Répression - Enfermement Critical Mass

Compte-rendu du rassemblement et du procès de la Critical

Lundi 16 août s’est déroulé le premier procès d’une longue série qui va s’étirer sur tout l’été et plus encore. Compte-rendu du rassemblement de soutien aux inculpé.e.x.s et de l’audience.

Genève |

Lundi 16 août s’est déroulé le premier procès d’une longue série qui va s’étirer sur tout l’été et plus encore. Si ce sont des personnes qui sont prévenues, c’est bien le procès de la Critical Mass que mènent la justice et l’État. Des dizaines de contraventions sont tombées durant toute l’année 2020 dans le but de décourager ce défilé mensuel qui, depuis plus de vingt ans chaque dernier vendredi du mois, appelle à défiler des milliers d’engins roulants non motorisés, sans autorisation ni organisateur.ices, dans les rues de Genève.

Pour soutenir les amendé.es.x de ce premier procès nous nous sommes réuni.e.x.s devant le palais de justice avant l’audience. Une multitude de vélos, discours, slogans, ainsi qu’une banderole clamant “la justice déraille, la critical passe” rappelaient notre joyeux bordel des derniers vendredis du mois et montraient le large soutien à ce dernier.

Après ce joli moment de solidarité au soleil l’audience fût nettement moins sympathique. Que retenir de ce procès ?

Ce qui ressort de façon flagrante, c’est le décalage entre les réelles motivations de l’appareil d’Etat et ce qui est retenu contre les personnes amendées. Derrière les bêtises reprochées aux 5 personnes concernées par cette première audience (des infractions aussi triviales que le dépassement d’une ligne blanche ou avoir posé le pied à terre quelques secondes sur une grosse artère en pleine manifestation), la justice peine à dissimuler une volonté politique d’en finir avec la Critical Mass. Durant toute l’audience se sont opposées d’un côté la défense du droit de manifester et, de l’autre, la mauvaise foi incroyable d’un pouvoir tentant grossièrement de dépolitiser la répression du mouvement, de la réduire à de simples détails techniques concernant la loi sur la circulation routière.

Paradoxalement, c’est un des flics entendu comme témoin qui confirme notre lecture de la situation. Il nous dit lors de l’audience : “on nous a tout demandé pour les Critical Mass, parfois d’être invisibles, parfois d’intervenir”. Il admettra par ailleurs que, concernant l’édition de juin 2020, l’Etat Major a bien demandé aux flics déployés de mettre l’accent sur les infractions à la LCR. L’irrégularité dans l’approche policière de la manifestation témoigne des volontés politiques du moment, ici celle de Mauro Poggia qui ne se cache pas de vouloir mater la critical en la soumettant à la loi sur les manifestations. Comment expliquer autrement le fait qu’il n’y ait pas eu une seule interpellation lors de la Critical de juin 2019 et 23 pour celle de juin 2020 ? Comment expliquer autrement la disproportion du dispositif policier, apparut subitement en mai 2020, alors qu’il n’y a jamais eu d’accidents à la Critical, hormis ceux causés par les automobilistes ou par la police elle-même ?

Au fil des questions les flics jouent le rôle attendu, ils obéissaient simplement aux ordres ou aux impératifs de la sécurité routière. Rien de politique là dedans ; ils ne savent rien de plus, n’ont rien vu, rien entendu, ne savent pas le monde qu’il y avait, ne savent pas combien il y a eu d’interpellations. On peut donc légitimement se demander : à quoi sert la police ? Marrant aussi comme les rapports de police font office de réalité. À plusieurs reprises on aura droit à des réponses type “ah oui si c’est écrit c’est que je devais y être” ; en d’autres termes, le rapport de police est plus valable que nos souvenirs. On s’en doutait, les flics peuvent se permettre d’écrire la réalité. N’oublions pas d’écrire la nôtre !

Le verdict n’est pas encore tombé, cependant ce n’est pas ce dernier qui définira si nous avons gagné ou non, car “la meilleur manière de défendre nos droits fondamentaux est de les exercer” [1]. Nous n’attendons pas grand chose de cette justice car c’est dans la rue, sur nos vélos, que nous défendrons la Critical Mass.

Rendez-vous le vendredi 27 Août à la place des Grottes, 18h30, pour la prochaine Critical ! Montrons leur que nous sommes fort.e.x.s, que nous sommes nombreux.ses et qu’ils ne peuvent pas nous mater !

Agenda

Pour une Critical Mass festive et combative !

 vendredi 27 août 2021  18h30 - 23h30
 vendredi 27 août 2021
18h30 - 23h30
 Place des Grottes Genève,

 

Notes

[1Plaidorie de l’avocat

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