Luttes indépendantistes - impérialisme BDS Genève

Retour sur la grande manifestation populaire pour le Liban et la Palestine

Samedi passé une manifestation de plus de 6’000 personnes a sillonné le centre-ville de Genève pour dénoncer le génocide en cours depuis une année à Gaza, l’invasion du Liban et l’inaction voire la complicité de la Suisse face aux crimes israéliens et aux violations du droit international.

Genève | Palestine |

Crédit photo : https://www.pecorini.net/

Cette manifestation fleuve est passée devant UBS pour rappeler que la banque suisse a acquis de nouvelles actions d’Elbit Systems, le plus grand fabricant d’armes israélien, augmentant de 875 % ses investissements. Elbit Systems fournit 85% des drones et 85 % des munitions de petit calibre à l’armée israélienne. L’entreprise a admis avoir atteint des record de revenu depuis le début du genocide.

Lors du parcours une autre entreprise à été ciblé car elle profite de la guerre génocidaire israélienne : l’entreprise d’armement américaine Lockheed Martin. Lockheed Martin, le plus grand fabricant d’armes au monde, fournit à Israël des avions de chasse F-16 et F-35 ainsi que les munitions pour les hélicoptères Apache, qu’Israël utilise largement pour bombarder Gaza.

Arrivée à la hauteur de la place Longemalle, la manifestation s’est arrêtée pour réaliser un die-in géant afin de représenter toutes les victimes Palestiniennes.

A noter que la manifestation a été rejointe par plusieurs “blocs” : des journalistes solidaires avec leurs collègues palestiniens derrière la banderole “tuer des journalistes n’effacera pas la vérité”, des activistes queers contre les “pinkwashing” israélien et bien sûr le mouvement étudiant venu de plusieurs cantons.

Après une année de résistance et de mobilisations, la société civile reste en marche pour la justice et les rues de Genève sont plus que jamais palestiniennes : on ne lâche rien jusqu’à la libération !

Mobilisons-nous pour la prochaine manifestation en novembre et jusqu’à la libération !

Retour sur les discours de la manifestation du 19 octobre 2024 :

BDS Genève

379 ème jour du génocide à Gaza

Le Lancet, le plus respecté des journaux médicaux estime qu’à la mi-juin, le nombre réel de morts était de 186 000 et qu’il atteindra 335 500 d’ici la fin de l’année 2024. Plus de 40% des victimes sont des enfants.

• 70% des habitations à Gaza ont été soit détruites ou endommagées, des villes entières détruites
• 38% à 48% du couvert végétal et des terres agricoles de Gaza ont été détruites ou endommagées
• 85% des écoles à Gaza et toutes les universités ont été détruites ou endommagées
• 84 % des établissements de santé sont endommagés ou détruits. Israël bloque l’arrivée de nourriture et médicaments, dont le 2e vaccin contre la polio, primordial pour les enfants palestiniens de Gaza.

Tout cela fait partie de la stratégie israélienne de nettoyage ethnique, qui consiste à forcer les Palestiniens à quitter leurs maisons et leurs terres. Le gouvernement israélien prévoit de les forcer à l’exil, afin de vider Gaza de sa population.

Alors qu’Israël poursuit son génocide contre les Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie occupée, les colons fascistes ont intensifié leurs attaques contre la population, sous la protection des soldats israéliens soutenus par le gouvernement. Depuis octobre 2023, au moins 1 423 incidents de violence de la part des colons ont été enregistrés en Cisjordanie occupée. Dans les prisons israéliennes le nombre de prisonniers palestiniens est passé de 5’300 à 10’000. L’eau, la nourriture et l’électricité y ont été considérablement réduits. Les visites de la famille, des avocats et des médecins ont été interrompues.

Depuis quelques semaines, Israël a étendu sa guerre génocidaire au Liban. Plus de 2 000 personnes y ont été tuées et 10’000 blessées. Israël prend pour cible les secouristes et le personnel de santé, bombarde les hôpitaux et les immeubles, menace les forces de maintien de la paix et détruit les infrastructures vitales.

Et maintenant, nous sommes confrontés à la menace imminente d’une guerre régionale avec une attaque contre l’Iran.

Toutefois, grâce à des mobilisations mondiales opposées au bombardement de Gaza et soutenant les droits des Palestiniens, l’opinion publique internationale a évolué. Des manifestations de masse ont eu lieu dans le monde entier. La Bolivie a rompu ses relations diplomatiques. Le gouvernement colombien a suspendu les exportations de matériel militaire israélien. Le Chili a rappelé son ambassadeur d’Israël. Les initiatives de solidarité comme celle du syndicat des transports de Belgique qui refuse de charger et de décharger les armes destinées à Israël, ou celle des artistes - plus de 2000 artistes au Royaume-Uni appelant à un cessez-le-feu immédiat - des étudiants, des universitaires, des personnes de conscience, exercent une pression populaire pour influencer la politique internationale. Toutes ces initiatives révèlent le fossé qui existe entre les citoyens et l’inaction et la complicité de leurs gouvernements.

C’est la première fois que le monde est témoin d’un génocide retransmis en direct, un génocide autorisé et justifié sans vergogne par les États-Unis et d’autres puissances coloniales occidentales. Les actions de cet axe risquent également détruire les principes du droit international et du droit international humanitaire, poussant l’humanité vers une ère de « la loi du plus fort où la force fait le droit » sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, et reléguant les institutions de l’ONU dans les poubelles de l’histoire. Le mouvement BDS insiste sur l’importance du droit international et des droits humains. Ce sont des outils nécessaires. Mais pour qu’ils soient appliqués, nous devons créer une pression populaire, une pression de la société civile suffisante pour infléchir les positions des décideurs politiques.

La complicité de la Suisse est flagrante.

Depuis le début le d’attaque sur Gaza, Cassis, au nom du gouvernement suisse, ne cesse de répéter qu’ « Israël a le droit de se défendre » reprenant le discours israélo-américain. Or, le droit international dit clairement qu’un pays occupant, (comme l’est Israël) n’a pas le droit de se défendre sur les territoires qu’il occupe. Le gouvernement et les médias suisses relaient sans cesse l’idée que les décisions de la Cour Internationale de Justice et CIC ne sont pas contraignantes. Or, ces décisions sont légalement contraignantes et si la Suisse ne les respecte pas elle se rend complice.

La Suisse, en tant que signataire et dépositaire des 4e Conventions de Genève, avait le devoir de réunir les états signataires pour arrêter le massacre. Malgré l’arrêt de la Cour Internationale de Justice en janvier qui signalait la plausibilité du génocide à Gaza, la Suisse n’a pas agi. Idem avec le nouvel arrêt de la Cour Internationale de Justice en juillet. Finalement c’est l’ONU qui a dû agir en mandatant la Suisse d’organiser dans les 6 mois une conférence avec les états signataires des Conventions de Genève, dont Israël. Entre temps, combien de Palestinien.es et de Libanais.es seront massacré.es ?

Le 24 septembre, l’Assemblée générale de l’ONU adopte à une écrasante majorité une résolution demandant la fin de l’occupation de la Palestine. 124 pays provenant majoritairement du Sud Global ont soutenu la résolution. 14 pays, dont les Etats-Unis ont voté contre et 43 pays dont la la Suisse, se sont abstenus. Selon la Suisse, « la résolution allait trop loin ».

Déjà en 2018, Cassis a déclaré que l’ « UNRWA fait partie du problème Israélo-palestinien plutôt que de la solution. Elle fournit des munitions pour prolonger le conflit. ». Il rejoint ainsi la campagne de dénigrement qu’Israël mène contre l’UNRWA pour effacer les droits reconnus des réfugiée.s palestinien.ne.s en portant contre l’UNRWA des accusations infondées. Et les alliés d’Israël – dont la Suisse – obéissent sagement en coupant leurs subventions. Plusieurs donateurs comme l’Union européenne ont depuis annoncé la reprise de leurs financements. Mais pas la Suisse. Le 7 octobre 2024, le Conseil National, soutenu par l’UDC, le PLR et quelques élus du Centre, a voté pour cesser toute subvention à l’UNRWA.

Depuis le mois d’octobre 2023 nous sommes des milliers dans la rue. Il y a eu les mobilisations impressionnantes des étudiant.e.s dans les universités et les HES, des prises de positions des artistes, et des juristes pour la Palestine. Les personnes sont de plus en plus nombreuses à soutenir la cause palestinienne.

Mais nous devons augmenter la pression et réunir toutes les personnes qui sont horrifiées par le génocide à Gaza. Les profiteurs du génocide ont des noms et des adresses : il s’agit d’UBS et de sa complicité avec ELBIT, la plus grosse entreprise israélienne d’armement. Il s’agit d’AXA qui a investi au moins 150 millions de dollars dans onze fabricants d’armes liés au génocide israélien en cours à Gaza. Il s’agit de Lookeed Martin, l’entreprise d’armement américaine qui a fourni à Israël des armes et d’autres équipements militaires utilisés dans ses attaques contre Gaza, la Cisjordanie, le Liban et la Syrie depuis octobre 2023.

Si Israël peut continuer à perpétrer ses crimes, c’est parce qu’il jouit d’une impunité sans précédent, rendue possible par l’armement, le financement et le partenariat de l’Occident colonial, sous la houlette des États-Unis.
Seule une mobilisation plus importante de la société civile peut exercer la pression nécessaire pour mettre fin au carnage d’Israël et contribuer au démantèlement de son régime de colonialisme et d’apartheid, vieux de 76 ans.

Conformément aux exigences de la Cour Iinternationale de Justice

1) Nous devons demander un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et au Liban avec une « fourniture immédiate, continue, suffisante et sans entrave de biens, des médicaments et de services essentiels aux civils dans l’ensemble de la bande de Gaza et au Liban ».
2) Nous devons faire pression sur la Suisse pour qu’elle impose des sanctions à Israël, y compris un embargo militaire complet. Cela veut dire la fin de la collaboration avec l’armée israélienne et la fin de collaboration avec RUAG et ELBIT.
3) Nous devons ciblez la Banque Nationale Suisse et UBS pour qu’elles désinvestissent d’ELBIT. Leurs bénéfices sont tâchés du sang palestinien.
4) Nous devons faire pression pour que la Suisse exige la suspension immédiate d’Israël de l’ONU

Boycott académique, boycott économique, embargo militaire contre l’Etat génocidaire !

Discours sur le Liban

Cela fait un an que nous manifestons contre la campagne génocidaire d’Israël en Palestine, tout en alertant sur le danger de son expansion aux pays voisins, compte tenu de ses frappes quotidiennes sur le Sud-Liban. Pour être honnête, j’ai l’impression que nous avons été gaslightés.

Car ce qui se passe aujourd’hui au Liban était tout à fait prévisible, compte tenu de la nature du régime sioniste, mais nos dirigeants ont tout de même fait la sourde oreille. Depuis l’année dernière, Israël a tué 2400 civils libanais, soit presque deux fois plus que lors de son assaut sur le pays en 2006, pour donner une idée de la gravité de la situation. En fait, nous commençons à voir les mêmes tactiques génocidaires qu’Israël a utilisées à Gaza, maintenant au Liban. Le régime sioniste utilise le Hezbollah comme justification pour bombarder sans relâche les infrastructures civiles dans tout le pays, de la même manière qu’il a utilisé le Hamas pour bombarder Gaza pendant un an. Le régime israélien n’hésite pas à proférer exactement les mêmes mensonges que ceux qu’il utilise depuis des décennies, comme celui des boucliers humains, ou à déclarer que le Hezbollah cache de l’artillerie dans les maisons libanaises, légitimant ainsi aux yeux du monde le meurtre de civils. Ainsi, nous commençons à voir l’expression d’une intention génocidaire de la part des politiciens israéliens, comme le ministre de l’éducation qui déclare avec désinvolture qu’« il n’y a pas de différence entre le Hezbollah et le Liban et que le Liban sera anéanti ».

L’intensification des frappes israéliennes a entraîné le déplacement d’un million de Libanais jusqu’à présent, en recourant à la même guerre psychologique que celle utilisée à Gaza, où l’armée israélienne donne des ordres d’évacuation pour ensuite bombarder les Libanais en fuite sur le chemin, comme elle l’a fait en bombardant l’autoroute principale entre le Liban et la Syrie. Tout comme à Gaza, Israël a délibérément pris pour cible le personnel médical, tuant plus d’une centaine de médecins, d’infirmiers et d’ambulanciers libanais. Il n’est donc pas exagéré de dire que le risque qu’Israël étende sa campagne génocidaire au Liban est bien réel, nous en sommes les témoins ici et maintenant.

Personnellement, je suis originaire de Tripoli, au nord du Liban. Il y a quelques semaines j’étais au téléphone avec ma tante, et elle m’a dit qu’« on ne sait jamais avec Israël, ils pourraient simplement dire qu’il y a un membre du Hamas/Hezbollah à Beddawi et cela suffirait pour nous bombarder ». Elle avait tout à fait raison. Quelques jours après cet appel, un drone israélien a bombardé un bâtiment dans le camp de réfugiés palestiniens de Beddawi à Tripoli…Personne n’est à l’abri du terrorisme sioniste. Et c’est aussi la faute de la communauté internationale. Le Liban tout entier ne serait pas plongé dans la terreur aujourd’hui si le monde occidental, y compris la Suisse, avait respecté ses obligations légales et morales en sanctionnant le régime israélien. En tant que telle, la Suisse est complice du génocide d’Israël à Gaza et de ses crimes de guerre au Liban. Dans le même ordre d’idées, le journalisme occidental a été réduit à être le porte-parole de l’armée israélienne, ne remettant pratiquement jamais en question son discours.

Par exemple, la RTS a répété la communication d’Israël en qualifiant l’invasion israélienne du Liban d’« opérations terrestres ciblées ». Curieusement, nous n’avons pas vu la RTS répéter la description de l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme des « opérations militaires au sol », non, elle l’a qualifiée à juste titre d’invasion. Un petit rappel, s’il y a des journalistes ici, que les médias occidentaux peuvent être et seront tenus légalement responsables de leur complicité dans des génocides et des crimes de guerre.

Je terminerai avec ceci :
À long terme, l’objectif d’Israël est et a toujours été clair : il s’agit d’une expansion coloniale et d’un nettoyage ethnique, visant à s’accaparer autant de terres arabes que possible pour créer le Grand Israël.

À court terme, Israël cherche à semer la division au sein de la société libanaise, afin d’affaiblir la résistance. Il est de notre devoir de lutter contre cela et contre toute forme de propagande sioniste qui cherche à nous diviser. Méfiez-vous de ceux qui présentent les événements comme étant dus au Hezbollah, car l’agresseur principal a toujours été le régime colonial d’Israël.

Nous venons d’une région qui n’a jamais connu un seul jour de paix, en grande partie à cause des forces coloniales qui ont mené leurs guerres sur notre sol pour exploiter nos ressources, imposant des frontières coloniales comme Sykes-Picot pour mieux nous contrôler. Mais de l’Irlande à l’Algérie, l’histoire montre que les projets coloniaux ont toujours une fin, ce n’est qu’une question de temps. De la Palestine au Liban, nous avons un ennemi commun, un seul combat. Unissons-nous et combattons !

Discours en face de Lockheed Martin

Nous avons le devoir en tant que BDS de nous arrêter ici devant Lockheed Martin, le plus grand fabricant d’armes au monde. Sur son site on peut lire que c’est une entreprise « spécialisée dans les technologies de défense, faisant progresser la découverte scientifique en fournissant des solutions innovantes qui aident leurs clients à assurer la sécurité des personnes ». Mais ceci n’aide en rien les Gazaouis : ni en matière de solutions innovantes, ni en terme de sécurité, eux qui meurent quotidiennement sous les bombardements des F-35 et des missiles que Lockheed Martin fournit à Israël.

Les fabricants d’armes, tels Lockheed Martin, ELBIT, Israeli Aerospace Industries, sont les grands gagnants de toutes les guerres, pire, leurs profits, leur existence en dépendent. Sans leurs avions, leurs missiles et leurs bombes, Israël ne pourrait pas exécuter ses plans criminels. Et grâce au génocide en cours à Gaza auquel s’ajoute à présent l’invasion du Liban, cette entreprise américaine affiche des performances inouïes depuis octobre 2023. Cette année la valeur de l’action de Lockheed Martin a pris 50 %. Et lorsque sa direction est interpellée sur ces invraisemblables performances, la réponse est simple : « l’humanité produit des guerres et eux ne font que répondre aux demandes du gouvernement américain ».

Mais la mission même de cette entreprise est de prospérer en vendant du matériel permettant de tuer. Ils fournissent à un Etat génocidaire les outils dont celui-ci a besoin pour exécuter son plan criminel. La cour internationale de justice a estimé en janvier qu’il y avait un risque plausible que le crime de génocide soit en cours à Gaza, mais malgré cela, Lockheed, sans la moindre inquiétude quant à sa complicité active dans ces faits, persiste à livrer des armes à Israël, s’estimant au-dessus des lois, tout comme Israël, ses alliés occidentaux et les Etats-Unis estiment avoir le droit de tuer en toute impunité.


Les Etats-Unis sont en première ligne de cette complicité car leurs intérêts stratégiques impérialistes sont farouchement défendus par des individus au pouvoir protégeant aussi leurs intérêts privés : de nombreux représentants du peuple américain doivent leurs succès électoraux et leurs carrières aux investissements de l’AIPAC et son lobbying sioniste hyperactif sur le sol américain. Et nombreux sont les sénateurs américains, dont les avoirs sont en train de fructifier dans les institutions bancaires actionnaires de Lockheed Martin, et dont les comptes en banque grossissent au fur et à mesure que les performances de cette entreprise augmentent. Quand ils autorisent les ventes d’armes à Israël, la mort des gazaouis et des libanais les rend chaque jour plus riches.

Lockheed Martin, tout comme les États Unis d’Amérique ou Israël, défendent le droit de prospérer en tuant. Ils défendent les intérêts Israéliens, américains, occidentaux, coloniaux. Ils défendent l’impunité des colons et des génocidaires, ils défendent leurs intérêts boursiers. En aucun cas ils ne défendent ce qui compte pour nous toutes et tous : la vie, et la liberté, la justice et l’égalité.



Lockheed Martin est pragmatique : la guerre c’est bon pour le business : Il suffit pour s’en rendre compte de jeter un coup d’œil à l’historique de l’action Lockheed Martin. Depuis son entrée en bourse en 1994 sa valeur a été multipliée par 30. Ce qui signifie tout simplement que pour un investissement d’un million de $, ils en possèdent aujourd’hui 30 millions. Aucune autre industrie n’affiche de tels résultats. Et le gros de cette plus-value a été opéré en 2024, année durant laquelle l’action de Lockheed Martin a pris 50 %, comme la bourse de Tel Aviv d’ailleurs. Chaque mort de chacun des conflits dans le monde depuis 1994 a assuré aux actionnaires des dividendes confortables, mais en 2024, ils ont bel et bien touché le gros lot. Et cela alors qu’un génocide est en cours à Gaza. 
En 2024, l’action de Lockheed Martin est d’une rentabilité formidable.

C’est pourquoi nous sommes ici devant les bâtiments de Lockheed Martin pour dire les mots suivants : Lockheed Martin est un marchand de mort, sans guerre il n’existerait pas.

En quoi sommes-nous concernés ? Que pouvons-nous faire ?

Parmi les actionnaires de Lockheed Martin se trouvent la Banque Nationale Suisse, l’UBS et des caisses de pension.

Unissons-nous pour dénoncer et mener campagne pour qu’ils désinvestissent de cette compagnie et de tout fond prospérant grâce à la mort des Gazaouis et des Libanais, rien ne peut enlever le sang qu’ils ont sur les mains.

Lockheed Martin, tout comme ELBIT, sont bien des marchands de mort, et nous le savons à présent, des marchands de génocide plausible.

Lockheed Martin ne tire pas seulement profit du génocide. Il est complice de ce génocide.

C’est ce que nous devons crier aujourd’hui.

LOCKHEED MARTIN

MARCHAND DE MORT

COMPLICE DE GENOCIDE.

Association des Juristes Progressistes & La Ligue Suisse des Droits de l’Homme

La Ligue suisse des droits humains-Genève (LSDH-Ge) et l’Association des juristes progressistes (AJP) sont deux associations regroupant des citoyennes et des citoyens, des magistrat.e.x.s, des étudiant.e.x.s, des professeur.e.x.s, des juriste.x.s et des avocat.e.x.s, tous engagé.e.x.s pour une vision progressiste et humaniste du droit, et la défense des droits fondamentaux.

Depuis plusieurs mois, nos deux associations défendent publiquement le droit à la liberté d’expression et de manifestation en lien avec la situation au Moyen Orient car, depuis le 07 octobre 2023, toutes les mobilisations et les prises de position des militant.x.es sont attaquées.

Lorsque la société civile se mobilise pour défendre le droit international et dénoncer un génocide, des représentant.e.x.s des autorités, de partis politiques et des élus – parfois main dans la main avec l’extrême droite – proposent des projets de lois pour limiter la portée de nos actions, par exemple en voulant interdire les manifestations au centre-ville.

Depuis que les Universités accueillent des mobilisations d’étudiant.e.x.s, ce sont les finances des universités et la liberté d’expression en son sein qui sont attaquées, notamment par ces mêmes partis et ces mêmes élus, et les étudiant.e.x.s subissent une répression sans précédent. Cette répression est inacceptable, généralisée et a fait, au début de ce mois, l’objet d’une dénonciation par la rapporteuse spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association de l’ONU, Mme Gina Romero.

À Genève, après avoir été arrêtés en mai dernier, sur demande du rectorat, des étudiants ont ensuite été accusés de faire l’apologie du terrorisme. Ce que les étudiant.e.x.s continuent de défendre, c’est pourtant une vision légaliste de la situation au Moyen Orient : c’est-à-dire, réclamer purement et simplement le respect et l’application du droit international.

En plus de refléter une vision humaniste de la situation, qui s’oppose précisément à l’entreprise de déshumanisation que subissent les Palestinien.ne.x.s, ces revendications, qui sont aussi les nôtres, et leur libre expression sont l’incarnation de nos libertés fondamentales, libertés qui sont en outre explicitement protégées par notre constitution.

Nos associations sont très préoccupées par le recours à la répression, par les intimidations, les calomnies et les attaques portées contre nos droits, tolérées voire encouragées et promues par une partie du Parlement. Et nous sommes consternés par l’inaction coupable de notre Gouvernement face à une situation d’injustice inacceptable, en particulier par son absence de courage face aux violations des conventions de Genève dont la Suisse, qui préside par ailleurs le conseil de sécurité en ce mois d’octobre 2024, en est la dépositaire et doit, à ce titre, en être la garante. La seule évidence – et qui est une urgence - est pourtant celle d’exiger un cessez-le-feu immédiat et d’exiger, sans délai, le respect du droit international par Israël, en particulier en application de l’avis de la Cour internationale de Justice du 19 juillet 2024.

Le Gouvernement Suisse doit adopter des sanctions contre l’Etat d’Israël et bien sûr prendre toutes les mesures juridiques à sa disposition pour désinvestir son armement. Nous ne pouvons accepter que la Suisse se rende coupable de contribuer à une dévalorisation sans précédent du droit. Et dans cette perspective, il appartient à la Suisse de défendre l’UNRWA dont la mission est plus que jamais nécessaire, quand outre les massacres de civil.es, les déplacements forcés, les bombardements, la violence et la destruction, c’est encore à la famine programmée que sont exposés les hommes, les femmes et les enfants de Gaza.

Redonner à la Cour internationale de Justice le crédit qu’elle mérite est nécessaire pour qu’elle puisse agir afin de mettre fin aux crimes contre l’humanité et au génocide auxquels nous assistons et aux souffrances qui en découlent.

Nos deux associations, la Ligue suisse des droits humains/ Genève et l’Association des Juristes progressistes, appellent de leurs vœux tous les acteurs de notre société, … les citoyen.ne.x.s, leurs représentant.e.x.s, les entreprises, les universités à défendre et protéger les droits fondamentaux, ici et ailleurs, à dénoncer et condamner le génocide en cours en Palestine et à protéger la souveraineté du Liban et la vie des Libanais.e.x.s.

Il en va de la crédibilité du droit international, et de la force du droit contre la barbarie et de l’avenir de notre humanité.

Collectif MARAD

Nous sommes nombreux aujourd’hui. C’est réconfortant. Gaza est toujours sous les bombes. Les images qui nous viennent de Jabalia sont horrifiantes. Les nouvelles qui nous viennent du Liban le sont tout autant. Même la Finul n’y échappe pas. Ce n’est pas faute de crier tou·xte·s ensemble au cessez-le-feu depuis un an déjà : l’engrenage est le même, et Israël peut aujourd’hui s’appuyer sur l’impunité entretenue par l’Europe et l’Amérique pour aller toujours plus loin. Nos ami·e·s, nos frères, nos sœurs, nos adelphes palestinien·ne·s et Libanais·es sont en deuil permanent.

La Suisse et l’Occident déroulent tapis rouge et tapis de bombes pour une guerre impérialiste et une entreprise génocidaire.

Comme vous, j’en suis sûr, je suis abattu ces derniers jours. Les massacres se poursuivent sans que l’on puisse reprendre notre souffle. Une part de mon humanité m’est volée à chaque massacre, tandis que ma famille en Israël refuse toujours de voir ce qu’ils sont, qu’ils le veuillent ou non : des colons. Et pourtant, ce sont des libéraux, qui haïssent Nétanyahu. Mais on ne participe pas à des structures coloniales innocemment. Et aujourd’hui, jouir de ces avantages coloniaux, c’est aussi détourner les yeux face à l’horreur.

Je ne peux pas, et nous ne pouvons pas nous laisser distraire par notre douleur. Nos mobilisations, celles des étudiant·e·s dans leurs écoles, les groupes d’action, l’éducation populaire : la résilience et la résistance du peuple palestinien ont rendu l’impunité israélienne insoutenable aux yeux du monde. Comme l’écrit Ilan Pappé, les fissures dans le projet sioniste sont plus visibles que jamais : les faiblesses de son armée, si dépendante des USA, sont évidentes. Israël se divise de l’intérieur, son économie vacille, son isolement international s’aggrave, et les jeunesses juives du monde entier s’éloignent du sionisme pour rejoindre en masse les mouvements de solidarité avec la Palestine. En Europe s’est fondée une coalition, Juifs Européens pour la Palestine, 22 groupes juifs antisionistes dans 16 pays. MARAD en fait fièrement partie. Mais surtout, une nouvelle génération palestinienne réinvente la lutte pour la libération, refusant les compromis et rejetant le modèle des deux États.

Alors, ne nous laissons pas ébranler par ceux et celles qui, voyant l’édifice s’effondrer, poussent des cris d’orfraie, abîment les luttes antiracistes en qualifiant tout et n’importe quoi d’antisémitisme. (On vous voit, la CICAD : vous seriez risibles si ce n’était pas si grave.) Ceux et celles qui instrumentalisent ces accusations pour faire avancer des politiques autoritaires et xénophobes : la droite et l’extrême droite, qui se découvrent philo-sémites parce qu’Israël tue des Arabes. Ils applaudissent la mort de Yahya Sinwar parce que cette impunité nourrit leurs fantasmes de mort et de domination.

Ne nous trompons pas non plus : les fissures dans le mur ne signifient pas que le combat doit cesser. Bien au contraire, c’est parce que la possibilité d’un changement d’ampleur se dessine qu’il faut rester concentrés. Et les premiers à nous dire de regarder ailleurs seront les premiers à nous dire de prendre notre mal en patience. Les blancs modérés. Les libéraux. Les extrêmes-centristes. Ceux qui appellent à la paix pour éviter de faire face à la justice. Ils se découvrent des vertus de patience alors que nous avons déjà un siècle de retard. Martin Luther King prévenait déjà :

“Attendez, le changement viendra !” signifie presque toujours : “jamais !”

Le rectorat de l’UniGE est un laboratoire pour ces blancs modérés : ils osent suspecter nos slogans, trouvent nos positions pacifiques “violentes”. Ils prônent la “modération”. Ils veulent seulement une injustice moins visible. Ils réduisent Israël à Nétanyahu en même temps qu’ils continuent de faire croire qu’Israël, c’est tous les juif·ve·s. Ils voudront réformer le sionisme, le rendre “un peu moins” colonial. Ce qu’ils veulent, c’est que l’on chuchote plus joliment les horreurs de la colonisation et du génocide.

Ils veulent une paix ignoble, une paix qui se défait de la justice.

La chute d’un État n’est jamais tranquille. Face à cette incertitude vertigineuse, en ce tournant historique majeur, ces impérialistes libéraux se complaisent dans le vide. Ils rentrent chez eux, satisfaits. Comme le dirait Walter Benjamin (qui a payé par le suicide son refus du sionisme), leurs solutions sont un “mauvais poème de printemps” : des paroles en l’air, un “optimisme sans conscience… un optimisme de dilettantes.” Des appels à des débats stériles, remplis d’idéaux creux, dénués de toute cohérence pratique.

Toute personne qui aspire honnêtement à son émancipation et à sa libération — et oui, les Palestinien·ne·s ont le droit de se battre pour la leur — doit organiser le pessimisme. Aborder l’avenir avec une saine méfiance, conscient que l’avenir ne tient pas toujours ses promesses. Il faut garder un œil sur le passé, qui révèle que la justice est plus épaisse que la violence.

Nous ne nous leurrons pas : la libération n’est qu’une possibilité qu’il faudra arracher de haute lutte.

Sur tous les fronts et en tout temps, ils n’entendront parler que d’une chose : la Palestine.

Nous ne dormons plus ! Aucune raison pour qu’ils puissent ronfler, drapés dans leur suffisance et leur bien-pensance. Comme le poète palestinien Samih al-Qâsim, soyons sûrs qu’une goutte d’eau finit toujours par faire exploser la pierre volcanique. Continuons à inonder la sécheresse de leurs âmes.

Ils refusent la justice ? Ils ne pourront jamais dormir en paix, car nous serons là, tou·te·s, pour leur rappeler chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde qu’ils nous auront fait perdre ; chaque vie volée, chaque promesse trahie, chaque maison démolie à l’aube, chaque puits tari, chaque arbre déraciné. Edward Saïd le disait déjà : c’est l’égalité sinon rien !

Tant que la Palestine n’est pas libre, il n’y aura ni repos, ni paix, ni oubli.

Comme Mahmoud Darwich, ce soir et à travers le monde, nous souffrons encore d’un mal incurable : l’espoir. L’espoir de la libération, de l’autodétermination, du droit au retour.

À MARAD, nous partageons cet espoir : nous voulons cette terre libre, de la mer au Jourdain ; comme l’épine est au dattier ou l’olive à son rameau, qu’elle porte le nom de Palestine.

Discours “Tuer les journalistes n’effacera pas la vérité !”

Nous relayons ici l’appel lancé par des collègues alémaniques, signé déjà par plus de 280 personnes.

A Gaza, la situation est actuellement plus dangereuse pour les journalistes que partout ailleurs dans le monde. Depuis le 7 Octobre 2023, 140 professionnel·les des médias ont été tué·es par l’offensive militaire israélienne à Gaza et au Liban, selon Reporters sans Frontières.

Les attaques contre les journalistes sont des crimes de guerre au regard du droit international, tout comme la destruction de l’infrastructure journalistique. Pourtant, l’armée israélienne tue régulièrement des collègues qui étaient clairement identifiables, grâce à des inscriptions sur leur gilet et leur casque.

Le gouvernement israélien continue de bloquer l’accès de la bande de Gaza aux médias internationaux, et restreint la liberté de la presse dans une ampleur sans précédent. Aucune autre zone de guerre contemporaine n’a été aussi longtemps fermée aux reportages extérieurs que Gaza depuis le 7 Octobre.

En Suisse, une grande partie de la branche des médias ne prend pourtant pas position sur ces développements dangereux. Certaines rédactions semblent accepter les restrictions flagrantes de la liberté de la presse comme un fait acquis. Certes, il y a sur place en Israël/Palestine plusieurs correspondant.es, et des journalistes locaux qui font un très bon travail. Néanmoins, de grandes agences de presse se basent exclusivement sur des informations fournies par les autorités israéliennes pour leurs reportages. Certaines rédactions utilisent ces informations sans les remettre en question et sans fournir le contexte nécessaire pour une lecture critique.

En outre, les journalistes ont souvent recours à des explications simplifiées ou unilatérales, les perspectives palestiniennes n’étant que trop rarement évoquées. En présentant les événements de manière unilatérale, certains médias suisses contribuent à déshumaniser la population civile de Gaza.
Nous savons que des journalistes en Suisse préfèrent ne pas s’exprimer, de peur d’être taxés de défenseurs du terrorisme ou d’antisémites. Quelle que soit la position des journalistes sur Israël/Palestine, la liberté de la presse devrait être notre préoccupation commune. Un État ne doit pas museler la presse, ni arrêter, torturer ou faire disparaître arbitrairement des journalistes critiques.

Celles et ceux qui continuent à faire des reportages, à filmer et à photographier en dépit du danger pour leur vie et leur intégrité physique méritent notre reconnaissance.

Nous, journalistes et professionnel-les suisses des médias, exigeons :

  • La protection des journalistes à Gaza, en Cisjordanie et au Liban
  • La levée de l’interdiction israélienne d’accès à la zone de guerre pour les reporters internationaux
  • Pas de reprise non vérifiée des représentations des parties en guerre dans les reportages ! Au lieu de cela : diversité des sources, contextualisation historique et politique, collaboration d’égal à égal avec les journalistes de Palestine.

Tuer les journalistes n’effacera pas la vérité ! Nous ne serons pas complices du génocide !

Flyer sur la complicité UBS-ELBIT distribué lors de la manifestation

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