Le 25 janvier le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, un ancien militant d’extrême-droite accusé d’agression sexuelle, faisait connaître son intention d’ouvrir la voie à une dissolution du média local d’information Nantes révoltée. La droite locale demandait déjà depuis quelques temps qu’on fasse taire ce média, elle semble avoir obtenu satisfaction. Si nous sommes habitué·e·s à voir le ministre s’agiter sans résultat, nous prenons très au sérieux la menace qu’il fait peser sur la presse libre.
Pourquoi cette répression ? Nantes Révoltée explique :
Vendredi 21 janvier, une manifestation contre l’extrême droite avait lieu à Nantes. Un événement assez courant : des centaines de personnes avaient marché dans le centre avec des fumigènes. En fin de manifestations, deux vitrines avaient été abîmées. Nantes Révoltée, en tant que média, avait couvert cette manifestation. Cette marche, banale, a été le prétexte à un déchaînement politique. La droite et l’extrême droite s’emparent de deux morceaux de verre cassé pour réclamer la dissolution de Nantes Révoltée à Gérald Darmanin.
Dans un texte délirant, la responsable LREM de Nantes et la présidente de la région Pays-de-la-Loire écrivent : « on ne peut plus laisser prospérer cette idéologie anarchiste et haineuse plus longtemps », ou encore « depuis près de dix ans, des centaines de policiers et d’habitants ont été blessés au cours de ces manifestations violentes ». C’est vrai, la police nantaise a blessé des centaines de manifestant-es, dont plusieurs sont mutilé-es à vie. Nous l’avons démontré. Nantes Révoltée est aussi accusée de nuire « à l’image et à l’attractivité de la capitale régionale ». À l’image de la métropole « dynamique » en clair. La lutte dérange les profits des barons de la ville.
Il y a quelque mois c’est La Bogue, média d’info autonome et de lutte dans le limousin, membre du réseau Mutu [1], qui était pris pour cible. Si toutes les affaires n’atteignent heureusement pas ces proportions, les médias libres sont régulièrement menacés.
Plus récemment, c’est Paris-luttes.info, également membre du réseau Mutu, qui était au centre du colimateur. Le ministère de la transition écologique leur demandait de retirer expréssement un article qui listait pas mal de logements vides, sous peine de 20’000’000 euros d’amende (!) et 5 ans de prison. Heureusement, la liste et les adresses sont toujours consultables ici.
Cette demande de dissolution fait suite il y a quelque mois à la dissolution du CCIF [2], le pouvoir macronien a décidé de faire taire ceux qui proposent des contre-discours. À Lyon, c’est le groupe antifasciste la Gale qui est attaqué par le même ministre pour avoir osé poster sur les réseaux sociaux un appel écologiste, relayé largement sur le réseau mutu. Il y a quelque mois c’était le Festival Lyon Antifa fest qui avait été attaqué pour avoir relayé dans leurs communications un extrait de concert.
On note au passage que les autorités, en France comme en Suisse (et sûrement ailleurs aussi), ne comprennent rien aux mots “collectif” et “média” et les mélangent tout le temps, comme quand la RTS accusait “le collectif Renversé” de dégradations matiérielles. Heureusement pour les personnes au pouvoir et les journalistes mainstream, la vérité a été rétablie ici. Gérald, si tu nous lis, peut-être que cet article te sera utile...
Depuis le début de son mandat Macron a fait feu de tout bois pour réprimer le mouvement social : gilets jaunes, syndicalistes, écologistes... tou-te-s ont connu pour seules réponses la matraque et les tribunaux.
Toutes les instances de médiation entre les citoyens et le pouvoir sont traitées avec mépris. Même quand le pouvoir les organise selon ses propres termes par le tirage au sort, il trouve encore le moyen d’ignorer leurs avis. Sur le modèle de Tatcher avant lui il a choisi le passage en force systématique dans un pur style “illibéral”.
Dans ce contexte, l’attaque contre Nantes Révoltée apparaît comme une étape de plus dans la course en avant du pouvoir vers un régime autoritaire. Macron a prévenu que son prochain mandat serait un mandat de casse sociale. Il semble avoir commencé à préparer le travail.
Nous apportons notre soutien aux camarades de Nantes Révoltée.
Que fleurissent mille Nantes Révoltée...