Antifascisme - Extrême-droite UDC Manifestation

UDC - Liens avec l’extrême-droite néofasciste

l’UDC tiendra son congrès national à Genève les 17 et 18 mars 2023. Une manifestation aura lieu le deuxième jour du congrès pour s’opposer à la tenue de cet événement. Nous avons souhaité à cette occasion proposer cinq textes pour montrer l’UDC pour ce qu’elle est et combattre le mythe d’un parti proche du peuple et de ses intérêts. Alors qu’on s’inquiète des scores des candidats d’extrême-droite voire fascistes ailleurs dans le monde, nous proposons de regarder de plus près à quoi s’affaire le “premier parti de Suisse” et à quoi ressemble le projet de société il défend.

Genève |

De la théorie...

Appelons un chat un chat : l’UDC est un parti d’extrême-droite.

Bien que l’acronyme soit pour « Union Démocratique du Centre » il ne fait aucun doute que l’UDC est une force politique réactionnaire et conservatrice, libérale sur les questions économiques mais en tout cas pas du « centre ». L’UDC nait au début des années 70 en suisse allemande sous le nom de
« Schweizerische Volkspartei » (SVP), soit le « parti du peuple suisse ».

L’UDC est aujourd’hui le 1er parti de Suisse avec une part électorale de plus de 26%. Si on doit le classer comme un parti d’extrême-droite, il faut par contre faire attention à ne pas tomber dans le piège de traiter l’UDC ou son électorat de « fasciste ». Encore une fois appelons un chat un chat. Le terme fasciste ou néofasciste doit être employé uniquement si il y a derrière une vraie doctrine qui s’inspire des courants fascistes historiques. Il est important de ne pas dénaturer le sens des mots et d’utiliser la bonne terminologie dans chaque contexte.

L’UDC est un parti bourgeois qui n’a aujourd’hui plus rien d’ « agrarien ». Il attire pourtant des dizaines voire des centaines de membres de l’extrême-droite néofasciste sur toute la Suisse. Une analyse de la politique suisse permet de comprendre que l’UDC ne laisse plus beaucoup de place et de champ de manoeuvre à d’autres partis ou mouvements d’extrême-droite. Face à cette situation, beaucoup d’individus issus de l’extrême-droite néofasciste ont fini par être membres voire responsables dans certaines sections du parti, par opportunisme ou pour faire de l’entrisme.

Aujourd’hui l’UDC reste une inspiration et un modèle pour tous les partis et organisations d’extrême-droite en Europe. Les campagnes racistes et islamophobes de l’UDC et leurs affiches ont été reprises par les néonazis allemands du NPD, les phalangistes de « Democracia Nacional », le Front National ou encore récemment par les néonazis suisses allemands de « Junge Tat ».

Il est aussi indéniable qu’aujourd’hui plusieurs membres haut placés de l’UDC participent à banalisation des thèses néofascistes, complotistes et antisémitismes comme le conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor, le député UDC au grand conseil neuchâtelois Niels Rosselet-Christ, le député-suppléant UDC au grand conseil valaisan Damien Raboud, le candidat UDC neuchâtelois au conseil national Yvan Perrin et l’UDC neuchâtelois Jean-Charles Legrix.

L’UDC plus largement contribue à la banalisation du racisme. Cette « libération » de la parole et de la propagande raciste se traduit par des vagues de comportements et d’agressions racistes comme lors des attaques incendiaires contre les centres de requérants d’asile au milieu des années 90’. Dernièrement nous avons pu constater qu’après des provocations faites par les néonazis de « Junge Tat » contre les communautés LGBTQI+, l’UDC et ses conseillers municipaux zurichois se sont engouffrés dans la brèche et se sont fait les relais des néonazis. Les néonazis avaient été encouragés au départ par les déclarations transphobes du ministre UDC Ueli Maurer, à la tête du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.

Plus récement, après que deux femmes aient été agressées par un jeune érythréen dans la gare de Zurich, « Junge Tat » a réalisé une action contre "la violence importée". En parallèle et plus ou moins au même moment, l’UDC diffuse le slogan : "la violence contre les femmes a un nom : les immigrés non-intégrés". Ce qui est intéressant à soulever c’est que ces slogans sont directements inspirés des thèses racistes des identitaires de Némésis.

On peut analyser dans ces deux cas que les néo-nazis et identitaires ont besoin de l’UDC pour légitimer leurs actions comme lors des attaques contre les centres de requérants. En même temps, les néonazis et les identitaires réalisent un travail de « tirailleurs » pour le parti car ils permetent a celui-ci de distinguer ce qui est politiquement acceptable de ce qu’il ne l’est pas. Tout cela sans se salir, en gardant la respectabilité d’un parti bourgeois et en présentant ses politiques comme "modérées" et "rationelles".

Les néo-nazis et identitaires ont besoin de l’UDC pour légitimer leurs actions comme lors des attaques contre les centres de requérants.

Derrière la respectabilité d’un parti bourgeois, l’UDC reste un repaire pour l’extrême-droite néofasciste tant que ça ne gêne pas (trop) l’image du parti. Rien d’étonnant si on se souvient que le "grand" leader du parti, Christophe Blocher, était un soutien du régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud...

Une dernière analyse importante à apporter est que l’UDC a servi d’"incubateur" pour pas mal de groupes néofascistes ces dernières années. En effet, la plus part des membres fondateurs de Résistance Helvétique, Militants Suisses, Némesis ou encore Réveil Romand se sont rencontrés et formés politiquement dans les rangs de l’UDC.

... à la pratique

Voici un rapport non-exhaustif de cas recensés en Suisse romande depuis le début des années 2000. Avec ce rapport nous voulons démontrer les liens entre l’UDC et les mouvements néofascistes :

Début 2000 : Eric Bertinat adhère à l’UDC au début des années 2000 avant de devenir secrétaire général de la section genevoise de l’UDC et membre du comité central de l’UDC-Suisse. Début 2013, il est élu au sein du comité directeur de l’UDC Genève. Pendant les années 80’, Eric Bertinat était un des leaders du parti néofasciste genevois « Vigilance ». En 1987 il avait même invité Jean-Marie Le Pen à Genève. Egalement membre du mouvement catholique traditionaliste, il déclare en 2007 sur la télévision locale genevoise Léman bleu que « les homosexuels n’apportent rien à la société car ils sont incapables de se reproduire ». Il est actuellement secrétaire général de la section genevoise et conseiller municipal.

Début 2000 : Pablo Rapin, le bras droit de Jean-David Cattin (leader de l’antenne genevoise du bloc identitaire) rejoint l’UDC Genève à la suite de la dissolution des « Jeunesses identitaires Genève ». Il est actuellement au PLR ou il est assistant de campagne.

6 octobre 2007 : Pour finir sa campagne raciste « pour le renvoi des étrangers criminels », l’UDC organise une marche sur Berne avec plus de 7’000 sympathisants dont plusieurs centaines de skinheads néo-nazis.

17 octobre 2009 : Dominique Baettig, élu au Conseil national UDC comme représentant du canton du Jura de 2007 à 2011, participe comme invité à la « Convention identitaire 2009 » à Orange, organisée par le Bloc identitaire français avec comme invités le FPÖ autrichien, la Lega italienne, et le Vlaams Belang belge. Dominique Baettig a été le fondateur du groupuscule « nazi-maoïste » la « Lutte du peuple » et son organe « L’Insurgé », qui fusionne avec le « Nouvel ordre social », ainsi que l’éditeur de « Renaissance et Avant-garde » (Bulletin nationaliste-révolutionnaire de Suisse romande) de 1977 à 1981. Il a été élu au Conseil national UDC comme représentant du canton du Jura de 2007 à 2011. Il a accordé plusieurs interviews à « égalité et réconciliation », le site de l’ex-Front National Alain Soral, dont une particulièrement homophobe. Homophobie que l’on retrouve aussi chez le jeune UDC Valaisan Grégory Logean, qui avait qualifié l’homosexualité de « comportement déviant », en 2009. N’oublions pas non plus Jérémy Gardiol, ex-candidat UDC Genève au Grand Conseil qui avait déclaré en 2013 que « l’homosexualité est une maladie ».

18 décembre 2010 : Oskar Freysinger, alors conseiller d’Etat valaisan UDC, participe comme invité aux « Assises contre l’islamisation de l’Europe » organisées à Paris par le bloc identitaire. L’écrivain raciste Renaud Camus était également invité à prendre la parole lors de cet événement. L’auteur de l’attentat terroriste de Christchurch en 2019 avait été influencé par les thèses racistes de Renaud Camus.

23 juin 2012 : Lors de la fête de la musique un groupe de skinheads néonazis attaquent au couteau des personnes autour de la scène de rock alternatif. Un des néonazis est Lucas Tersen, l’ex-mari de Vanessa Inzaghi, militante néonazie membre du groupuscule antisémite « Genève Non Conforme » et membre de l’UDC Genève.

Juillet 2012 : Oskar Freysinger se rend à un rassemblement « anti-tzigane » en Valais avec un public composé de beaufs et de néonazis venus de France voisine, les « Jeunesses Nationalistes ».

2015 : Rémy Delalande, ancien président de l’UDC Morges démissionne pour rejoindre la formation d’extrême-droite "Démocrates Suisses" proche des néofascistes et des nationalistes blancs de « Résistance Helvétique ».

Juin 2015 : Création de « la Pravda.ch » par Joseph Navratil, alors secrétaire de l’UDC Ville de Genève. Ce « média dissident » était une antenne suisse d’ « égalité et réconciliation », l’organisation antisémite française dirigée par Alain Soral. « la Pravda.ch » a publié entre autres des interviews de Jean-Marie Le Pen et du négationiste Robert Faurisson. La même année, Joseph Navratil est expulsé de la section des Jeunes UDC Genève à cause d’une photo sur les réseaux sociaux ou il pose torse nu avec une kalachnikov. Le parti décide de le garder malgré tout.

31 août 2015 : Christophe Blocher et Oskar Freysinger sont invités à Genève par la section genevoise de l’UDC pour un meeting afin de préparer les prochaines élections. Les néo-fascistes de « Kalvingrad Patriote » étaient présents pour faire le service d’ordre non-officiel et intimider les oppossant.e.x.s.

30 mai 2016 : Julien Udressy alias « Artiste Mal Pensant » caricaturiste membre de l’organisation néofasciste « Résistance Helvétique » a été suspendu de son école d’art pour antisémitisme. Il avait par le passé réalisé des affiches pour les Jeunes UDC Valais romand mais aussi pour les "Démocrates Suisses". Gênés, les responsables valaisans du parti n’ont pas voulu reconnaître qu’il était membre alors qu’il est sur des photos d’une soirée organisée par l’UDC de Conthey aux côtés de Jean-Luc Addor, conseiller national UDC. Cela n’a pas pour autant empêché les Jeunes UDC Vaud d’inviter Julien Udressy à leur “Landsgemeinde 2019”.

Fin novembre 2016 : Piero San Giorgio, de son vrai nom Piero Falotti, le business-man survivaliste, proche d’ « égalité et réconciliation » avait été engagé par le département valaisan de la sécurité et de la formation dirigé par Oskar Freysinger, comme consultant dans le cadre de l’inventaire des « risques auxquels le Valais doit se préparer ». Suite à une vidéo ou Piero San Giorgio et le suprémaciste blanc français Daniel Conversano tiennent des propos racistes, le survivaliste perd son poste.

Fin 2017 : Stève Cao est forcé de démissionner de la présidence des Jeunes UDC neuchâtelois et du grand conseil de La Chaux-de-Fonds suite aux révélations sur son tatouage nazi avec la devise de la Schutzstaffel (SS) “Meine Ehre heißt Treue” soit "mon honneur s’appelle fidélité". La vice-présidente des Jeunes UDC Vaud et candidate au conseil national lors des élections fédérales d’octobre 2019, Emmylou Maillard, continue malgré tout d’avoir des contacts avec Stève Cao et de se rendre à son salon de tatouage.

Fin 2018 : Thibault Schaller, membre des Jeunes UDC Vaud, s’affiche à plusieurs reprises avec des t-shirts liés à la scène musicale néonazie ukrainienne. Le 24 novembre 2021, Thibault Schaller se déplace à Genève pour aller provoquer la manifestation antifasciste contre la venue d’Eric Zemmour.

Fin 2019 : Oskar Freysinger participe à l’émission de Henry de Lesquen, ancien haut fonctionnaire français connu pour son appartenance à la Nouvelle Droite, pour son racisme et pour avoir qualifié le rap de "musique nègre".

Fin avril 2020 : Martin Reist, conseiller général UDC de la commune de Sion, président de l’UDC Ville de Sion et délégué du district de Sion au sein de l’UDC Valais Romand ainsi que Victor-Liviu Dumitrescu, ancien candidat UDC au Conseil municipal de Vernier, se réjouissent sur les réseaux sociaux d’une agression de militants néofascistes à Genève sur des jeunes du parti de gauche SolidaritéS.

4 août 2020 : Stéphane Montabert, conseiller communal UDC à Renens a fait l’apologie de des théories conspirationistes « Qanon » sur son blog. Le conseiller communal UDC y qualifie le mouvement conspirationniste d’extrême-droite de « [...] contre-offensive à celle opérée par ces élites pour tenter de normaliser la pédophilie [...] ».

Fin 2020 : Simon Andenmatten, membre des Jeunes UDC Valais et « rédacteur permanent » du journal trimestriel des Jeunes UDC Romands, crée le groupuscule néofasciste « Militants Suisses » et se rapproche des néonazis suisses allemands de « Junge Tat » et ainsi que de Résistance Helvétique. Militants Suisses (MS) a revendiqué sa présence le 20 mars 2021 à la manifestation de coronasceptiques à Liestal. Lors de la manifestation, un petit groupe de contre-manifestant.e.x.s ainsi qu’un photographe se sont fait agresser et menacer de mort par des fascistes de MS. Simon Andenmatten est très proche de Sarah Bottagisio, fondatrice de Némésis Suisse, un mouvement identitaire importé de France. Sarah Bottagisio était également membre de MS ou elle a essayé de faire une section féminine avant de lancer Némésis Suisse.

Fin 2020 : Marion Vergères membre de l’UDC Valais et élue au Conseil général de la commune de Sion avait tenté de défendre le groupuscule de hooligans néonazis "Radikal Sion/Swastiklan Wallis" sur Facebook. Sur les réseaux sociaux elle suit également le groupuscule néonazi suisse-allemand « Junge Tat ».

Été 2021 : Léo Rouvinez, membre des Jeunes UDC Valais Romand et « rédacteur permanent » du journal des Jeunes UDC Romands s’affiche sur les réseaux sociaux avec un tatouage néonazi. Il a fait à plusieurs reprises la promotion du projet musical néo-nazi d’une de ses amies, Naomi Croset, proche de l’organisation terroriste néonazie Blood & Honour C18 (Combat Adolph Hitler).

23 septembre 2021 : Léa Baeriswyl, a fait la Une du Nouvelliste après avoir terminé deuxième au concours romand de carrelage. Léa Baeriswyl est une militante néonazie active, membre des groupuscules néofascistes et identitaires Militants Suisses et Némésis Suisse - en plus des Jeunes UDC Valais Romand qu’elle déclare avoir intégré au mois de mars 2021. Léa Baeriswyl n’est pas la seule membre de MS et de Némésis à être à l’UDC Valais, il y a aussi Sidney Théodoloz et Laurie Pitteloud. Le président des Jeunes UDC Suisse, David Trachsel, affirme que l’idéologie d’un groupe comme Militants Suisses n’est pas compatible avec les Jeunes UDC et que le parti va enquêter. Il s’est pourtant affiché à leurs cotés lors du week-end de l’ascension à des caves ouvertes, tout comme le président des Jeunes UDC Valais Romand Léonard Martin lors de la foire du Valais.

24 novembre 2021 : Peu avant sa conférence sous haute tension à Genève, Eric Zemmour, le polémiste raciste et président du parti néofasciste français "Reconquête", a rencontré plusieurs élus de la place, dont le député libéral-radical Jean Romain ainsi que Eric Bertinat et Yves Nidegger, député UDC au Conseil National. Rappelons au passage qu’avant de rejoindre l’UDC, Yves Nidegger avait été un des rédacteurs du journal du parti néofasciste "Vigilance". Il a également été le responsable suisse de la secte "Moon" jusqu’à son départ en 1994. Cette secte d’origine coréenne est profondément anti-communiste et entretenait des liens avec le Front National de Jean-Marie Le Pen.

18 juin 2022 : Le vice-président de l’UDC Vaud et conseiller communal lausannois Yohan Ziehli a participé à Lausanne à une conférence organisée par le blog d’extrême-droite « La Hallebarde » lors de laquelle sont intervenus le militant néofasciste français Jean-Eudes Gannat et le prêtre catholique intégriste Matthieu Raffray. En 2019, Yohan Ziehli avait remercié le caricaturiste antisémite Julien Udressy pour sa présence à la « Landsgemeinde » des Jeunes UDC Vaud.

11 septembre 2022 : L’UDC Valais invite Uli Windisch, fondateur du site internet d’extrême-droite « Les Observateurs.ch », lors de son assemblée générale. En 2019 il avait été invité par les néonazis de Résistance Helvétique dans leur local à Aigle.

Fin 2022 : Sébastien Thomas, secrétaire des jeunes UDC Genève et député-suppléant UDC au Grand Conseil, se retrouve au milieu d’un scandale pour ses sympathies avec le néonazisme. Sébastien Thomas, était effectivement proche du groupuscule néonazi Kalvingrad Patriote et a participé au lancement du mouvement néofasciste « Réveil Romand » qui n’a jamais vraiment eu d’existence. Aux dernières nouvelles Sébastien Thomas est toujours membre de l’UDC Genève.

Alliance “Tout le monde déteste l’UDC

P.S.

Si toi aussi tu n’aimes pas l’UDC, rendez-vous à la grande manif contre l’UDC et son monde le 18 mars prochain à Genève, départ 15h parc des Cropettes !

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