À l’exception de ce mot distribué dans les boîtes aux lettres du bâtiment le lendemain du drame, il n’existe pour le moment aucune trace publique de cet événement. Ni les médias, ni les organisations actives dans le domaine de l’asile, ne semblent être au courant.
Un mois et demi après l’incendie dans une chambre du foyer de l’Étoile, le 26 janvier dernier, que seuls deux médias avaient évoqué comme un fait divers, c’est le deuxième incident grave dans un bâtiment géré par l’Hospice général.
Chaque fois qu’une telle histoire remonte à la surface, les mêmes questions se posent :
Combien de tentatives de suicide surviennent chaque année dans les foyers d’hébergement sans jamais être évoquées ?
Combien de personnes mortes et gravement blessées durant leur parcours d’asile ?
Combien de cris d’alarme étouffés dans le silence que les institutions et les autorités entretiennent ?
Les mouvements de 2015 contre l’hébergement dans les bunkers et les suivants avaient obligé l’Hospice général à des efforts de communications inédits. Le déclin progressif de la pression politique qu’ils exerçaient a vite relégué ces pratiques au placard.
Quelques mois après la mort d’Ali Reza en mars 2019, les éducateurs du foyer de l’Étoile avaient dénoncé des causes structurelles, l’omerta et les mensonges de leur hiérarchie dans une lettre à la Présidente de la Commission de gestion des affaires sociales du Grand Conseil. Il leur avait été alors interdit de s’exprimer publiquement.
À l’heure où la construction du Centre fédéral de renvoi a débuté à côté de l’aéroport et que ses murs de béton mettront bientôt une distance encore plus infranchissable entre les personnes en exil et les autres habitant.e.x.s de Genève, le silence entretenu autour des conséquences mortifères de la politique d’asile est insoutenable.
Alors, encore une fois, il est nécessaire de demander : que s’est il passé au foyer Rigot le mardi 2 mars 2021 ?
Collectif Silure