Les prisons sont faites à l’image de nos sociétés. Elles sont l’outil répressif d’un État raciste et bourgeois qui enferme, isole et tente de briser les personnes à qui la société n’a pas laissé de place et celles qui refusent d’entrer dans ses schémas étouffants et violents. Iles veulent que la ville soit leur ; une ville de flic.esse.s, de maton.ne.s, de banquier.e.s, de proc, de juge et de politicien.ne.s et utilisent tout leur pouvoir pour enfermer ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, se sont élevé.e.s contre eux, contre leurs valeurs, contre leur monde. Alors qu’iles les appellent « des voleur.euse.s » nous considérons qu’illes redistribuent la richesse que l’élite s’accapare illégitimement. Iles les appellent des « illégaux ». Mais les frontières sont comme les prisons, elles n’existent que pour créer les « autres » et c’est cette distance créée de toute pièce par cette élite et son bras armé qui leur donne l’impression d’être supérieurs. Même si le mot d’ordre de la politique genevoise en matière carcérale est de s’acharner sur les « petits délinquants », iles diront qu’en prison il y a aussi des meurtriers et des violeurs et iles ont raison. Mais, la prison, et c’est triste de devoir le rappeler encore aujourd’hui, ne résout rien. Elle précarise les enfermé.e.s, elle ne répare en rien les victimes ou leur proche ; elle venge, simplement, de façon basse et peu honorable. Bref, vous savez, ces « autres », illes sont des frères, des sœurs, des enfants, des parents, des proches, des amoureux, des amoureuses ce sont des personnes qui comptent dans le cœur de beaucoup de monde et croyez-moi, la roue tournera.
Maudet voulait faire de Porteus une énième prison. Au lieu de ça, des personnes occupent encore aujourd’hui les lieux et y développent des discours et des pratiques en coupure radicale avec le projet d’origine. Maudet, il ne faut pas trop lui en demander ; les prisons c’est à peu près tout ce qu’il sait faire. Mais cette fois, qui sait, il se verra peut-être contraint de lâcher l’affaire. En effet, le 30 août, le Ministère public a saisi le Grand Conseil pour demander l’autorisation de poursuivre Maudet pour le chef d’inculpation « d’acceptation d’un avantage ». Il aurait menti dans son histoire de voyage à Abu Dhabi. Il faut avouer que l’idée qu’il soit peut-être condamné et surtout qu’il soit peut-être forcé de démissionner est d’un certain réconfort. Vas-y Maudet, n’hésite pas, dégage ! Tant d’années passées à détruire la vie de tellement de personnes à la tête d’une police violente et raciste, en maître de l’expansion carcérale, en tant que chef d’un service, l’OCPM, qui expulse impunément, à l’origine du projet de construction du centre fédéral de renvoi prévu au Grand-Saconnex [2], et j’en passe.
Mais cette potentielle démission n’est pas la seule bonne nouvelle de cette dernière semaine. Si Maudet est en ce moment secoué par ce scandale, parallèlement, le projet de construction de la prison des Dardelles – un autre de ses bébé – est tombé à l’eau jeudi passé au Grand Conseil[1]. Les Dardelles c’est la nouvelle prison de 450 places qui devait être construite à côté de Champ-Dollon. Pour justifier un projet d’une telle envergure, Maudet et ses collègues, prétendent que seule cette construction permettrait de désengorger Champ-Dollon, surpeuplée de façon « endémique » nous dit-on. Il n’y a donc pas que sur son voyage que Maudet a menti. On ne nous fera pas croire, que lui, Monsieur tout-sécuritaire, s’inquiète de la surpopulation carcérale dont il est un des principaux responsables. Sans compter que l’on ne sait que trop bien que si une autre prison était construite dans une ville gouvernée par nos dirigeant.e.s, elle ne tarderait pas à être surpeuplée elle aussi. L’enfermement est une décision politique. La surpopulation carcérale actuelle n’est que le résultat de la politique pénale en vigueur qui, elle aussi, a ses coupables.
Je pense à toi
Et une deuxième contribution à ce sujet...
Ben voilà Pierrot, toi qui voulais du concret, on dirait que t’es dans de beaux draps aujourd’hui... Des draps que tu pourrais éventuellement utiliser pour t’évader, si jamais ça tourne vraiment mal pour toi, hein ? C’est tout de même bête, tout ça... Toi qui a tellement œuvré pour l’enfermement des gens, on dirait que c’est le scénario de l’arroseur-arrosé qui se dessine. Au fait, tu sais qu’il y a des jeunes gens qui ont entrepris de construire un monde sans prison à Vernier ? Ça te parle, Pierrot ? Mais non, je blague, parce qu’avec toutes les misères que toi et tes flics leur avez déjà fait par le passé, ça m’étonnerait qu’ils veulent t’y accueillir, mon pauvre. Non, franchement, ce qui me désole dans cette histoire c’est que j’arrive pas à me réjouir complètement, parce que je viens de relire Bakounine et c’est tellement criant de vérité : le malheur des hommes ne vient pas de la forme du gouvernement, mais du fait d’être gouverné... Alors salut Pierrot !
Inamicalement
Anaya.