaires de la droite conservatrice et qui doivent être compris comme étroitement liés au débat sur le droit à l’avortement et à disposer librement de son corps.

La première initiative est assez évidente à ce sujet, poser un jour de délai de reflexion avant d’accéder à un IVG sous-tend une irrationalité ou une incapacité pour la personne enceinte de faire un choix éclairé sur ce qu’elle peut décider de faire de son corps. Il n’est pas difficile de voir le sexisme d’une telle conception. Par ailleurs, l’initiative ne répond à aucune réalité puisque dans les faits, il n’est jamais possible d’avorter le jour même où l’on découvre que l’on est enceinte.

En Suisse c'est l'UDC qui incarne l'offensive anti-avortement en proposant notamment une double initiative contre l'avortement pour laquelle la récolte de signature doit finir en juin 2023

La deuxième initiative pose plus de problèmes encore car elle interdit directement le droit d’avorter dans certaines conditions. Rappelons-le, aucun des pays qui a reculé sur le droit à l’avortement ne l’a complètement interdit. En Pologne par exemple il est toujours possible d’avorter dans le cas d’une grossesse resultant d’un acte illégal (comme par exemple un viol qui est, bien souvent, pratiquement impossible à prouver). Ce recul se fait donc avant tout sur le conditions d’accès à l’avortement. L’argumentaire avancé est toujours le même, celui que l’’accès à l’IVG serait trop facilité et que certaines personnes en abuseraient allégrement. Or on sait qu’en Suisse les trois quarts des avortements sont effectués avant 9 semaines de grossesse et que 95% sont effectués avant les 12 premières semaines. Par ailleurs, à partir de 12 semaine l’IVG est possible seulement si un avis médical démontre sa nécessité urgente pour la santé de la personne enceinte.

Ainsi, interdire l’IVG après 12 semaine implique forcément d’accepter de mettre en danger la personne enceinte, une idée difficilement conciliable avec la supposée volonté de protéger la vie sous quelque forme qu’elle soit. L’UDC n’hésite donc pas à mentir sur la réalité de l’accès à l’IVG qui est encore injustement difficile et conditionné aux choix du corps médical. Tout en restant, dans cette même veine, un précurseur pour propager toujours plus loin l’idée que les femmes et autres minorités de genre peuvent légitimement et légalement voir leurs choix et leur corps policés.

Alliance “tout le monde déteste l’UDC

P.S.

Féministes, rendez-vous à la grande manif contre l’UDC et son monde le 18 mars prochain à Genève, départ 15h parc des Cropettes !

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