Le samedi 29 mai 2021, le Tessin s’est vu amputer brutalement de son squat le plus emblématique, le CS()A Il Molino, qui hébergeait depuis des dizaines d’années luttes, activités culturelles militantes et hébergement de personnes précaires et/ou “sans-papiers” de Lugano. L’évacuation fait suite à la répression de la manifestation féministe du 8 mars 2021 appelée par le Molino. Depuis, politiciens et médias locaux ont entamé une campagne de délégitimation en vue d’expulser le centre autogéré sous prétexte de paix sociale et d’ordre public. Le message est clair : dans le paradis fiscal de Lugano, il n’y a pas de place pour un Molino qui ne suit pas la règle capitaliste du profit [1]. Pour répondre à cette pression grandissante, une manif de soutien aux espaces autogérés a eu lieu samedi passé et a fini par l’occupation symbolique du bâtiment vide de l’ex-institut Vanoni à Molino Nuovo (29.05.2021) [2]. C’est pendant (!) cette manif que le CS()A Il Molino a été évacué. Pour empêcher toute tentative de réoccupation la partie habitée du bâtiment a été entièrement détruite par des bulldozers. On notera que des flics de toute la Suisse, notamment de Genève, étaient présents pendant l’evac. Auraient-ils peur de perdre la main ? En réponse à l’évacuation et contre la destruction des squats, une manifestation se tiendra ce samedi 5 juin à Lugano , 13h30 Piazza Rivolta.
À Berne, c’est ce lundi (31.05.2021) que s’est ouvert le procès de 16 personnes inculpées suite à l’évacuation d’un squat au 29 Effingerstrasse occupé fin 2016. L’occupation du “Effy 29”, c’est l’occupation politique d’un immeuble appartenant au canton [3] dans le but de créer un lieu d’habitation mais aussi et surtout un espace de rencontres et d’organisation. Après quelques mois de latence les flics débarquent le 22 février 2017 au petit matin en grand nombre (anti-émeutes et forces spéciales) pour évacuer le lieu. Les occupantes se barricadent et résistent, tant et si bien qu’il faudra aux flics toute la journée pour déloger la vingtaine de personnes qui se trouvait à l’intérieur. En parallèle, un gros rassemblement s’agglutine au fil de la journée autour du bâtiment. 3 nuits d’émeutes suivent l’évacuation. 4 ans après, le procès commence et les peines requises par le ministère public vont d’une amende de 180 jours-amendes à une peine de prison ferme de 12 mois. 4 personnes sur 16 risquent d’écoper d’une peine de prison ferme. Une manifestation de soutien aux inculpées du Effy29 a eu lieu ce jeudi (03.06.2021) à Berne. Déterminé, le cortège a battu le pavé sans demander l’autorisation aux autorités. La manif a débuté à la Bahnoffplatz et s’est terminé devant la Reitschuhle avec fumis, banderoles, parapluies et feux d’artifices, le tout accompagné de slogans clairs : abandon de toutes les charges des inculpées du Effy !
En mars 2021, c’est la ZAD de la Colline qui a été évacuée. Plus de 600 policiers, des blindés, des dizaines de camionnettes, de nombreuses motos, des canons à eau, deux hélicoptères et des pelles mécaniques ont été déployées pour l’occasion. La Colline d’Eclépens avait été investie par les militantes depuis octobre 2020 pour empêcher l’entreprise Holcim, cimenterie multinationale connue dans le monde entier pour sa destruction de l’environnement, ses violations des droits de l’homme et des droits du travail et sa coopération avec l’Etat Islamique [4] de la détruire. Depuis, la justice organise la répression : ce lundi (31.05.2021), la legal team de la ZAD a annoncé que des ordonnances pénales (re)commencaient à pleuvoir [5]. Plusieurs personnes ont écopé de peines de prison ferme que ni le retrait de la plainte par Holcim ni la forte mobilisation qui a suivi l’évacuation ne remettent en question. À suivre donc.
La perte de lieux politiques centraux comme le Molino, la multiplication des “cas clairs” dans le canton de Vaud [6] et l’intensité de la répression visant celles qui se font attraper doivent nous alerter mais pas nous décourager. Au contraire, ces magouilles pour nous virer doivent nous redonner l’énergie et la détermination de nous réapproprier des espaces. À Genève, depuis 2007, le squat a été si durement réprimé qu’il en est presque sorti de notre imaginaire politique, sorti du champ des possibles. Pourtant, nous avons vu avec l’occupation de notre maison (Malagnou) et lors du mouvement Prenons la villequ’il était toujours possible d’obtenir des espaces en les occupant ou en refusant de les quitter. Nous continuerons à le faire et nous continuerons à soutenir celles qui font de même partout en Suisse (et dans le monde).
Pour chaque maison évacuée prenons la rue !
Pour chaque maison évacuée ouvrons-en deux !
Il Molino non si tocca !
Effy lebt !
ZAD partout !
Squat partout !
Les habitantes de Malagnou
