Discours d’Outrage Collectif lors du rassemblement contre les centres fédéraux le 23 mai 2018
Le site web du SEM (Secrétariat d’État aux Migrations) fait l’éloge des centres fédéraux pour requérants d’asile en mettant en avant les avantages économiques pour les communes et les régions, tels que l’investissement et le développement des entreprises, du marché de l’emploi, la promotion des fournisseurs alimentaires et matériels locaux, ainsi que la diversité culturelle.
La promotion des centres fédéraux y est exposée à la population majoritaire comme bon pour l’économie et minimise les préjugés criminalisant à l’encontre des personnes en exil en lui assurant qu’iels seront bien cadré.e.x.s, ou même rangé.e.x.s, pour appuyer le caractère déshumanisant, jusqu’à leur expulsion. La présentation assure et assume que la Patrie sera bien protégée et qu’elle pourra en plus en tirer des bénéfices matériels.
En utilisant un vocabulaire juridique issu du droit pénal, les centres fédéraux nous sont vendus de manière insidieuse comme un séjour en complexe hôtelier all inclusive avec accès facilité à l’aéroport. Mais en fait non. La Suisse n’est pas en train de présenter son plan de développement touristique, mais sa stratégie d’emprisonnement des étranger.e.x.s 2.0. Ah oui ! Un truc qui est sûr, elle sait faire bon accueil ! Tout est prévu : exploitation de la force de travail et constitution d’une main d’œuvre forcée, déscolarisation des enfants de l’école publique, couvre-feux et permission de sortie, dispositif sécuritaire, sanctions arbitraires et infantilisantes, réduction de l’accès aux soins et à la défense juridique. Tout est prévu ! Tout tout tout. Comme quoi l’héritage de la traite humaine, de l’esclavage et de la colonisation est toujours bien là !
Rappelons que la Suisse est un pays impérialiste qui a tiré profit du colonialisme sans s’embarrasser de colonies ni des conséquences directes qui y sont relatives. Elle a été, et est toujours, active dans la dévastation des pays occupés depuis l’esclavage par la vente massive d’armes de guerre, et tire son mode de vie de « pays développé » de l’exploitation et du maintien de ces mêmes pays dans la misère, tout cela au nom du capitalisme. Elle est de ce fait directement responsable des conséquences dramatiques sur les populations racisées, la migration forcée et la traite humaine.
Au lieu d’assumer ses responsabilités et de mener une politique d’asile en conséquence, la Suisse, à travers le SEM, parle d’une « accélération des procédures d’asile », qui n’est en fait qu’une accélération des procédures de renvois, avec notamment la construction de ces fameux centres fédéraux.
Au Grand-Saconnex, ce sont 300 places, entre ledit centre fédéral et le centre de détention administrative, avec bien sûr police et douanes qui sont prévues.
Les centres fédéraux pour requérants d’asile ne sont pas ouverts au public, par respect pour la sphère privée des résidents
SEM
Argument similaire utilisé par le système judiciaire qui invoque le « droit à la vie privée » des personnes racisées exilées – poussées vers l’illégalité, criminalisées et incarcérées – pour les empêcher de communiquer des informations à leurs proches, ce qui a pour conséquence directe d’isoler un maximum ces sujets politiques en mouvement de la société civile et, par conséquent, de briser les liens sociaux et les possibles soutiens. La séparation linguistique et culturelle systématique des populations y participe également. Ces nouvelles dispositions permettent également aux employé.e.x d’avoir un champ libre dans la manière de traiter les personnes, qui y habitent à huis-clos, selon leur propre subjectivité et de façon totalement aléatoire.
Ainsi, les centres fédéraux, ou centres d’enfermement contemporain, resteront des espaces de vie carcérale pour les personnes en exil extra-européenne. La Suisse n’est pas le pays d’accueil et de traditions humanitaires qu’elle prétend être.
Ne soyons pas dupe…
A bas les politiques ségrégationnistes !
A bas l’expression de ce racisme assumé !
A bas toutes les formes de prison ! »
Outrage Collectif