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[Genève] Malagnou 2017 : l’expulsion c’est toujours « non »

Deuxième épisode de la gazette de la maison collective de Malagnou (GE) qui proteste contre leur expulsion en juin prochain. Le motif invoqué étant le manque de maisons vides de l’État, nous en avons trouvé d’autres !

Genève |

« Un peuple ne trouve pas l’accomplissement de ses destinées dans la sphère de l’État, mais dans la sphère de la Liberté. L’État n’est pas la liberté ; il est, au contraire, la contrainte que la liberté s’impose à elle-même. L’État est le système de la contrainte sociale et nationale »
Albert Galeer, Der moralische Volksbund, 1846

Un nouveau rassemblement contre l’expulsion de l’ancienne station de zoologie expérimentale du 154, route de Malagnou a eu lieu le 25 janvier 2017 à Genève. Le magistrat Serge Dal Busco (PDC) a exigé le départ des habitant-e-s de cette charmante maison collective au 30 juin 2017 pour que l’Hospice général y loge des requérant-e-s d’asile. En pratique, il semblerait que ce soit surtout le fait que cette maison ait été obtenue par une occupation illégale qui pose problème.

Il y a quelques mois, les habitant-e-s de Malagnou avaient déjà tenté (sans succès) de remettre un « pipeau d’or » géant au conseiller d’État Serge Dal Busco. Il faut dire qu’au début de l’été 2016, ses services avaient proposé un nouveau contrat au collectif Xénope (qui y habite) jusqu’en 2020 car les travaux publics sur cette parcelle ne commenceront pas avant une dizaine d’années. Mais c’était du pipeau ! Non seulement Dal Busco n’a pas voulu recevoir son cadeau, mais en plus il avait envoyé des robocops pour empêcher les manifestant-e-s de le remettre dans sa boîte aux lettres. Entre temps, les autres entités de la parcelle – l’association caritative Carrefour-Rue et la Tortue (coopérative CIGUË) – ont obtenu un nouveau contrat du 1er janvier 2017 à fin 2020.

Qu’à cela ne tienne, les habitant-e-s de Malagnou ont pu rencontrer Dal Busco le 21 novembre 2016 lors de l’inauguration du nouveau bâtiment de la faculté de médecine de Genève. Il a alors affirmé devant de nombreux témoins qu’il ne s’opposerait pas à la signature d’un nouveau contrat de bail si nous trouvions une autre maison du parc immobilier de l’État qui serait vide et susceptible d’accueillir des migrant-e-s. À la veille de Noël, Dal Busco a nié avoir tenu ces propos, et a refusé de rencontrer les habitant-e-s, sans doute en raison du galérage intense qu’il affiche dans la réforme de l’imposition des entreprises « RIE III ». Entre temps, l’Hospice général se prépare déjà aux futurs travaux et leur projet s’annonce plutôt givré (voir cet article) !

Ayant pour habitude de prendre très au sérieux la parole publique, les habitant-e-s de Malagnou ont pourtant réussi à dégoter un ancien foyer, vide et appartenant à l’État au 28c, route de Meyrin, ainsi que plusieurs autres propriétés de l’État un peu partout dans le canton qui ont été détruites alors qu’elles étaient parfaitement habitables. "Qui eût cru que l’État genevois, qui prétend sans cesse faire le maximum pour résoudre la crise du logement, préfère, par facilité, étendre la logique du vide au sein de son parc immobilier ?" a déclaré une habitante de Malagnou dans son discours à la presse.

Une conférence de presse a donc eu lieu devant le 28c, route de Meyrin en compagnie de quelques banderoles. Des policiers sont venus voir ce qu’il se passait. Ils ont pris l’identité d’un participant mais n’ont arrêté personne. La conférence de presse a donc pu avoir lieu normalement, mais fait plus curieux, cinq habitant-e-s de Malagnou se sont fait interpeller une demi-heure après la fin du rassemblement par 3 (!) voitures de police sirènes hurlantes alors qu’ils roulaient tranquillement sur l’avenue des Charmilles.

Les policiers leur ont demandé de sortir du véhicule afin qu’ils puissent procéder à un contrôle d’identité et une fouille au corps. La voiture aussi a été fouillée sous l’oeil avisé des pandores. Bien sûr, aucun motif n’a été avancé pour cette interpellation. « Contrôle de routine », mon œil ! Il s’agit plus certainement d’une tentative d’intimidation. Mention spéciale aux policiers heureux comme des gamins en train de photographier les banderoles… que nous venions d’utiliser pour la conférence de presse !

Plus tard dans la journée, le porte-parole de Dal Busco a même eu l’inconscience d’affirmer à la presse que l’expulsion du 154, route de Malagnou « n’a rien de politique ». On en arrive à un point où, sous l’influence des technocrates, l’État n’est même plus prêt à assumer le caractère politique de ses décisions. L’expulsion de Malagnou est injuste et se base sur des arguments mensongers, cette simple mise au point conduit aujourd’hui à subir un contrôle en pleine rue sous le regard hébété des passants.

À Malagnou, on sait aussi faire n’importe quoi et se fendre la poire. La lutte pour garder cette maison collective ne fait que commencer (et la suite risque de vous surprendre !).

Malagnou Kids On The Block - MKOTB

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