L’année dernière, le tournoi antiraciste s’est mobilisé contre la construction d’un centre fédéral au Grand-Saconnex, un infâme projet “d’accueil” aux conditions proches de la semi-détention. Le tournoi antiraciste ainsi que plusieurs collectifs et associations sont impliqués dans cette lutte qui est toujours en cours. Pas de centre fédéral au Grand-Saconnex, ni ailleurs !
Suite au triste suicide d’Ali Reza et des mobilisations qui s’en s’ont suivies pour dénoncer les conditions de vies des jeunes migrant.e.s à Genève, il nous a semblé évident de nous rassembler, pour cette seconde édition du tournoi antiraciste, et de porter ainsi les revendications de ces jeunes. Il est essentiel de rappeler que si cette problématique a fait récemment l’actualité, elle n’est pas nouvelle pour autant. Les conditions de précarité et de violence dans lesquelles l’État place ces jeunes durent depuis des années. Toutes les personnes en exil, mineur.e.s ou non, personnes célibataires, familles ou personnes âgées, chacun.e devrait pouvoir vivre sa vie dignement. Nous dénonçons tous discours s’inscrivant dans une logique de catégorisation “du bon” ou “de la bonne” réfugié.e.
La situation des mineur.e.s présente des caractéristiques particulières et appelle donc des actions et des réflexions adaptées. Toutefois, ces jeunes ne sont pas un groupe homogène. Iles ont chacun.e une identité propre, un rythme d’adaptation différent, des envies différentes. La lutte des mineur.e.s et des jeunes adultes non-accompagné.e.s s’inscrit dans une perspective antiraciste. Dans le système mis en place pour répondre aux migrations et aux dynamiques qui les provoquent se manifeste inévitablement des rapports de pouvoir au coeur desquels, le racisme. Dans la continuité logique de l’histoire coloniale des États occidentaux, la politique d’asile de l’État suisse et du canton de Genève participe à la mise à l’écart, à l’isolement, à la criminalisation, à l’enfermement, à l’expulsion et à la mort de personnes non-blanches et, plus particulièrement, de personnes en exil. Leur précarité en fait les cibles de politiques déshumanisantes et racistes. Les politiques migratoires, mises en place de manière transnationale, perpétuent le contrôle et l’exploitation des corps non-blancs. Souvent mise en avant comme seule cristallisation du fait raciste, la discrimination interindividuelle subie n’est qu’une des matérialisation du racisme auquel doivent faire face les personnes en exil. Le Racisme se manifeste dans la quasi-totalité des gestes de l’état et nous l’analysons et le combattons donc comme une oppression systémique et structurelle.
Aujourd’hui, avant même d’être considérées comme des personnes ayant des besoins spécifiques nécessitant une prise en charge socio-éducative particulière, les jeunes qui arrivent en Suisse sont considérés comme indésirables. Les moyens ridicules mis en place pour leur offrir un suivi soi-disant adapté en témoignent.
À son arrivée en Suisse, une personne est, d’une manière ou d’une autre, prise en charge par les institutions (douanes, police, etc). Si elle dit être mineure, elle est conduite au service de protection des mineur.e.s (SPMI). Dès ce moment, leur parole est d’office mise en doute et le fardeau de la preuve leur incombe : c’est à eux et elles de prouver leur minorité et le doute ne leur profite pas. Pour cela, on leur demande de fournir des documents officiels auxquels illes n’ont souvent pas accès parce qu’ils ont été perdus ou parce qu’illes ne les ont jamais eu. Quand une personne arrive et qu’elle présente un de ces documents, il arrive que les autorités en contestent la validité ou qu’elles soupçonnent la personne de ne pas être le détenteur légitime des documents présentés. Le Secrétariat d’État aux migrations peut aussi “recourir à des méthodes scientifiques” (art.7 al.1 OA). Ce sont ces fameux tests médicaux qui seraient censés établir l’âge d’une personne. Parmi ces tests que subissent ces jeunes, il y a “l’expertise d’âge osseux” qui est fortement contestée par l’immense majorité des membres de la communauté médicale et scientifique suisse et européenne. Ces tests ne sont incontestablement pas fiables, pourtant les autorités continuent de les utiliser.
Toutes ces procédures permettent aux autorités de reconnaitre le moins de jeunes possible comme “mineur.e.s”. Ce système les exclut du droit, pourtant fondamental, de bénéficier d’un soutien et de conditions spécifiques liées à leur âge (notamment une curatelle, un logement adéquat et une scolarisation et/ou formation). S’iles sont reconnu.e.s mineur.e.s, iles sont ensuite soumis.e.s à des traitements institutionnels différentiés en fonction du fait qu’ils déposent ou non une demande d’asile.
Les mineur.e.s non-requérant.e.s d’asile sont logé.e.s par le SPMI dans un Hôtel où aucun suivi socio-éducatif n’est mis en place et duquel certain.e.s se sont fait et se font encore renvoyer, se retrouvant ainsi à la rue, sans aucune autre option de relogement. Celles et ceux qui demandent l’asile sont majoritairement placé.e.s au foyer de l’Étoile, géré par l’Hospice général. Or, ces institutions font preuve de graves manquements dans l’encadrement des jeunes.
Ces jeunes dont il est question ainsi que diverses associations et collectifs travaillant autour des questions migratoires à Genève dénoncent cette situation scandaleuse.
La Cour des comptes, qui a notamment pour tâche l’évaluation des politiques publiques, a relevé dans un rapport de février 2018 de graves défauts dans les mesures d’accueil des mineur.e.s. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Ali Reza s’est suicidé et beaucoup de ces jeunes sont en situation psychologique précaire. Illes se retrouvent dans des logements inadaptés, sans aucun suivi socio-éducatif digne en attendant le jour de leur 18 ans. Le jour où les miettes d’aides spécifiques dont iles bénéficient s’arrêteront…
Il n’est plus possible de garder le silence à propos des conditions scandaleuses dans lesquelles Genève “accueille” ces mineur.e.s et jeunes adultes.
- La fermeture du foyer de l’Étoile et la création de foyers à taille humaine (15 personnes max).
- Des permis pour touTEs.
- La possibilité de suivre des formations professionnelles.
- Des formations et une scolarité adaptées à ces jeunes et non l’inverse.
- Une prise en charge dont la durée se détermine en fonction des capacités d’autonomie du ou de la jeune et non pas en fonction de son ou sa majorité légale.
- La fin de la présence intimidante et violente des entreprises de sécurité privée dans les foyers
- Un réel suivi médico-psychologique pour les jeunes qui en ont besoin
- Une prise en charge socio-éducative digne de ce nom
- L’arrêt de la criminalisation de la migration
- L’ouverture de toutes les frontières
Déroulement de la journée du samedi 29 juin :
8h00 : Accueil des participant.e.s
8h45 : Début de la compétition, phase de groupe
12h00-13h30 : Pause de midi, repas
13h30 : Reprise de la compétition, Phase finale
17h : Finale
18h : Remise des prix
19h : Fin des festivités
Durant la journée il aura aussi : sérigraphie, massages, jeux pour enfants, pom-pom-personne, commentaires des matchs, musique et discours ! Le tout prix libre !