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Les rencontres antifascistes : du fémonationalisme aux coronasceptiques

Le 13 novembre 2021, Rafale recevait la Coordination féministe antifasciste à une table ronde sur le fémonationalisme, le féminisme identitaire et les coronasceptiques. La Coordination féministe antifasciste nous a présenté les lignes fondatrices de leur groupe et leur engagement dans les luttes antifascistes et révolutionnaires. Nous les remercions d’avoir répondu à notre invitation, de la pertinence de leur propos et de leur engagement politique.

Nous étions nombreuSExs ce jour-là et après ce franc succès, nous partageons un résumé des principaux axes exposés.

Genève |

Une lecture du fascisme et du danger de l’extrême droite en France

En France, le processus de fascisation du gouvernement a commencé depuis plus de 20 ans et s’est progressivement accéléré, notamment avec l’arrivée de Macron au pouvoir. Le président se présentant « ni de gauche ni de droite » a systématiquement appuyé des propositions d’extrême droite tout au long de son mandat notamment en faisant passer des lois visant à protéger toujours plus les forces de l’ordre, en augmentant leurs moyens, leurs privilèges et surtout leur impunité. Ces lois visent à la répression d’une partie importante de la population, à la criminalisation toujours plus grande des initiatives militantes de gauche ou d’extrême-gauche, à la précarisation des plus pauvres et à la réduction de nos libertés - accélérée par la crise sanitaire - pour favoriser les intérêts de la classe capitaliste. Parmi les mesures adoptées, la loi sécurité globale - votée au printemps 2021 - accroît les prérogatives des forces de l’ordre : par exemple le libre accès aux caméras piétons par les policiers, l’usage de drones dans des manifestations et dans des lieux dits "à risque" comme autant de moyens de contrôle et de répression ainsi que l’autorisation du port de l’arme de service hors des horaires de travail. Cette loi se veut être un soutien aux forces de l’ordre pour faire face à la défiance grandissante marquée par la lutte contre les violences policières et les Gilets Jaunes, entre autres.

En parallèle, Macron s’est battu pour la votation de la loi dite "contre le séparatisme", qui a pour but de lutter contre l’islamisme sous toutes ses formes en augmentant le contrôle sur les associations, et la fonction publique pour défendre une prétendue neutralité d’opinions politiques et religieuses en leur sein.

D’un point de vue médiatique, les discours fascistes, xénophobes et islamophobes ont toujours plus de place aussi bien sur les chaînes d’information comme CNews ou BFMTV ou dans des programmes de grande écoute comme l’émission Touche Pas à Mon Poste (TPMP) où R. Ménard, E. Zemmour, J. Messiha, Nemesis et leurs messages haineux sont reçus régulièrement, sans réelle opposition. Ces espaces leur offrent une tribune et le pouvoir de renforcer et banaliser les idées racistes et sexistes d’une partie de la population française. Ce qui mène à l’organisation politique et la création de groupes fascistes, comme par exemple le mouvement «  Génération Z », qui a pour but de soutenir l’élection de Zemmour à la présidentielle.

Plus minoritaire dans le champ politique et médiatique mainstream, mais pas moins dangereux, des groupes d’extrême droite ou néofascistes sont implantés dans les universités françaises comme l’Action Française (A.F.), connue pour ses positions nationalistes et royalistes, ou encore la Cocarde Étudiante, association étudiante conservatrice et nationaliste, elles y diffusent leurs idées auprès de populations jeunes et y trouvent de nouvelles recrues potentielles.

Dans le même genre, nous pouvons compter d’autres groupes identitaires voire néofascistes. Le groupe Génération Identitaire (G.I), récemment dissous pour "incitation à la haine et à la violence envers les étrangerExs et la religion musulmane" qui est connu pour des actions comme l’occupation du toit de la Caisse d’Allocation Familiale de Bobigny avec une banderole affichant « de l’argent pour les français, pas pour les étrangers » ou l’entrave des personnes en exil aux frontières de l’Italie avec une banderole « No way ! Back to your homeland ». Tout comme le Bastion social créé en 2017, également dissout par l’Etat en 2019, G.I. réapparait aujourd’hui sous d’autres formes. Il ne faut pas penser la dissolution de ces groupes comme une marque d’un pouvoir gouvernemental qui ne serait pas fasciste ou en connivence avec les fachos de France. Au contraire, cela fait partie de la stratégie d’implantation de l’extrême droite.

Sur les réseaux sociaux, les chaînes Youtube de Papacito et du Raptor, par exemple, ou les pages Instagram des figures ou de groupes d’extrême-droite sont des lieux de diffusions de leurs idées à large échelle.

Le fémonationalisme

Pour comprendre le féminisme identitaire, il convient de définir les différentes formes de féminisme qui le soutiennent.

Le fémonationalisme, conceptualisé par Sara Farris [1], est l’instrumentalisation de l’égalité femmes-hommes et/ou du féminisme revendiqué comme tel, à des fins racistes, islamophobes et anti-immigration. [2]

Celui-ci prend racine dans l’histoire d’un féminisme blanc et bourgeois, construit dans des logiques impérialistes et racistes. À commencer par les prises de position de certaines suffragettes au début du 20e siècle qui appelaient à « émanciper les femmes des colonies », qui se sont prolongées par les cérémonies de dévoilement durant la colonisation algérienne entre autres. Ces discours continuent à être portés notamment par certaines ONGs (Organisations Non-Gouvernementales) dans de nombreux pays non-occidentaux et occidentaux - en Suisse la lettre ouverte à Helvetas par le collectif Afroswiss nous en donne un aperçu - mais également par différentes lois contre le port du voile ou par les discours en faveur de l’intégration des migrantExs et tout particulièrement des femmes migrantes en Europe occidentale.

Ces discours mettent en cause l’oppression des femmes racisées par les hommes racisés, pour encourager l’intérêt de la migration de ces femmes et ainsi combler les besoins du travail du soin et domestique, sur le marché du travail en France et en Suisse ; ces secteurs désertés par les femmes blanches et bourgeoises pour leur propre « émancipation ». L’attention portée aux femmes issue de la migration ne vise donc qu’à servir des intérêts néo-libéraux et capitalistes.

Le féminisme d’État, incarné par Marlène Schiappa en France, est marqué par ces logiques racistes, islamophobes et impérialistes. Par exemple, les campagnes contre le harcèlement de rue qui ciblent spécifiquement les hommes issus de l’immigration post-coloniale, ne font en réalité que renforcer le contrôle des hommes non-blancs, par l’augmentation notamment, de la présence policière dans les quartiers populaires. Nommons également les projets de lois visant à expulser les « criminels étrangers » notamment coupables de violences sexuelles (déjà en vigueur en Suisse depuis 2016).

En résumé, le féminisme majoritaire, porté ou soutenu par l’Etat est un féminisme raciste qui puise ses origines dans l’Histoire coloniale et vise à faire porter principalement la "responsabilité" du sexisme et des violences sexuelles aux hommes issus de l’immigration, musulmans (ou perçus comme musulmans) et/ou non-occidentaux.

Le féminisme identitaire : études de cas France/Suisse

Dans cette continuité, plusieurs groupes se revendiquant d’un militantisme féministe comme Antigones, Caryatides, Marianne pour tous, Porteuses ou NAVNAL (Ni à vendre, ni à louer) ont été créés depuis 2013 en France. La période de contestation du Mariage pour Tous a favorisé ces groupes qui s’opposent au féminisme de gauche portant le droit à l’avortement, la "théorie du genre", etc.
Ces organisations n’avaient cependant pas eu le même impact dans les sphères politiques et médiatiques que celui des Némesis. Ce collectif a vu le jour en 2019 à Paris puis s’est récemment implanté dans d’autres villes de France et a finalement atteint la Suisse cet été. Les personnes à l’origine de Nemesis étaient militantes de la Cocarde Etudiante ou de Génération Identitaire, elles faisaient donc déjà partie de la fachosphère.

Dès leur première action lors de la manifestation contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, leur campagne anti-immigration est très claire.
Que ce soit sur leur site internet, dans leurs déclarations médiatiques, sur leurs stickers, dans leurs rencontres, l’homme étranger est le suspect n°1 du harcèlement, des viols et des agressions sexuelles commis en France hexagonale. À aucun moment n’est mentionné le système patriarcal, et encore moins le patriarcat occidental, au contraire, elles promeuvent des valeurs conservatrices en soutenant la glorification de la "féminité" et des normes de beauté de l’hégémonie blanche.

Les hommes blancs ne sont pas des ennemis, ils ne sont pas non plus appelés à trop se remettre en question mais ils ont besoin d’être défendus et Némesis est là pour le faire. Ses deux objectifs principaux sont la lutte contre l’immigration et faire campagne contre un féminisme de gauche.
Avec leurs discours identitaires et nationaliste et leur proximité avec la thèse du grand remplacement, Némesis reçoit sur les réseaux sociaux des soutiens de personnalités d’extrême droite, identitaires, voire fascistes, mais aussi de différents membres du Rassemblement National, de Génération identitaire, de Valeurs actuelles ou de Causeur.

Aussi, leur stratégie repose sur l’utilisation de l’expérience individuelle - soi-disant la leur - pour en faire une généralité. Bien que les statistiques prouvent le contraire, elles affirment qu’il existe un lien entre l’augmentation de l’immigration et l’augmentation des violences sexistes et sexuelles. En effet, il est connu que la majorité des violences sexistes et sexuelles sont commises par des proches et plus rarement par des inconnus, ce qui renverse radicalement leur théorie.

En Suisse, Némésis arrive dans un climat déjà pleinement raciste, qui permet d’accueillir des discours ouvertement identitaires et/ou à l’encontre des hommes non-blancs.

Depuis des années, l’UDC - parti politique prétendument du centre mais tout à fait d’extrême droite - placarde les villes de Suisse de messages sur les personnes qu’il considère étrangères à la pureté helvétique. Le parti expose et caricature les personnes issues de l’immigration et les assimile au danger, à l’ennemi intérieur. Il y voit des moutons noirs, des fraudeurs, des violeurs, etc.

Dans toutes les grandes villes de Suisse nous sommes témoins d’une vraie chasse à l’homme. Une chasse à l’homme noir criminalisé et dont le corps devient un champ d’exercice de la violence, parfois jusqu’à sa mort. Oui, en Suisse, de nombreuses personnes non-blanches meurent suite aux interventions policières. Le dernier connu est Nzoy, un homme afrodescendant violemment tué par la police le 30 août 2021. Le champ est tellement libre à la violence que cette même année le policier qui a tué Hervé Mandundu, un homme noir, a été acquitté et dédommagé par la justice de dizaine de milliers de francs, après avoir été promu.

Plus largement, les personnes racisées sont majoritairement stigmatisées et incarcérées. Les lois tendent à restreindre leur droits et la repression les visant est toujours plus importante.

En mars dernier, les suisses votaient l’intiative de l’UDC "Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage". Une intiative islamophobe visant les 30 personnes portant la burqa en Suisse, stigmatisant alors une minorité musulmane et déniant leur autodétermination. Une initiative qui accable également les militantExs (surtout de gauche) qui se dissimulent le visage pour échapper à la répression policière.

Alors voilà, le collectif identitaire Némesis arrive en Suisse à la veille de la votation de la loi "pour de nouvelles Mesures Policières de lutte contre le Terrorisme" dite "LMPT". Une loi visant à prévénir l’extremisme violent - par la détection précoce de signes de radicalisation politique et religieuse - et la lutte contre le terrorisme sur des bases complétement arbitraires. Elle renforce les mécanismes d’oppression raciste et les pratiques déshumanisantes par : le profilage, la surveillance, le contrôle, la délation et le tri sélectif des résidentEXs. Elle attaque les personnes issues de l’immigration - particulièrement musulmanes - et/ou de classes populaires. La loi légitime un climat de peur et la crainte de certaines populations. Son contenu et le discours public projettent alors l’image - comme le dit justement Outrage Collectif - qu’"un musulman est un potentiel terroriste, un pauvre est un potentiel séditieux"

Les identitaires - partis, particuliers ou collectifs -eux, ne sont pas des dangers présumés, mais avérés. Ils entretiennent des liens étroits avec les néonazis, voire se comptent parmi leurs rangs.

Aujourd’hui, ces derniers ont repris la rue notamment dans les mobilisations contre le certificat Covid et utilisent la rue comme champ de bataille. Sur le terrain, ils collent et affichent de la propagande raciste, antisémites et islamophobes, menacent et tabassent des personnes d’apparence étrangère, glorifient le nazisme, etc.

C’est donc dans ce climat fascisant, que Némésis a finalement eu le champ libre.

Dans la continuité du collectif identitaire Némésis France, le collectif Némésis Suisse, qui a révélé en juin dernier la naissance de sections suisses, poursuit la propagande anti-immigration, raciste, islamophobe et transphobe. Elle aurait ouvert plusieurs stuctures en Suisse romande. Leur ligne politique est la même que Némesis France, celle d’un féminisme identitaire.

Elles disent "se sentir abandonnées par les autres féministes", notamment celles de gauche, tout en invisibilisant et se désolidarisant des femmes issues de l’immigration, des gouines et des personnes trans, elles se moquent ouvertement des expressions de genre qui ne correspondent pas à la "féminité" et aux normes de beauté universaliste.

Bien qu’elles se disent sans alliance avec d’autres mouvements, elles fricotent pourtant avec des collectifs d’extrême droite, des néonazis, des royalistes, voire même les intègrent. Par exemple, la présidente et porte-parole de Némésis Suisse, Sarah Bottagisio,est membre du groupe neonazi Militants Suisses Militants Suisses est un groupuscule néonazi qui existe depuis environ 1 an. Ouvertement raciste, une de leur pratique de lutte est l’agression et la menace de personnes racisées et la diffusion de propagande raciste (stickers, banderoles, etc.). Il est connu pour être proche de Résistance Helvétique et Junge Tat, et faire la célébration de la SS WAFFEN. Le collectif Nemesis compte ainsi parmi ses membres la militante néonazie, Léa Baeriswyl, également membre de MS et des jeunes UDC.

Comme il n’y a pas moyen de trouver des sources qui appuient leurs théories racistes en Suisse, elles justifient leur organisation afin de prévenir les suissesses qui seraient de potentielles "victimes". L’unique tactique est la peur des étrangers, sans jamais admettre honnêtement que les violences faites aux femmes sont patriarcales et sexistes et donc structurelles et exercées par des mecs cis peu importe leur origine ou leur religion.

En bref, le collectif Némésis et les autres collectifs identitaires et néonazis s’accordent parfaitement pour attaquer les personnes issues de l’immigration extra-européenne et leurs descendantExs, plus particulièrement les noirExs et arabes, déjà cibles des violences policières, structurelles et d’État.

A l’inverse de ce que revendique Némésis, un féminisme sans engagement antiraciste n’a pas lieu d’exister.

Idées fascistes et coronasceptique : une histoire d’amour ?

La question des mesures Covid a fait émerger de nombreuses contradictions au sein de la société. La droite tenait une position pro-économie avec de légères variations en fonction de leur obédience de base. La "gauche" libérale brillait par sa bêtise et le restant de la gauche parlait protection des travailleurEUSExs du secteur de la santé, et de déblocage de fonds pour faire face à la crise économique qui s’annonçait.

Au final, au niveau national, quasiment seule l’extrême droite, institutionnelle ou non, s’est exprimée de façon claire contre l’adoption du certificat Covid et a chapeauté à travers tout le pays des manifestations contre le certificat Covid. À l’exception du mouvement genevois No pass, composé de lieux d’accueil, de culture, de fêtes et de rencontres comme le Théatre de l’Usine, le Spoutnik, la Makhno, la cave 12, etc., qui a proposé des espaces d’organisation alternative contre le certificat Covid et de groupes autonomes qui ont également permis de reprendre la rue lors d’une manifestation contre ce même certificat, mais aussi contre l’extrême droite et les fascistes confusionnistes grandement mobilisés jusque-là. Notons d’ailleurs que c’est la seule manifestation qui a été reprimée par la police, laissant derrière elle des blesséExs parmi les manifestantExs.

Le mouvement contre le certificat covid, truffé de promoteuricexs de médecines et thérapies alternatives (new age ou de développement personnel), a mené à une politisation des cercles - qui auparavant ne l’étaient pas ouvertement - et à leur émergence dans l’espace public. De cette façon, l’extrême droite a encore une fois le champ libre et peut ainsi mobiliser une partie de la population dans ses rangs. Par ailleurs, un des facteurs expliquant le nombre de personnes participant à ces marches est sans aucun doute le flou qu’entretiennent les organisateurices sur leurs réelles positions politiques.

Parmi les "leaders" du mouvement romand, on trouve Chloé Frammery, Christian Tal Schaller, Ema Krüzi et François de Siebenthal.

Chloé Frammery est aujourd’hui encore dans toutes les manifs "anti-pass" et les anime aussi en grande partie. Elle a des liens avec Dieudonné M’Bala M’Bala, qui à son tour est proche de Alain Soral et Jean-Marie Le Pen. Elle est co-fondatrice de l’émission hebdomadaire en ligne "l’info en QuestionS", qui prétend faire de la contre-information mais qui consiste principalement à dénoncer une "élite mondiale" malfaisante et produit un discours antisémite.

Aux côtés de Frammery, Christian Tal Schaller est co-fondateur et intervenant régulier de la chaîne "l’info en QuestionS". Antisémite confirmé, il fait figure d’autorité dans le milieu antivax actuel et dans le milieu des médecines non-conventionnelles depuis les années 1980-1990. Il est aussi négationniste du sida et promoteur de méthodes de soins controversées.

Ema Kruzi a été une figure centrale du lancement des mobilisations contre les mesures Covid bien avant l’arrivée du pass. Elle est surtout connue depuis le début de la crise sanitaire pour ses interventions tantôt relativistes tantôt alarmistes. Elle intervient régulièrement sur la chaîne de vidéos de Frammery et Schaller. Son compagnon, Pascal Bouteillon, est aussi partisan de Qanon (mouvement d’idéologie complotiste d’extrême droite soutenu par Donald Trump entre autres) et a fait ouvertement sur les réseaux sociaux la promotion de l’antisémite français, Marcel D.

François de Siebenthal, a vu sa popularité croître début 2020 lorsqu’il a lancé, aux côtés de Frammery et Gérard Scheller, le "comité citoyen" ayant proposé un référendum contre l’application de traçage SwissCovid. Il tient le blog conspirationniste 1291.one. Il est proche de la scène néo-fasciste suisse-romande en faisant la promotion du groupe néo-fasciste vaudois Alternative Nationale et en ayant donné une conférence dans le caveau - fermé il y a quelques mois - des néonazis de Résistance Hélvétique.
Ceux-là même qui tenaient la banderole de tête à la manif contre le certificat sanitaire le 9 octobre à Genève, non loin des jeunes UDC qui comptent, on le rappelle, Léa Baeriswyl de Némésis parmi leurs membres ainsi que des néonazis de Haute-Savoie.

Ces quatre personnalités ont en commun la promotion de thèses proches, voire identiques, à celles de Qanon. Ce mouvement défend qu’il existe une élite mondiale, qui serait responsable de toute une série d’actes terribles allant "de l’assassinat de Kennedy, les attentats du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008, la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 (voire la pandémie elle-même) en 2020".

Il suffit de faire un tour sur les canaux de ces personnes pour se rendre compte de l’ampleur du dégat et de l’influence de leur discours sur les masses. Ce sont eux, qui s’affichent en tête de manifestations dans nos villes, en dissimulant partiellement leurs opinions et les légitimisant à coups de mensonges permanents.

Ces ramifications parmi l’extrême droite- entre Némésis, Néonazis et coronasceptiques - ne sont que la pointe de l’iceberg. Aujourd’hui, ces groupes et personalités paraissent encore minoritaires voire inexistants pour une grande partie de la population et pourtant, ils sont bien présents. Et contre leurs idées, une réponse antifasciste est nécessaire. [3]

Pour un féminisme antifasciste

Avec la Coordination féministe antifasciste, nous formulons parmi nos objectifs la création d’espaces pour visibiliser un féminisme antifasciste et développer des outils pour contrer les obstacles que nous rencontrons, cibler les dynamiques patriarcales et racistes qui s’y jouent et être toujours plus nombrEUSExs.

Il nous semble également important de se soutenir dans nos pratiques militantes car il n’est pas simple d’être féministe dans les milieux antifa tout comme il n’est pas toujours simple d’être antifascistes dans les milieux féministes sans faire face à des accusations de virilisme ou de masculinisme voire de protection des mecs-cis.

Nous remarquons en effet que pour y acquérir une certaine légitimité, des dynamiques de concurrence ont souvent été mises en place, souvent involontairement. Nous veillons à nous émanciper de ces mécanismes, qui ne tendent qu’à nous diviser. Nous soutenons le besoin de faire collectif avec les ressources et capacités de chacunEx !

Au vu de nos expériences militantes et de la banalisation des discours d’extrême-droite, nous visons à construire une dynamique s’inscrivant sur le long terme et qui s’articule au niveau local, national et international afin de promouvoir un féminisme populaire, antiraciste et inclusif. Ce féminisme est souvent silencié ou invisibilisé car il entre en contradiction avec le féminisme institutionnel et mainstream aux relents nationalistes et sécuritaires, qui occupe tout l’espace médiatique.

Ainsi, nous luttons contre les violences policières, contre les lois racistes et islamophobes, contre l’homophobie et la transphobie. Nous faisons bloc avec le mouvement féministe, et investissons plus largement le mouvement d’action antifasciste.

En tant que féministes antifascistes, nous reprenons le discours et la rue !

Notes

[1chercheuse féministe marxiste à l’Université Goldsmiths à Londres

[2Il est définit ainsi : « Le fémonationalisme renvoie à la fois à l’exploitation des thèmes féministes par les nationalistes et les néolibéraux dans les campagnes anti-islam (...) et à la participation de certaines féministes à la stigmatisation des hommes musulmans sous la bannière de l’égalité des sexes. Le fémonationalisme décrit ainsi, d’une part, les tentatives des partis de droite et des néolibéraux de faire avancer la politique xénophobe et raciste par la promotion de l’égalité des sexes, et d’autre part, l’implication de diverses féministes dans les représentations de l’Islam comme une religion et une culture misogynes par excellence. » (https://www.contretemps.eu/femonationalisme-islamophobie-neoliberalisme/)]

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