Au 147e jour de siège à Gaza, nous sommes ici, BDS Genève (Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël jusqu’à la fin de l’apartheid et de l’occupation en Palestine), pour manifester notre solidarité avec le peuple congolais qui une fois de plus subit massacres et déplacements forcés. Tout comme la Nakba persistant à Gaza, la catastrophe à l’Est du Congo n’a rien de nouveau !
La Nakba actuelle en Palestine et les décennies de violence à l’est du Congo relèvent d’une longue histoire de violence impérialiste et d’exploitation coloniale. Aujourd’hui, nous voulons rappeler que c’est le même projet impérialiste et colonial qui se nourrit et bénéficie du génocide à Gaza en même temps qu’il vole impunément le Congo de ses ressources et ferme les yeux sur les souffrances du peuple congolais !
En Palestine Israël pille les terres palestiniennes de son eau, de ses arbres et de ses ressources ; et vole le gaz naturel présent dans la mer au large de Gaza.
Nous savons toutes et tous que la guerre dans l’est du Congo perdure parce que les puissances impérialistes volent les ressources naturelles du peuple congolais. Le coltan que contiennent nos téléphones a été extrait du cœur du Congo au prix de millions de vies !
Mais il faut aussi rappeler que des entreprises israéliennes ayant des liens importants avec l’Etat israélien profitent de cette machine de guerre et de l’exploitation des ressources naturelles congolaises.
Depuis des années, les importations de l’industrie diamantaire représentent la part la plus importante du Produit National Brut israélien. D’où pensez-vous que ces diamants proviennent ? Du Congo !
En 2000, quand Laurent Kabila a accordé un monopole sur l’extraction des diamants pour financer la deuxième guerre du Congo, il l’a donné au milliardaire israélien Dan Gertler ! L’argent qui avait alors été donné à Kabila a ensuite permis à son gouvernement de s’approvisionner auprès des fabricants d’armes israéliens.
Les entreprises de Gertler sont toujours actives au Congo et représentent la plus grande source de recettes privées pour le gouvernement congolais. En plus d’être actives dans le secteur du diamant, ces entreprises sont maintenant des acteurs majeurs du commerce du cobalt, du cuivre et du pétrole.
L’historique de Gertler en termes d’infractions aux droits de l’homme, d’évasion fiscale, de corruption et de vol est si flagrant qu’il a réussi l’exploit d’être condamné par l’État américain – sous Trump ! Ses liens avec le projet néo-colonial au Congo sont si profonds que cette année, c’est le gouvernement congolais qui fait du lobbying en vue de faire lever ces sanctions !
Nous sommes face à un schéma impérialiste classique : les compagnies israéliennes, proches de l’État israélien, exploitent les ressources du pays, financent sa corruption et profitent des transactions liées à la vente d’armes fabriquées en Israël et des diverses collaborations militaires. Elles engrangent des milliards en complicité avec l’élite néocoloniale pendant que le peuple congolais est volé de ses ressources par ceux-là mêmes qui profitent de la guerre à l’est du Congo comme à Gaza !
Mais cette situation n’est pas nouvelle ! L’État d’Israël est complice depuis longtemps, avant même l’indépendance du Congo. A l’époque, comme aujourd’hui, Israël a toujours considéré comme prioritaire d’intervenir dans les affaires africaines pour empêcher toute solidarité entre les peuples africains et le peuple palestinien. Il savait qu’ainsi il lui serait possible d’exploiter à son bénéfice les richesses et ressources des pays africains, et surtout du Congo.
Vous ne serez donc pas surpris si je vous dis qu’Israël était ravie de collaborer avec la marionnette des impérialistes, Mobutu ! En 1961, l’année où Mobutu fait exécuter Patrice Lumumba, le gouvernement israélien contribue à réorganiser l’armée congolaise de manière à ce qu’elle puisse protéger Mobutu. Dans les années 60, Israël a aussi entraîné une unité de parachutistes dirigés par Mobutu. Ces parachutistes formés par les officiers des forces d’occupation israéliennes étaient la colonne vertébrale du régime et ont contribué à éradiquer toute résistance, à l’est comme au sud, ainsi qu’à faire obstacle à toute tentative de coup d’État.
Après la guerre israélo-arabe de 1973, résultat direct de l’occupation du Sinaï par Israël en 56, le Congo, alors appelé Zaïre, s’est joint à la majorité des pays de l’Organisation de l’Unité Africaine et a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en solidarité avec l’Égypte. Mais bien avant qu’Israël mette fin à sa présence sur le sol égyptien, Mobutu avait secrètement engagé l’armée israélienne afin de former et d’équiper sa garde présidentielle et d’entraîner des unités d’élite de l’armée congolaise, comme la division Kamanyola par exemple.
Cette relation étroite a aussi permis à Mobuto de réaliser son ambition de rapprochement du Zaïre avec les Etats-Unis et les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et le FMI.
Aujourd’hui encore, les liens militaires et financiers entre l’élite néo coloniale congolaise et les entreprises de sécurité israéliennes sont actifs :
• La garde présidentielle est toujours formée et entraînée par M. E. Roy, une compagnie israélienne.
• Le gouvernement congolais engage des sociétés de cybersécurité israéliennes, qui à leur tour font pression sur les républicains américains pour qu’ils soutiennent les intérêts de l’élite néocoloniale Congolaise et ses partenaires Occidentaux.
C’est pourquoi aujourd’hui, ici, avec vous, face à cette énième démonstration des agressions impérialistes, coloniales, et de l’exploitation des ressources des peuples opprimés, nous crions : “FREE CONGO, FREE GAZA” et “liberté pour tous les peuples assiégés et soumis à des forces impérialistes”.
Image de archives.tng : manifestation du 2 mars 2024 Ensemble pour la RDC