Antifascisme - Extrême-droite UDC Antifascisme néonazisme

Les amis néonazis de Némésis et de l’UDC

Qui sont les militants néonazis avec lesquels Némésis a coordonné une action à Berne le 13 juin dernier ?

Suisse |

Le 13 juin 2023, le collectif raciste Némésis Suisse coordonnait une action à Berne avec le groupuscule néonazi alémanique Junge Tat.

Némésis Suisse et Junge Tat sur la Place fédérale à Berne le 13 juin 2023.

Suite à leur action en commun, les deux groupes se sont rendus dans un restaurant de la vieille ville de Berne pour manger une fondue. Un affrontement a alors éclaté après que les néonazis aient été reconnus par des militant.e.s antifascistes [1].

Après cette altercation, Némésis Suisse tentera de se victimiser en présentant les antifascistes comme des agresseurs de femmes sans défense, omettant intentionnellement le fait que les cibles de l’attaque étaient en réalité les militants de Junge Tat.

Cela n’a pas empêché la porte-parole de Némésis Suisse, la valaisanne Oxana Bianchi-Pastori, de s’afficher sur les réseaux sociaux avec les deux leaders de Junge Tat : Tobias Lingg et Manuel Corchia.

Oxana Bianchi-Pastori dans une story Instagram avec les néonazis Tobias Lingg et Manuel Corchia.

Junge Tat - Un groupuscule néonazi

Avant de fonder Junge Tat, Manuel Corchia était à la tête tête d’Eisenjugend Schweiz, un groupuscule néonazi au sein duquel il récitait des discours d’Adolf Hitler, fantasmait sur une guerre civile raciale et accumulait un arsenal d’arme [2].

Manuel Corchia posant armé dans une vidéo de propagande d’Eisenjugend Schweiz.

Aujourd’hui dirigeant d’une petite entreprise de design à Winterthour, Manuel Corchia a étudié la visualisation scientifique à la Haute école des arts de Zurich (ZHdk) avant d’en être exclu en 2020 suite à ses provocations néonazies [3].

En effet, le 20 avril 2020, jour de la naissance d’Adolf Hitler, Manuel Corchia et Tobias Lingg perturbaient une conférence en ligne de la ZHdk en la bombardant de slogans nazi et en criant « Heil Hitler » et « Sieg Heil » dans le canal vocal [4].

Pour ces faits, les deux néonazis seront reconnus coupables en 2021 de discrimination raciale par le Ministère public et condamnés à des amendes avec sursis. Ils fonderont Junge Tat peu après leur condamnation [5].

Le 10 juillet 2021, Manuel Corchia, Tobias Lingg et d’autres membres de Junge Tat étaient parmi les quelques 90 néonazis à se réunir dans le canton de Lucerne pour commémorer la bataille de Sempach, commémoration considérée comme le plus grand rassemblent néonazi de Suisse de ces dernières années. Les membres de Junge Tat y étaient notamment chargés d’escorter les néonazis vers le monument au mort. Une fois sur place, Manuel Corchia a également prononcé le principal discours [6].

Manuel Corchia et Tobias Lingg le 10 juillet 2021 à la commémoration néonazie de la bataille de Sempach.

Le 19 juin 2022, des militants de Junge Tat cagoulés tentaient de perturber le service religieux de la Pride de Zurich en essayant de porter une croix sur laquelle était inscrit « No Pride Month » (pas de mois des fiertés) dans l’église où se déroulait une célébration [7].

Des militants de Junge Tat s’enfuient après avoir tenté de perturber le service religieux de la Pride de Zurich.

Le 16 octobre 2022, des militants de Junge Tat cagoulés ont interrompu une lecture pour les familles animée par des drag-queens à la Tanzhaus de Zurich en déployant des fumigènes et une banderole comportant l’inscription « Familie statt Gender-Ideologie » (la famille plutôt que l’idéologie du genre) [8].

Junge Tat lors de la perturbation de la lecture pour les familles animée par des drag-queens à la Tanzhaus de Zurich.

NÉMÉSIS ET LESONAZIS - UNE VIEILLE HISTOIRE

Les liens entre Némésis Suisse et la mouvance néonazie ne sont pas nouveaux et remontent même à la création du groupe. Némésis Suisse est en effet directement issu de la « section féministe » du groupuscule néonazi violent Militants Suisse, dont était notamment membre la fondatrice et ancienne porte-parole de Némésis Suisse Sarah Bottagisio. Fin 2020, deux membres de Militants Suisse, qui feront partie des premières militantes de Némésis Suisse, apparaissaient déjà dans une vidéo de propagande de Junge Tat tournée à Rapperswil-Jona [9].

En haut : vidéo de propagande de Junge Tant, en bas : première action publique de Némésis Suisse.

NÉMÉSIS, JUNGE TAT ET L’UDC

Il est plutôt étonnant que Némésis Suisse ait pris la décision de collaborer ouvertement avec Junge Tat, un groupuscule généralement qualifié de néonazi par les experts et les journalistes. La stratégie de Némésis a pourtant toujours été de se présenter comme « féministes » identitaires et d’éviter tout lien trop voyant avec l’extrême-droite explicitement fasciste, bien qu’elles soient elles-mêmes issues de cette mouvance.

Il est également surprenant de constater la formation de lien de plus en plus évidents et étroits entre l’UDC et Junge Tat. Les néonazis de Junge Tat sont présents à tous les événements organisés par le parti et sont adulés par les jeunes UDC pour leur côté nouvelle droite branchée. On pourrait même dire qu’aujourd’hui, leur activisme est favorisé par les campagnes et les thèmes abordés par l’UDC.

Récement, Fabian Eberhard, un des journalistes spécialisés dans l’extrême-droite en Suisse, a découvert que Junge Tat est en charge de la communication de la campagne électorale de la présidente de l’UDC Winterthour, Maria Wegelin, candidate au Conseil national [10]. Il a également révélé que Manuel Corchia est membre des Jeunes UDC de Thurgovie et a conçu des affiches pour le parti dans le cadre des prochaines élections fédérales [11].

Combien d’argent Junge Tat a-t-il gagné avec ces opérations ? Est-ce que cet argent va servir à payer les frais de procès qu’ils ont face à la justice allemande ? Début septembre, les forces de l’ordre ont en effet perquisitionné des appartements de militants de Junge Tat. La justice allemande enquête sur eux pour incitation à la haine et contrainte, parce qu’ils ont défilé en février, cagoulés, devant un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Peutenhausen, en Bavière, bloquant la route et allumant des fumigènes [12].

Il y a toujours eu une certaine porosité entre l’UDC et l’extrême-droite fasciste, mais aujourd’hui les liens sont assumés au grand jour, comme en témoigne un cliché datant du 22 septembre dans lequel on peut voir les deux portes-paroles de Némésis Suisse, la franco-suisse Léa Sauchay et la valaisanne Oxana Bianchi-Pastori, à l’intérieur du Palais Fédéral aux côtés du conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor et de Marco Chiesa, président de l’UDC Suisse.

Léa Sauchay (tout à droite) et Oxana Bianchi-Pastori (au centre) au Palais fédéral avec Marco Chiesa (deuxième en partant de la droite) et Jean-Luc Addor (tout à gauche).

Derrière sa façade de respectabilité d’un parti bourgeois, l’UDC reste un repaire pour l’extrême-droite néonazie. La plupart des membres fondateurs de groupes néonazis comme Résistance Helvétique, Militants Suisses, Némesis Suisse ou encore le Réveil Romand se sont rencontrés et formés politiquement dans les rangs de l’UDC.

Alors que l’UDC se « Zemmourise » dans sa « guerre » contre les activistes du climat, les communautés LGBTQI+, les personnes racisées, les féministes et les « gauchistes », nous devons redoubler d’attention et d’efforts pour ne pas baisser les yeux face aux réactionnaires.

Notes

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co