Migrations - Frontières MNA

MNA : toujours sans école et à la rue

Trois mois sont passés depuis le début de la lutte et la formulation des revendications des mineurs non accompagnés à Genève. Pourtant, peu de choses ont changées. Des mineurs dorment toujours dans les rues, sans école, et tout laisse penser que du haut de ses bureaux luxueux en vieille ville, le Conseil d’État genevois ignore sciemment la gravité de la situation. Ce matin, le collectif Lutte des MNA s’est exprimé lors d’une conférence de presse. Nous reproduisons ici leur communiqué.

Genève |

Après deux mois de mobilisation, le Collectif Lutte des MNA a obtenu un rendez-vous le 26 août dernier avec la Délégation du Conseil d’État aux migrations.

Plus d’un mois après cette rencontre et malgré plusieurs mails et lettres envoyées, le Collectif se retrouve sans aucune réponse, ni information concernant l’avancée des points discutés.

Pour rappel, les points principaux qui avaient été convenus lors de cette rencontre avec la Délégation du Conseil d’État aux migrations :

  1. La scolarisation des MNA, suite à l’étude de chaques situations et envies individuelles.
  2. Mise en place d’une carte attestant de leur identité et de leur prise en charge par le SPMI, permettant ainsi de se légitimer lors de contrôles d’identité de la police, par exemple.
  3. Une invitation à une séance d’informations avant l’ouverture du nouveau foyer d’hébergement pour MNA, afin de connaître les détails de la prise en charge des jeunes dans ce foyer.
  4. Un deuxième rendez-vous dans le mois suivant, afin de faire un point de la situation et de l’avancée des sujets discutés lors de cette première rencontre.

Aucun de ces points n’a encore été appliqué. Depuis ce rendez-vous, plus d’une quarantaine de MNA sont arrivés sur le territoire genevois, ils ont tous été logés à l’hôtel Aïda, quand bien même la Délégation du Conseil d’État aux migrations avait affirmé lors de notre rencontre du 26 août : « l’hôtel Aïda c’est du passé. ».
Certains dorment actuellement à la rue depuis plus de 5 jours, car ils ont été virés par le patron tout-puissant de l’hôtel Aïda, et le SPMI ne leur donne aucune solution de relogement, mais les dirige vers les lieux d’accueil d’urgence du canton, évidemment inadaptés à des personnes mineures.
La situation est catastrophique, certains des nouveaux arrivants n’ont même pas la possibilité d’aller aux activités de Païdos, étant donné que cette association ne peut accueillir plus de 15 jeunes. Dès lors, ces jeunes n’ont pas de repas de midi, étant donné que celui-ci est normalement donné à Païdos. Il perdure qu’aucun repas n’est assuré durant le week-end, les MNA doivent se débrouiller par eux-mêmes pour se nourrir durant ces deux jours.

Scolarisation

Aucun des jeunes n’a été scolarisé. Six d’entre eux ont reçu, suite à de nombreuses sollicitations et un rendez-vous avec le SPMI, une promesse de scolarisation, il y a plus de 3 semaines maintenant. À ce jour, aucun d’eux n’a pu aller à l’école. Toute information quant à l’avancée de la procédure d’inscription nous est refusée.
Néanmoins, nous avons eu la confirmation, suite à un contact avec l’école ACCESS II (classes d’accueil), qu’il leur suffisait d’une confirmation du répondant légal des jeunes (soit leur curateur ou curatrice au SPMI) pour procéder à leur inscription au sein de cet établissement.
La situation quant à la scolarisation reste inégale et arbitraire, étant donné que seuls 6 ont reçu cette promesse, et deux nouveaux arrivants ont été inscrits quelques semaines suite à leur arrivée, alors que certains attendent depuis maintenant près de deux ans. Bien évidemment, nous nous réjouissons de la scolarisation de ces deux personnes, mais nous questionnons le caractère arbitraire de la procédure appliquée.

Nouveau foyer (200 route de Malagnou)

Il était convenu que nous serions informé.e.s des détails de la prise en charge des jeunes avant l’ouverture de ce nouveau foyer, néanmoins encore énormément d’éléments nous sont inconnus. Nous demandons donc à être informé.e.s :
• De la date précise d’ouverture.
• Du nombre exact de places de ce foyer.
• De la procédure quant à la sélection des jeunes pour y être hébergé. Est-ce que tous les MNA seront logés dans ce foyer ? Est-ce que ceux qui sont actuellement dans des foyers (Tattes, L’Etoile, Grand-Saconnex) vont être déplacés ? Si oui, sur quels critères vont-ils être « choisis » ?
• Etant donné qu’actuellement plus d’une quarantaine de MNA sont sur le territoire, comment vont-ils parer au problème évident de places disponibles dans ce foyer ? Est-ce que certains seront laissés dans des hôtels ? Si oui, lesquels et pour combien de temps ? Quelles solutions sont envisagées pour parer à ce problème ?
• Combien de jeunes seront logés par chambre ? Y aura-t-il des espaces communs (salon, cuisine) ? Les douches et WC seront-ils partagés ?
• Combien d’éducateurs.ices seront mandaté.e.s par la FOJ ? Seront-ils sur place ? À quel pourcentage ?
• Quels seront les horaires de ce foyer ? Y aura-t-il des couvre-feux ?
• Y aura-t-il une présence de Securitas ? Seront-ils contrôlés à chaque entrée et sortie ?
• Auront-ils tous un abonnement TPG ? Une assurance maladie ? L’aide d’urgence ?
• Les repas seront-ils servis sur place ?

Par ailleurs, nous souhaitons avoir la confirmation que le renforcement des activités scolaires à Païdos ne sera en aucun cas proposé à la place d’une formation scolaire ou professionnelle. Leur présence à Païdos doit rester transitoire, dans l’attente de leur inscription à l’école ou dans une formation.

Conclusion et revendications

Nous demandons formellement à la Délégation du Conseil d’État aux migrations

  • que tous les jeunes soient scolarisés au plus vite, et les 6 déjà inscrits puissent intégrer l’école dès lundi 7 octobre.
  • l’arrêt immédiat de l’hébergement des MNA à l’hôtel Aïda.
  • que les jeunes actuellement à la rue soient immédiatement relogés.
  • que nous soyons tenu.e.s informé.e.s précisément de l’avancées de toutes les démarches entreprises par les services de l’État, notamment quant à leur scolarisation, ainsi que pour la carte attestant leur identité.
  • une invitation à une séance d’information avant l’ouverture du nouveau foyer.
  • un rendez-vous au plus vite avec la Délégation du Conseil d’État aux migrations, afin de faire un point sur l’avancée des conclusions de notre première rencontre.

Sans réaction rapide des autorités compétentes, nous porterons nos revendications dans la rue et n’hésiterons pas à faire entendre la voix de ces jeunes mineurs dont les droits sont sciemment bafoués par les politiques d’État.

P.S.

À la sortie de cette conférence, deux des jeunes MNA présents se sont fait arrêter pour un contrôle d’identité alors que nous étions tous ensemble (soit 5 personnes). Les 3 personnes en plus présentes ne se sont pas fait arrêter du tout, seule leur identité a été prise parce qu’elles sont restées observer le contrôle de police. Les deux jeunes, après 2 heures de garde-à-vue, sont sortis, sans aucune charge, heureusement.

Néanmoins, nous dénonçons fermement les agissements de la police, et leur pratique s’assimilant à du profilage racial. Et soulignons donc la pertinence de notre demande au Conseil d’Etat de fournir à tous les jeunes pris en charge par le SPMI, une carte leur permettant de se légitimer auprès de la police, lors de contrôles d’identité, afin de leur éviter des gardes-à-vues inutiles.

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