Pour les résident·e·s de Centre Fédéraux d’asile et de foyers, dans lesquels il n’est tout simplement pas possible de disposer d’une intimité, où le moindre de leurs faits et gestes est contrôlé par des agents de sécurité n’hésitant pas à frapper et à humilier au besoin, où il n’est pas possible d’aller et venir librement, le mal-logement est une réalité.
Pour les résident·e·s de bunkers, qu’on a rouvert récemment parce qu’on ne veut pas les accueillir autrement, qui vivent dans la promiscuité et n’ont pas accès à la lumière du jour, et dont on associe systématiquement l’arrivée avec une prétendue hausse de la criminalité dans le quartier, le mal-logement est souvent vécu comme une torture.
Pour les résident-e-s de foyers insalubres, dans lesquels une étincelle suffit à générer un incendie et où les normes de sécurité peuvent entraver leur fuite en cas de danger, le mal-logement est un danger permanent. On n’oubliera jamais l’incendie du foyer des Tattes qui a causé la mort d’une personne et en a traumatisé tant d’autres à vie, ni ceux répétés du foyer de la Poya à Fribourg, ni tous les autres.
On les oublie trop souvent, mais pour les sans-papiers aussi le mal-logement est une funeste réalité. Sans droits pour se défendre, victimes de marchands de sommeil, entassé·e·s à dix voir beaucoup plus dans des appartements insalubres, déplacé·e·s par surprise en pleine nuit d’appartement en appartement pour éviter que se tissent des liens de solidarité, payant des loyers indécents et escroqués parce que sans droits ; pour elles et eux aussi, le mal-logement complique cruellement leur vie.
En 2015 le mouvement No Bunkers avait permis de démontrer à quel point loger les personnes migrantes sous terre était inacceptable. Aujourd’hui, 8 ans plus tard, on dirait que les autorités n’ont rien appris. Les autorités cantonales et fédérales doivent arrêter de faire semblant d’être « dépassées » par les flux migratoires, et découvrir du jour au lendemain que les foyers sont soudainement pleins à craquer ! Tout cela est prévisible, et même en cas d’évènement inattendu d’autres solutions sont possibles. Un autre accueil est possible, si on a la volonté politique de le faire.
Alors oui : toutes les personnes migrantes quel que soit leur statut ont droit à un logement digne, le droit au logement est un droit humain !