Logement - Squat Occupation - squat

LE PORNO DIESEL RESTE !

En été 2021, nous apprenons que la Ville de Lausanne va mettre au concours notre ferme ainsi que les terres alentours afin de « valoriser » cette zone et, très certainement, de nous expulser après 7 ans de vie et d’organisation collective.

Lausanne |

Il s’en suit la rédaction d’un communiqué de notre part et de plusieurs discussions avec la Ville, des allié.e.x.s et des politiques dans le but de nous faire entendre et d’espérer stopper le projet avant qu’il ne devienne trop abouti. Nous avons assisté aux ateliers dits « participatifs » de la Ville afin de savoir à quelle sauce nous allions être mangéx.s.
Bref, une sorte de lutte de basse intensité tout au long du calendrier de la mise au concours qui nous promettait une réponse quant à leurs intentions au printemps 2023.

Cette réponse nous est parvenue et nous n’allons pas passer par 4 chemins : l’heure est à la victoire !!!
Les gagnants du concours n’exploiteront pas 1m2 de notre maison, ni des terres que l’on défend. Pas de tentative de collaboration forcée, ni même de demande relative à la mise en place du projet.
Incroyable mais vrai, sous le prisme du logement, la victoire est totale. Elle est totale car elle s’inscrit dans un contexte lausannois dans lequel les collectifs d’habitations alternatives et les squats sont de plus en plus réprimés et où il est difficile de rester plus de 2 semaines dans un lieu occupé. Elle est totale quand on dézoome à un niveau national ou international et que, pour une multitude des personne.x.s, la possibilité de rêver un lieu collectif est tout bonnement impossible tant la répression est violente.

Maintenant voilà, un des 2 gagnants du concours choisis par la Ville sont des éleveurs porcins propriétaires d’abattoirs. La « valorisation » écologique et biologique voulue par la Ville prend un virage 70’s et s’enlise dans une logique de rentabilité frileuse. Pas de projet avant-gardiste où l’on aurait pu se dire : « Purée, c’est quand même stylé… ».
A la place d’une ZAD, on récolte une boucherie…
Bien que nous soyons très heureux.ses de pouvoir conserver notre lieu de vie et continuer d’y développer nos activités, nous constatons que l’agriculture intensive et le spécisme seront maintenus et encouragés.

En 20 ans, 40 % des espèces d’oiseaux ont disparus de la zone agricole. La moitié des espèces d’oiseaux présents en terres cultivées sont menacées de disparition.
En seulement trois décennies, l’être humain a décimé jusqu’à 75% des effectifs des populations d’insectes.

Directement lié à l’exploitation agricole, le Canton de Vaud est aussi classé comme le pire canton suisse en termes de teneur en nitrate et phosphate en milieux aquatiques.
Toujours en lien avec l’agriculture intensive suisse, + de 80% des milieux naturels présentent des dépôts azotés trop élevés. Ainsi, les animaux et plantes sauvages ayant besoins d’espaces naturels non engraissés disparaissent petit à petit...

Devant ce constat scientifique catastrophique qui s’empire tous les jours, nous aspirions à un éveil politique et à l’orientation d’une agroécologie respectueuse du vivant et rémunératrice des personnes la pratiquant.
La Ville de Lausanne ne semble pas l’entendre de cette oreille.

Présenté à la base comme un projet de maraichage bio, "L’espace blécherette" sera finalement globalement utilisé pour élever puis tuer des cochons et des bovins.
Les animaux ne sont pas des choses ou objets à notre service, destinés à soufrir puis être tués pour notre "plaisir" dispensable.

Nous soutenons la lutte paysanne et pronons la libération des terres, l’autonomie sous toutes ses formes, la fin du libre-échange, la destruction immédiate du duopole Migros-Coop et de l’agrocommerce de manière plus large.
Comme tous les domaines de notre vie, la paysannerie se meurt sous les coups du libéralisme et de l’économie de marché capitaliste. Avec amour et solidarité, nous manifestons notre soutien à toux.te.s les paysan.ne.x.s qui luttent quotidiennement pour leurs conditions de vie, pour leur passion, pour la nature et pour nous nourrir.

La célébration de pouvoir rester dans notre lieu de vie est selon nous importante du moment qu’elle est mise dans le contexte de nos privilèges.
Le fait qu’une partie du collectif soit de nationalité suisse et ait grandi à Lausanne avec un tissu social fourni et une compréhension des enjeux liés à l’occupation de maisons a participé à la visibilisation de notre lutte au travers de relais associatifs et politiques déjà existants. Nous bénéficions également d’un héritage de dizaine d’années de luttes pour le droit au logement et d’occupations illégales de maisons qui ont créé un rapport de force avec les autorités municipales et nous ont permis de rester dans cette maison avec un contrat de prêt-à-usage.

Sans dire que nous ne nous sommes pas battus pour cette maison, notre situation reste isolée et, sans ces facteurs, nous serions certainement expulsé.e.x.s, tombé.e.x.s dans l’oubli et en quête d’un nouvel habitat avec toute l’énergie que cela demande.

Mais nous sommes toujours là et nous pensons que c’est en grande partie grâce au soutien que vous nous avez témoigné.
Des soutiens à pleins de niveaux différents qui nous ont permis de rester et d’y croire.

MERCI à touxtes les pote.x.s, collectifs et orgas d’avoir signé, relayé et mis en avant notre communiqué !
MERCI à celleux sur qui on sait qu’on peut compter si la lutte était allée au-delà du papier !
MERCI aux personne.x.s et institutions qui sont sorties de leur zone de confort pour soutenir un collectif et des valeurs politiques encore trop marginales !
MERCI pour tous les gestes et le soutien émotionnel avant et durant cette période !

LOVE SUR VOUS ET A VITE !

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