Ces derniers mois, on a pu voir proliférer des manifs anti-vax, anti-masque et anti-pass, et la confusion a commencé à régner entre ces différentes sphères de revendications. Dans cette ambiance trouble, LÉR (les Étudiants résistent) et ESC (Éducation sans certificat) ont lancé un appel à participer à une manif non autorisée afin de visibiliser leurs difficultés d’accès à l’Université suite à l’élargissement du pass covid aux amphithéâtres. Cette coordination a été créée à l’UNIL et l’EPFL par quelques étudiant.e.xs après une réunion de 70 à 80 personnes qui a été appelée au sein du corps enseignant des deux écoles et des étudiant.e.xs. En dehors de cette réunion, les gens ne se sont pas organisé en présentiel, juste via un groupe Telegram réunissant une trentaine de personnes de tous bords politiques, dont des personnes de l’extrême droite qui se sont, quelques jours avant la manifestation, lâchés dans des rhétoriques racistes absolument inacceptables.
Dans une rhétorique simpliste et antisolidaire, iels ont mis l’emphase sur leur « liberté, liberté, liberté ! » de pouvoir accéder aux lieux publics, en confondant les luttes anti-vax et les luttes anti-pass, et sans analyse plus critique concernant par exemple l’obsession de l’Etat à faire des économies sur les budgets des services publics dont les hôpitaux, à la répartition mondiale du vaccin, à la déforestation industrielle qui détruit les habitats d’espèces qui se retrouvent obligées de se rapprocher de nous, les causes systémiques qui ont engendré la pandémie et qui continuent de la propager. Le malaise, qui a aussi été évoqué dans un article récent du Silure, c’est que la pandémie a causé des millions de morts, qu’elle submerge les travailleureuses de la santé depuis un an et demi et qu’elle continue d’empêcher toute une partie des gens de se nourrir correctement et de dormir à l’abri. Et le malaise, c’est aussi qu’on n’en entend jamais parler dans les discours anti-vax et anti-masque, et qu’on en entend que trop peu parler dans les discours anti-pass.
La plupart étaient cinquantenaires, et n’avaient pas l’air de militantexs affirméexs mais plus de badauds en colère qui sortent en manif pour la première fois de leur vie. On peut noter en tous cas que la plupart des personnes qui se sont retrouvéexs à manifester ce jour-là voulaient montrer leur colère d’être restreintexs dans leur quotidien par le pass sanitaire, rendu obligatoire en Suisse le 13 septembre pour avoir accès à de nombreux lieux publics fermés, et qu’il s’agissait pour ces personnes, d’une raison assez évidente pour sortir dans la rue, alors que d’autres raisons de se mobiliser ne l’ont pas été auparavant, telles que l’adoption de lois anti-terroristes liberticides, ou lors de mobilisations qui ne les concernaient pas directement. On a pu y voir des pancartes antisémites, de nombreux drapeaux suisses et drapeaux vaudois, et des manifestantex ont suivi des copainex qui portaient des drapeaux antifa en chantant "tout le monde déteste les communistes". Grosse ambiance...
Le discours dominant, très simpliste, a réussi à convaincre une partie de la population en empruntant de nombreux raccourcis comme "on vit dans une dictature", "Alain Berset est un dictateur", "le Conseil Fédéral nous ment". La manifestation a convaincu de nombreuses personnes car l’appel fait le choix de ne pas positionner politiquement. Le flou quant au bord politique est très inclusif, certes, mais il attire la sympathie de militants d’extrême droite, tels que Thibault Schaller, un facho notoire lausannois, présent au rassemblement. Notons également le désir de camaraderie avec les flics. En effet ces rassemblements appellent à collaborer avec la police, s’adresser à elle en cas d’attaque, leur apporter des fleurs et de leur porter compagnie. Les flics quant à elleux, sont resté.es spectateurices en uniforme bleu alors que devant eux se déroulait un rassemblement de 2000 personnes ne voulant pas respecter les mesures sanitaires nécessaires à la non-propagation de ce virus mortel. Comme à leur habitude iels adoptent une forme de deux poids deux mesures en encadrant en mode robocop quelques 4 jours après, dans une autre manif, toujours à Lausanne ou en réprimant fortement une autre manif anti-certificat à Genève quelques semaines plus tard.
Nous ne souhaitons pas laisser les fachos manifester impunément dans nos rues et sommes sensibles aux problèmes que le QR-Code et l’industrie pharmaceutiques engendrent. Trouvons-nous les moyens d’agir sans précipitation dans ce "nouveau" mouvement né de la crise sanitaire.